L'Etemmu
Avant de descendre dans les Enfers, le mort se sépare en deux : son cadavre rituellement enterré et son Etemmu (Gedim en sumérien). L’Etemmu correspond à la part divine de l'homme. Insufflée par Enki à l'aide la chair du dieu Wé dans le récit de l’Atrahasis, cette part divine permet à l'homme de travailler pour les dieux. Elle est également sa part immortelle, celle qui survit à la mort de sa partie constituée d'argile.
« De par la chair du dieu, il y aura dans l'homme un esprit
qui le démontrera toujours vivant (après sa mort).
Cet esprit sera là pour le garder de l'oubli. »— Mythe d'Atrahasis
L'historien Tzvi Abush considère que les Mésopotamiens pensent l'Homme formé par trois parties : l'intelligence (temmu) transmise par le sang du dieu Wé (par la réunion du dieu « Wé » et de la « temmu »), la forme humaine (« body soul ») et l’Etemmu ou esprit du mort transmis par le corps du dieu (« death soul »). Le sang du dieu Wé différencie l'humain des choses inertes, lui apporte vie et l'anime. Ce qui tend à amener l’Etemmu à une notion d'âme. Il base son interprétation sur un passage de l'Atrahasis qui fait mention de bruits de tambours qu'il assimile aux battements du cœur. Mais cette interprétation se heurte à l'aspect post-mortem de l’Etemmu — que souligne Jean Bottéro — et se base sur une reformulation du terme « uppu » (« son du tambour » pouvant se rapprocher des battements du cœur) pour lequel aucun argument ne permet d'en rapprocher la signification au sang.
Pour Jean Bottéro, les Mésopotamiens ne cultivent pas encore l'idée de l'âme qui habite et anime le corps. L’Etemmu est plus une sorte de réponse à l'incompréhension du néant, du vide que laisse la personne disparue. L’Etemmu est une sorte de fantôme basé sur le souvenir que les vivants ont du mort. Entre éveil et sommeil, il apparaît sous forme d'ombres ou d'apparitions fugaces. Par ailleurs, ce fantôme peut être rappelé des Enfers par certaines personnes afin d'être interrogé par les vivants et, s'il devient indésirable, son renvoi vers le Grand En-bas devient l'occasion d'un rite d'exorcisme où l’Etemmu qui hante les vivants est, par exemple, confié au dieu Tammuz lors de sa descente annuelle vers les Enfers afin qu'il les guide, en bon berger, vers l'endroit d'où ils ne devraient plus revenir.
Le caractère furtif et immatériel de l’Etemmu rend sa reconnaissance difficile. Si, dans des notes d'exorcismes, l’Etemmu est souvent qualifié de « double du mort », il n'est pas vraiment possible de déterminer s'il possède la même physionomie de son vivant ou s'il est possible de le reconnaître pleinement. Ici, les mythes et les textes d'exorcismes diffèrent presque diamétralement. Si les textes d'exorcisme demandent de nommer le mort avant de réciter une formule magique, il est difficile de savoir par quel critère ce mort est reconnu et, si certains affirment voir un revenant, il est rarement identifié formellement. Un texte d'exorcisme fait, par exemple, état d'un rêveur qui reconnaît son père mais qui, quelques lignes plus loin, doit livrer une liste de personnes pouvant possiblement troubler son sommeil. Les mythes, quant à eux, ne sont pas aussi vagues ; dans l’Épopée de Gilgamesh, le héros recommande à son ami Enkidu de ne pas embrasser ou frapper son épouse et son fils. Ces derniers sont donc supposés reconnaissables. D'autre part, Enkidu remonte des Enfers pour parler à Gilgamesh qui le reconnaît et, même, le touche. De son côté, le roi Ur-nammu reconnaît les anciens prêtres de son clergé et d'anciens souverains venus l’accueillir à son entrée aux Enfers.
(Source: Wikipédia ; sous Licence CC BY-SA 3.0)
Sources - Textes Antiques
♦Livre♦
Lorsque les dieux faisaient l'homme: Mythologie mésopotamienne
75. Après Vie
***45 - Atrahasis/Poème du Supersage/Poème du Très Sage***
537. Matrice: Bêlet-ilî: aide d’Enki pour fournir l'Argile
Sang d'un Dieu pour l'Homme mélangé à l'Argile
Esprit dans l'Homme: survie après la Mort
Sacrifice du Dieu Wê
582. Aide d'Enki
Choix du Dieu Wê a sacrifié pour créer l'Homme
Choix du Dieu pour son Esprit
583. Après Vie de l'Homme: Fantôme quittant le corps
***
♦Textes Antiques♦
45 - Atrahasis (Poème du Supersage)