"La plante t'envoie parfois le tigre. Il est comme toi, jeune et fougueux, maladroit, la patte large, percluse de griffes. Il saute sur ta poitrine et ton corps s'alourdit. Ton souffle s'éteint presque, tandis qu'il t'emporte, les yeux larges, les babines retroussées. Tu chasses avec lui. Tu t'embusques. A la nuit, ta prunelle s'élargit et la voix qui s'échappe rugissant de ta gorge résonne si loin que tu t'arrêtes parfois, te retournes et ne trouves que toi. Cette empreinte ronde sur le sable de la berge. Ce sang lapé comme un lait chaud. Cette dent vivante, impatiente de percer.