By Anarkia333 |
-2000
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Gilgamesh, Enkidu et les Enfers relate comment Enkidu est emporté aux Enfers, et Gilgamesh invoque les dieux pour le délivrer, sans succès, Enki demandant cependant au dieu-Soleil de faire revenir le fantôme d'Enkidu un matin, celui-ci conversant alors avec Gilgamesh sur les conditions de vie des morts dans le monde souterrain.

(Source: Wikipédia ; sous Licence CC BY-SA 3.0)

 

BLOG de Olivier F.  "AUTOUR DE GILGAMESH"

Cette composition commence par un prologue mythologique : il y a bien longtemps, peu après que les dieux se sont partagé l’univers, une terrible tempête survint. Alors que le dieu Enki faisait voile vers les Enfers — sans doute pour résider dans l’Abzu, son domaine cosmique —, des grêlons s’amoncelaient au font de son navire tandis que les vagues s’agitaient tout autour de lui. La tempête renversa un arbre sacré sur la rive du fleuve Euphrate. Sortie se promenée, la déesse Inanna ramassa l’arbre et le ramena en sa demeure d’Uruk, où elle le planta et attendit qu’il grandît, impatiente de posséder des meubles fabriqués avec son bois.

L’arbre ayant grandi, il se révèle désormais infesté de créatures du mal et Inanna s’attriste. Elle raconte toute l’histoire au Dieu du Soleil, son frère Utu, mais il ne l’aide pas. Elle répéte ensuite l’histoire au héros Gilgamesh qui s’empare de ses armes et débarrasse le saule de ses vils habitants. Puis il abat l’arbre et donne à Inanna le bois dont elle a besoin pour ses meubles. Avec le bois restant, il fait deux jouets, apparemment une boule et un maillet.

Gilgamesh et les jeunes hommes d’Uruk jouent toute la journée avec ces nouveau jouets. Les hommes sont vite épuisés par tous leurs efforts et leurs femmes ne cessent de leur apporter de l’eau et de la nourriture. Le jour suivant, alors que le jeu est en passe de reprendre, les femmes se plaignent et les jouets tombent dans un trou profond ouvrant vers les Enfers. Gilgamesh ne peut les atteindre et pleure amèrement leur perte.

Son serviteur Enkidu se porte alors volontaire pour aller récupérer les jouets. Gilgamesh le met en garde sur ce voyage vers les Enfers : si Enkidu entend éviter de terribles conséquences quand il sera en présence des ombres des morts, il doit leur montrer un respect approprié, faire preuve de sensibilité et ne pas attirer l’attention. Dans ces Enfers, il sera également soumis à l’atroce spectacle de la déesse Ereshkigal, reine de la mort. D’une pâleur mortelle et prostrée dans un deuil éternel, les vêtement déchirés sur sa poitrine, elle se griffe la chair avec ses ongles et s’arrache les cheveux. Enkidu descend jusqu’aux Enfers mais ignore allègrement les instructions de Gilgamesh. Il y est donc retenu captif et ne peut plus en repartir.

Réalisant avec horreur ce qu’il arrive, Gilgamesh adresse une requête aux dieux. Seul Enki veut bien l’aider. Il demande à Utu, le Dieu du Soleil, d’emporter l’ombre d’Enkidu quand il remonte des Enfers à l’aube. Ainsi réunis pour un temps, Gilgamesh et Enkidu s’étreignent, puis entament une longue série de questions-réponses qui voit Gilgamesh interroger Enkidu sur ce qu’il en est des Enfers.

L’enseignement principal du début du dialogue est que plus un homme a de fils, plus la soif qui étreint son fantôme après la mort sera soulagée. (En Babylonie, en effet, il est de la responsabilité de ceux qui survivent au défunt d’offrir à son ombre des libations régulières et de l’eau fraiche.) Les souffrances des ombres qui n’ont pas d’enfant sont particulièrement intenses, car nul n’existe à la surface de la Terre pour leur faire ces offrandes essentielles.

La discussion concerne ensuite ceux qui ont en commun de ne pas avoir été enterrés dans leur entièreté, parce qu’ils ont été défiguré par la lèpre ou tout autre maladie, ou qu’une mort violente a mutilé leur cadavre. L’horreur particulière d’une telle mort n’est pas tant que le défunt a été enterré partiellement, mais que son invalidité persiste pour l’éternité après la mort. (La révulsion envers le fait de mourir sans la totalité des parties de son corps persiste encore aujourd’hui au Proche-Orient.)

Une version de ce texte adopte également un tonalité morale, évoquant ceux qui ont déshonoré leurs parents, et d’autres qui ont utilisé le nom d’un dieu en vain. Comme eux, de nombreuses ombres vivent une sombre expérience après la mort mais, outre les père de nombreux enfants, d’autres souffrent moins. Ceux qui meurent à un âge avancé jouissent ainsi d’une confortable existence, aussi bénis dans la mort que dans la vie. En compensation de leur triste destin, l’après-vie des enfants morts-nés se déroule dans le luxe. Quant à ceux qui sont morts brûlés vifs, ils disparaissent en fumée et n’existent plus dans le pays des morts (voir à ce sujet dans les commentaires).

Une tradition de copie de ce texte se termine à cet endroit, mais une tablette d’Ur propose une suite qui procure des enseignement plus explicites sur la façon de s’occuper des morts. Enkidu raconte que les ombres des “ fils de Sumer et Akkad ”, et en particulier de Girsu, ont été envahies par les membres de la tribu Amorite. Ces derniers les tiennent à l’écart des lieux des Enfers où les libations et l’eau fraiche sont reçues du monde supérieur, de sorte qu’ils doivent se contenter d’eau viciée. Quand Gilgamesh découvre que les ombres de ses propres ancêtres souffrent de ce triste sort, la honte le pousse à une certaine piété filiale. Dans la conclusion du poème, il est incité à façonner des statues de ses ancêtres, d’instituer des rites de deuil et d’instruire le peuple à de tels rites.

COMMENTAIRES

L’interprétation du destin des morts brûlés vifs peut paraître ambigu. Reprenons le passage selon la traduction de Tournay et Shaffer :

302  « As-tu vu là celui qui a été brûlé par le feu ? — Je l’ai vu là. — Que fait-il ?
303  Son esprit n’existe plus (texte d’Ur : n’habite plus sur la Terre = est aux Enfers ; var. assyr. : dans le pays des morts).
304  Sa fumée est montée dans le ciel. »

Certains auteurs avancent que l’absence de l’ombre de ces défunts aux Enfers est due à l’annihilation totale de leur corps et leur âme, mettant ainsi fin au cycle de la vie et de la mort.
Pour autant, les textes mésopotamiens ne semble pas confirmer la croyance qu’une telle fin mène à un tel résultat. Dans le manuel de diagnostique babylonien, par exemple, les fantômes des brûlés (etem qali) sont bien connus pour menacer les vivants (“ le fantôme d’un brûlé à mort s’est emparé de moi ”, “ la main du fantôme d’un brûlé à mort ”). Le fantôme d’un brûlé à mort est également cité parmi d’autres esprits qui on subit une mort non naturelle dans une incantation d’un rituel d’exorcisme contre les spectres revenants.
En définitive, le message serait donc que les fantômes de ces défunts ne peuvent pas être “évoqués” (appelés) des Enfers pour les offrandes rituelles qui réjouissent les autres ombres. Ils sont dès lors destinés à hanter à jamais les vivants avec leur soif inassouvie et leur faim inextinguible — ce qui fait d’eux les esprits les plus craints de tous revenants. Mourrir brûlé est finalement le pire destin de tous, ce qui constitue le point culminant des révélations d’Enkidu.

La seconde partie du poème sumérien (à partir de la ligne 172) a été traduite en assyrien vers 700 av. J.-C. par le scribe Nabu-zuqup-kena et ajoutée en appendice à la grande épopée akkadienne. Le texte assyrien correspond aux idées qu’on se faisait alors sur l’au-delà. Mais pour Tournay et Shaffer, le traducteur ne devait plus comprendre la première partie, ni la signification de pukku et de mikku.

La Boule (pukku) et le maillet à long manche (mikku) évoqués dans le texte pouvaient en fait servir à un jeu (peut-être rituel) rappelant celui du polo, jeu iranien (d’origine élamite ?). En effet, pukku est un objet rond semblable à une tête. Ce n’est ni un tambour (associé à une baguette), ni un cerceau, ni un cercle, comme cela a pu être avancé. Dans un hymne à Ishtar, qui peut dépendre de ce texte, on dit à la déesse : « Dame de combat, fais que la bataille s’entrechoque comme une boule et un maillet ». Noter aussi qu’en Égypte, le pharaon jetait la balle pour symboliser sa victoire sur les ennemis.
Quant à la chute de la boule et du maillet dans le pays des morts (ligne 164), les auteurs considèrent que le passage demeure obscure, faute d’explication satisfaisante. Est-ce la punition du comportement despotique de Gilgamesh que met en scène un autre passage ?

S’agissant de chevaucher “ à califourchon les jeunes enfants des veuves ” (ligne 154), en effet, il faut comprendre que le géant Gilgamesh moleste les jeunes orphelins sans défense au lieu de les protéger, comme se flattaient de le faire les rois de l’ancien Orient. Il se sert d’eux brutalement comme de montures, à califourchon, pour jouer à une sorte de jeu de polo. Un jeu analogue se retrouve en Abyssinie : l’enfant qui a été frappé par une balle devient « cheval » et prend sur ses épaules celui qui l’a frappé ; ce dernier continue le jeu du haut de son « cheval » ; s’il frappe un autre enfant, c’est ce dernier qui devient « cheval » à son tour.

L’évocation d’Éreshkigal (ligne 200 s. et autres passages) reprend la « Descente d’Inanna aux Enfers » : « Éreshkigal, au lit, malade, sans vêtement jeté sur ses saintes épaules, le cœur (?) aussi peu dilaté (?) qu’une écuelle (sagan), son … disposé auprès d’elle comme un … de cuivre, sa chevelure … rassemblée sur sa tête comme un poireau ! ».

Il est question des démons Namtar, Asakku et Nergal dans la partie assyrienne du § 9. Namtar signifie « coupe-destin » et c’est le vizir des Enfers (Cf. le mythe grec des Parques ; Is 38,12 ; Jb 6,9 ; 7,6.). Asakku, souvent nommé avec Namtar, est le démon de la maladie mortelle. Quant à Nergal, il est appelé rabisu, guetteur tapi en ambuscade pour saisir sa proie. C’est l’un des « sept démons » contre lesquels on récite
beaucoup d’incantations. Gn 4,7 y ferait allusion : « Le péché est tapi [robes] à ta porte ».

S’occuper des mort était une responsabilité essentielle des vivants : être privé d’eau, notamment, était une catastrophe pour les défunts (cf. lignes § 16.9 ou § 17.10). La personne responsable de l’esprit d’un mort (etemmu) s’appelait le paqidu, le « pourvoyeur ». On versait la libation et l’offrande funéraire (kispu) sur un haut lieu (cf. ligne § 16.6) et le « lieu des soupirs » était l’endroit où les parents venaient pleurer leurs enfants (cf. ligne § 16.7). À la ligne 293, la question relative à « celui dont personne ne prend soin » ferait allusion à un événement récent pour le scribe : la mort du roi Sargon II qui périt en 705 dans une expédition à l’est de l’Assyrie et dont le cadavre resta sans sépulture. Par ailleurs, être privé d’eau est une catastrophe pour les défunts (cf. lignes § 16.9 ou § 17.10).

Les Bédouins Amorites sont évoqués à la fin du texte (lignes § 16.8-9, revers) et permettent une forme de datation. Comme ils ont pris le dessus sur les habitants des cités sumériennes, on est donc vers le XXe s., à la fin de la 3e dynastie d’Ur. Vers 2000 av. J.-C., des groupes de habiru vivaient en marge de la société ; de nombreux nomades du pays d’Amurru pénétrèrent par l’ouest en Mésopotamie. Comme dans la tablette I et l’épisode de l’initiation d’Enkidu, le texte jette une sombre lumière sur l’invasion amorite qui devait détruire les villes de Sumer (Girsu, Ur, Agadé, Nippur, Uruk, Eridu, etc.).

 

Les fins de “Gilgamesh, Enkidu et les Enfers”

Il existe plusieurs fins divergeantes de Gilgamesh, Enkidu et les Enfers (GEE). Dans un article qui prend des allures de jeu de piste, les spécialistes Antoine Cavigneaux et Farouk Al-Rawi ont enquêté sur ces différentes versions.

Dans l’article consacré sur ce blog à Gilgamesh, Enkidu et les Enfers (GEE), j’ai choisi de conserver in extenso et sans altération la traduction, les commentaires et les notes de Tournay et Shaffer. Vers la fin du texte, ils proposent déjà diverses versions selon les témoins* disponibles en 1994, à l’époque à de la publication de leur ouvrage (voir Sources documentaires).

Le but de cet article est de présenter l’étude plus tardive de Cavigneaux et Al-Rawi (2000). Elle rend compte notamment des textes de deux nouveaux témoins découverts à Meturan.

 

LES SOURCES

Afin de bien suivre l’exposé des différentes conclusions de GEE, un petit poins sur les différentes sources s’impose. Il existe en fait plus de 70 assemblages ou manuscrits évoquant ce récit, retrouvés à Nippur, Sippar, Ur, Isin, Uruk, Meturan et ailleurs. Il n’est bien sûr pas question de les citer tous ici, mais en voici une sélection (voir le livre de A.R. George pour une liste plus exhaustive).
Dans la suite de l’exposé, j’utiliserai les abréviations communément admises ou établies à dessein (H, U1, M2, etc.).

Sources de Nippur :

H = assemblage de 9 fragments (CBS 15150 + …) (CDLIphoto)
V = HS 1482 + 2502 + 2612 (CDLI)
DD = CBS 13116 + 15360 (CDLIphoto)
Ces trois assemblages nippurites ont la particularité de proposer une fin qui est conservée.

 

Sources d’Ur :

U1 = U 16878 = UET 6/1, 58 (CDLIphoto)
U2 = UET 6/1, 59 (CDLIphoto)
U3 = U 17900 = UET 6/1, 60 (CDLIphoto)

 

Sources de Meturan (Tell Haddad) :

M1 = H 154 (excavation n° Haddad 0154) (CDLI)
M2 = H 157 (CDLI)
Deux fragments découverts lors des fouilles de Tell Haddad, locus II, pièce 30, qui donnent la fin de l’œuvre, mais dans une version qui présente une certaine originalité avec les autres.

LA FIN CLASSIQUE DU TEXTE

Il existe trois témoins de Nippur dont la fin est conservée (témoins H, V et DD). Ils se terminent tous par le destin de celui qui est mort consumé par le feu et dont le fantôme a disparu (baptisé “fpf”, “fantôme parti en fumée”, par les auteurs) :

302 – As-tu vu là celui qui a été brûlé par le feu ? – Je l’ai vu là. – Que fait-il ?
– Son esprit n’existe plus
Sa fumée est montée dans le ciel. »

La fin est donc abrupte, sans doxologie terminale (sauf peut-être dans H). Contrairement à ce que pourrait faire croire la transmission scolaire de presque tous les témoins de la littérature sumérienne, les poètes sumériens ne semblaient donc pas contraints de conclure sur une louange destinée à un dieu ou un héros. À noter que U2 se termine également par une fin abrupte sur le fpf.

Autres épilogues

En revanche, pas de fins abruptes dans un texte de Meturan (M2) et deux textes d’Ur (U1 et U3) : leurs auteurs ont ajouté des épilogues à leur façon, peut-être parce qu’ils sentaient la fin classique incomplète ou insatisfaisante .

M2 ajoute après le fpf un appendice de trois lignes qui fait office de ligne d’appel, de transition vers Gilgamesh et Huwawa. U1 greffe des additions plus considérables, mais qui s’achève aussi sur l’échange de répliques sur le fpf. U3 offre quant à lui un développement encore plus important qui propose une conclusion plus personnelle à Gilgamesh.
(Voir un peu plus bas pour un exposé détaillé de ces épilogues alternatifs.)

En tout état de cause, il ne fait aucun doute que le fpf était la conclusion “classique” de GEE. Cette conclusion semble être un procédé stylistique visant un effet sur l’auditoire : elle laissait au conteur la liberté d’ajouter une nuance pathétique, amplifié par les vocalises ou l’accompagnement musical. D’ailleurs, le terme zag-min qu’on retrouve dans les doxologies classiques peut aussi bien signifier “louange” que “harpe”.
On peut aussi noter que la version akkadienne se termine aussi abruptement que les versions sumériennes, mais cette fois sur les destins les plus cruels : le cadavre abandonné dans la steppe et celui dont personne ne prend soin. Peut-être le poète akkadien a-t-il repris du sumérien le principe d’une conclusion abrupte, mais sur un mode qui lui semblait encore plus grave.

LES ADDITIONS DES TEXTES D’UR

Les Tablette U1 et U2

U1 et U2 conservent le cadre du dialogue entre Gilgamesh et Enkidu, mais U1 ajoute quatre fantômes particuliers (lignes 5′-13′).

Comme dans la version de Tournay et Shaffer, je sépare d’une ligne les blocs de questions-réponses et mets le sujet dont il est question.

Face

1 – Celui qui est tombé du toit, l’as tu vu ? – Je l’ai vu – Comment va-t-il ?
Ses ossements ne peuvent plus être réunis (?)

3 – Celui qu’Iškur a submergé (?) …
Comme un boeuf il est gonflé et mange du fourrage (?).

5 – Le lépreux …
Sa nourriture est à part, sa boisson est à part. Il mange de la nourriture qu’on lui lance (?), il boit de l’eau qu’on lui lance (?),
Il réside à l’extérieur de la ville.

8 – Celui qui ne respectait pas la parole de ses parents …
Ah mon souffle, ah mes membres, ne cesse-t-il de crier.

10 – Celui que la malédiction de ses parents a frappé …
Il est privé d’héritier, son fantôme erre çà et là.

12 – Celui qui a [méprisé] le nom de son dieu …
Son fantôme …

14 – Le fantôme qui n’a personne pour s’occuper de lui …
Les reliquats des plats, les miettes de pain, les déchets de la rue, voilà ce qu’il mange.

Revers

1′ – Les petits enfants morts-nés, qui ne savent pas leur propre nom …
Ils ont un seau (var. une table) d’or et d’argent, plein de miel et de beurre, et ils jouent avec.

3′ – Celui qui a été brûlé …
Sa fumée est montée au ciel, son fantôme ne réside pas aux Enfers (ki).

5′ – Celui qui a prêté serment en abusant les dieux …
A l’endroit des libations funéraires, à l’entrée des Enfers (kur) … frappe, … qui a été bu (?) il mange (?)

7′ – Le «citoyen de Girsu » qui apportait (?) l’eau à ses parents …
Devant chacun d’eux il y a mille Amorrites, son fantôme ne peut frapper (?) ni même faire front.
Les Amorrites au bord du lieu de libations, à l’entrée des Enfers (kur), ils me (?) font passer devant eux (?).

10′ – Le Sumérien, l’Akkadien …
L’eau des fondrières, l’eau troublée, voilà ce qu’ils leur font boire.

12′ – Mon père et ma mère, où sont-ils, les as-tu vus ?
… eux aussi on leur fait boire l’eau des fondrières, l’eau troublée.

(Fin de la tablette)

La tablette U2 s’interrompt quant à elle sur le fpf et introduit les variations suivantes :

Face

– Celui qui frappait le pieux/mât, l’as-tu-vu ? – Comment va-t-il ?
2-3 Oh si quelqu’un pouvait le dire à ma mère. Son flanc arraché …
4 – Celui qui est tombé du toit …
6-7 – Celui que la malédiction de ses parents …
10-11 – Celui qui ne respectait pas (ses parents) …

Revers

– [Le lépreux ?] …
4-5 – Celui qui est tombé au combat …
6-8 Son père et sa mère ne se tiennent pas (?) la tête, son épouse pleure, tandis qu’il repose sur son …
9-10 – Celui qui …

12-14 – Le fantôme qui n’a nul pour s’occuper de lui …
Les reliquats …
– Les petits enfants morts-nés …
– Celui qui a été brûlé …

(Fin de la tablette)

La Tablette U3

On pouvait un temps douter que U3 était un témoin de GEE, mais plusieurs indices semblent bel et bien le confirmer.

Sur l’obvers*, presque effacé et longtemps illisible, il a été en effet confirmé qu’il s’agit bien du dialogue questions-réponses entre Gilgamesh et Enkidu sur la condition des morts qui conclue GEE. Le texte commence par le fantôme de l’homme tombé au combat (cf. § 17).

1 « Celui qui est tombé au combat l’as-tu vu ? »
2 sag-du

Début de U3 obvers [trad. Tournay et Shaffer]

Sur le revers, on pourrait concevoir qu’un tout autre texte que GEE est présent : s’agissant de copies scolaires, il n’y a aucune obligation que les deux faces d’une tablette présentent un même texte. Mais là aussi, des éléments suggèrent que c’est bien le cas.

D’abord, on retrouve en ligne 8 la formule “ Vers le dieu Soleil, quand il sort de son alcôve ”, qu’on observe deux fois dans la version traditionnelle sumérienne de GEE (en ligne 43 et 93)… mais nulle part ailleurs dans l’ensemble des textes de Gilgamesh.
En outre, comme le notaient d’ailleurs Tournay et Schaffer (voir le préambule au § 17), le texte d’U1 se termine sur l’évocation du sort des parents de Gilgamesh :

12′ As-tu vu là mon père et ma mère, autant qu’ils y demeurent ? – Je les ai vus là. – Que font-ils ?
– Les deux parents sont dans ce lieu de mort ; ils boivent de l’eau de ce lieu de carnage, de l’eau trouble. »

Fin de U1 [trad. Tournay et Shaffer]

12′ – Mon père et ma mère, où sont-ils, les as-tu vus ?
… eux aussi on leur fait boire l’eau des fondrières, l’eau troublée.

Fin de U1 [trad. Cavigneaux et Al-Rawi]

Or dans U3, il est justement question pour Gilgamesh d’offrir un kispu*, un repas funéraire, en l’honneur de ses parents… comme une réponse à leur triste sort évoqué précédemment (voir § 17 pour la trad. de Tournay et Shaffer). Voici la traduction de Cavigneaux et Al-Rawi :

1′ … rapportèrent (?) …
ils rapportèrent le …
Les outils, l’équipement, le … , la lance (?) il l’en revêtit (?),
le mit joyeusement dans son palais.
5′ Les garçons et les filles d’Uruk, les notables et les matrones de Kullab
contemplaient celle statue à sa grande joie.
Quand le Dieu-soleil se leva de son reposoir, il se tourna vers lui.
Il lui donna des instructions.
« Ô mon père, ô ma mère, buvez de l’eau décantée ! »
10′ Midi était à peine passé qu’ils touchaient sa couronne (?).
Gilgameš sauta (?) dans la chapelle funéraire.
Le neuvième jour il sauta (?) dans la chapelle funéraire.
Les garçons et les filles d’Uruk, les notables et les matrones de Kullab pleuraient.
Il en fut comme il avait dit,
15′ il repoussa le citoyen de Girsu.
« Ô mon père, ô ma mère, buvez l’eau décantée ! »
Preux Gilgameš, fils de Ninsumuna, ta louange est douce.

Tout semble se passer comme si Gilgamesh, réagissant au discours d’Enkidu, avait repris l’initiative de l’action, renouant du même coup la trame narrative.

En définitive, non seulement U3 pourrait donc bien appartenir à GEE, mais il pourrait en plus marquer une conclusion de ce texte.

 

LES ADDITIONS DES TEXTES DE METURAN

L’originalité des tablettes de Meturan tient au particularités suivantes :

Entre les lignes 221 et 222 de Nippur (voir § 9), la face de M1 ajoute les lignes 9-17. J’ajoute en italique les traductions correspondantes de Tournay et Schaffer :

221 Le cri de protestation (« Aïe, Soleil ! ») aux Enfers le retint.
Le cri vers le dieu Soleil s’empara de lui.

10 Depuis ce jour fatal, et pour sept jours,
son associé (šubur) Enkidu ne revint pas des Enfers.
Le roi se lamentait, ver>ant d’horribles larmes:
« Mon associé (šubur) bien-aimé, mon fidèle compagnon, mon conseiller, l’Enfer l’a pris !
Ce n’est ni le Namtar ni l’Asag qui l’ont pris, c’est l’Enfer qui l’a pris !
15 Ce n’est pas l’intraitable Udug de Nergal qui l’a pris, c’est l’Enfer qui l’a pris !
Il n’est pas tombé comme un homme à la bataille, l’Enfer l’a pris ! »
Il alla d’un bon pas vers l’Ekur, pour trouver Enlil …

222 Gilgameš, le preux, le fils de Ninsumuna,
Gilgamesh, le guerrier, fils de Nin.Sun,
223 se mit en route pour l’Ekur, demeure d’Enlil …
(dirigea ses) pas vers l’Ékur, le temple d’Enlil.

L’insertion complète le texte elliptique de Nippur et donne une plus grande cohérence à la narration, tout en faisant une place à la réaction émotionnelle du héros.
L’ajout inséré à ce même endroit dans la XIIe Tablette de la version akkadienne (voir ce passage au § 9) n’est que partiellement identique : il n’a pas la cheville narrative et débute en reprenant les lignes 200-205 de la version nippourite (§ 8) — ce qui trahit sans doute une dépendance directe. Ces lignes contiennent le topos d’Ereshkigal et sont elle-mêmes empruntées à la Descente d’Inanna.

Une variation stylistique est ajoutée à l’évocation de l’homme qui fut brûlé par le feu. Dans le dialogue entre Gilgamesh et Enkidu, Meturan est souvent plus concis que les autres témoins. La liste est uniformément construite sur le même schéma, toutes les questions étant formulées au mode positif : « as-tu vu ? ». Mais dans la dernière question de M2, c’est cette fois le mode négatif qui est utilisé : « n’as-tu pas vu ? ». La réponse est aussi plus ample et rompt l’uniformité du schéma :

23′ – L’homme qui fut [brûlé] par le feu, ne l’as-tu pas vu ?
Pourquoi, mon ami, ne m’as-tu pas épargné cette question ?
– Pourtant je te l’ai posée, mon ami !
Son ombre [est absente] des Enfers, avec la fumée elle est montée au ciel.

Enfin, M2 semble donner une véritable et étonnante conclusion à l’œuvre. Rappelons déjà ces trois lignes qui méritent d’être décortiquées :

27 Son cœur fut frappé, son poumon mortifié,
28 le roi (lugal) chercha la vie.
29 Le seigneur (en), un beau jour, porta son attention vers le pays du vivant.

En guise de conclusion au dialogue, l’auteur de Meturan semble vouloir l’intégrer dans une structure narrative en usant de citations empruntées par ailleurs :

La ligne 27 rappelle une formule toute faite exprimant le deuil et utilisée dans d’autres textes de Gilgamesh. Par exemple dans Gilgamesh et la Mort :

86 Ne te meurtris pas le sein, ne t’afflige pas le cœur !

120 Ne te meurtris pas le sein ! Ne te frappe pas le cœur!

Et même dans une variation du même texte dans une tablette de Nippur :

16 Ne te meurtris pas le sein, ne t’afflige pas le cœur !

Il s’agit en fait d’une formule rituelle, peut-être la formule de consolation universelle qu’on adressait aux gens frappés d’un deuil, et qu’on retrouve dans presque tous les textes funéraires (voir les Appendices de l’ouvrage Gilgameš et la Mort, cf. Sources documentaires).

La ligne 28 fait partie d’un stock de formules toutes faites concernant Gilgamesh. Ailleurs, on la trouve par exemple sous la forme “ où est Gilgameš, qui chercha à obtenir la vie comme Ziusudra ? ”.

La ligne 29, quant à elle, semble être une suite logique du vers précédent. Mais ce n’est en fait qu’une ligne d’appel : c’est exactement l’incipit de Gilgamesh et Huwawa (GH) version A. Selon Cavigneaux et Al-Rawi, “ la suggestion est limpide : l’expérience déprimante avec le monde des morts a incité Gilgameš à partir en expédition pour la Forêt des Cèdres, en quête d’immortalité ”.

La couture établie entre GEE et GH est grossière si l’on s’en tient à la logique narrative, car Enkidu est bien vivant dans GH. Mais à un niveau plus abstrait, elle est compréhensible : c’est la hantise de a mort qui pousse Gilgameš dans sa quête et, au-delà des épisodes anecdotiques, donne son sens à la légende.

En utilisant une forme de « copier-coler » d’autres sources, la couture de Meturan est mal façonnée à plus d’un titre.

• lugal (“ roi ”) : c’est le titre utilisé ligne 28 de cette couture, ainsi que dans M1 (face, ligne 12). Mais juste après, ligne 29, c’est le terme en — le titre de “ seigneur ”, plus archaïque — qui est rappelé de l’incipit de GH.

• šubur (“ associé ”) : c’est l’ancien titre donné ici à Enkidu, comme dans les textes de Nippur. Alors qu’à Meturan, Enkidu est bien davantage l’ami intime, le conseiller de Gilgamesh (cf. M1, ligne 13), ce qui l’élève déjà au statut qu’il détiendra dans la version akkadienne. Sans doute les version nippourites, plus conservatrices, nous ont-elles gardé une tradition plus archaïque.

En définitive, la version de Meturan est le seul essai connu à ce jour de combiner deux histoires sumériennes de Gilgamesh — Gilgamesh, Enkidu et les Enfers et Gilgamesh et Huwawa — en une sorte d’unité narrative. Même si cette unité fait fi de la chronologie et des événements.

 

(Source : BLOG de Olivier F. "Autour de Gilgamesh")

 

Texte Anglais

Gilgamec, Enkidu and the nether world

 

Version A

1-26. In those days, in those distant days, in those nights, in those remote nights, in those years, in those distant years; in days of yore, when the necessary things had been brought into manifest existence, in days of yore, when the necessary things had been for the first time properly cared for, when bread had been tasted for the first time in the shrines of the Land, when the ovens of the Land had been made to work, when the heavens had been separated from the earth, when the earth had been delimited from the heavens, when the fame of mankind had been established, when An had taken the heavens for himself, when Enlil had taken the earth for himself, when the nether world had been given to Ereckigala as a gift; when he set sail, when he set sail, when the father set sail for the nether world, when Enki set sail for the nether world -- against the king a storm of small hailstones arose, against Enki a storm of large hailstones arose. The small ones were light hammers, the large ones were like stones from catapults (?). The keel of Enki's little boat was trembling as if it were being butted by turtles, the waves at the bow of the boat rose to devour the king like wolves and the waves at the stern of the boat were attacking Enki like a lion.

27-35. At that time, there was a single tree, a single halub tree, a single tree, growing on the bank of the pure Euphrates, being watered by the Euphrates. The force of the south wind uprooted it and stripped its branches, and the Euphrates picked it up and carried it away. A woman, respectful of An's words, was walking along; a woman, respectful of Enlil's words, was walking along, and took the tree and brought it into Unug, into Inana's luxuriant garden.

36-46. The woman planted the tree with her feet, but not with her hands. The woman watered it using her feet but not her hands. She said: "When will this be a luxuriant chair on which I can take a seat?" She said: "When this will be a luxuriant bed on which I can lie down?" Five years, 10 years went by, the tree grew massive; its bark, however, did not split. At its roots, a snake immune to incantations made itself a nest. In its branches, the Anzud bird settled its young. In its trunk, the phantom maid built herself a dwelling, the maid who laughs with a joyful heart. But holy Inana cried!

47-69. When dawn was breaking, when the horizon became bright, when the little birds, at the break of dawn, began to clamour, when Utu had left his bedchamber, his sister holy Inana said to the young warrior Utu: "My brother, in those days when destiny was determined, when abundance overflowed in the Land, when An had taken the heavens for himself, when Enlilhad taken the earth for himself, when the nether world had been given to Ereckigala as a gift; when he set sail, when he set sail, when the father set sail for the nether world, when Enki set sail for the nether world -- against the lord a storm of small hailstones arose, against Enki a storm of large hailstones arose. The small ones were light hammers, the large ones were like stones from catapults (?). The keel of Enki's little boat was trembling as if it were being butted by turtles, the waves at the bow of the boat rose to devour the lord like wolves and the waves at the stern of the boat were attacking Enki like a lion."

70-78. "At that time, there was a single tree, a single halub tree, a single tree (?), growing on the bank of the pure Euphrates, being watered by the Euphrates. The force of the south wind uprooted it and stripped its branches, and the Euphrates picked it up and carried it away. I, a woman, respectful of An's words, was walking along; I, a woman, respectful of Enlil's words, was walking along, and took the tree and brought it into Unug, into holy Inana's luxuriant garden."

79-90. "I, the woman, planted the tree with my feet, but not with my hands. I, {Inana} {(1 ms. has instead:) the woman}, watered it using my feet but not my hands. She said: "When will this be a luxuriant chair on which I can take a seat?" She said: "When will this be a luxuriant bed on which I can lie down?" Five years, 10 years had gone by, the tree had grown massive; its bark, however, did not split. At its roots, a snake immune to incantations made itself a nest. In its branches, the Anzud bird settled its young. In its trunk, the phantom maid built herself a dwelling, the maid who laughs with a joyful heart. But holy Inana cried!" Her brother, the young warrior Utu, however, did not stand by her in the matter.

91-113. When dawn was breaking, when the horizon became bright, when the little birds, at the break of dawn, began to clamour, when Utu had left his bedchamber, his sister holy Inanasaid to the warrior Gilgamec: "My brother, in those days when destiny was determined, when abundance overflowed in the Land, when An had taken the heavens for himself, when Enlilhad taken the earth for himself, when the nether world had been given to Ereckigala as a gift; when he set sail, when he set sail, when the father set sail for the nether world, when Enki set sail for the nether world -- against the lord a storm of small hailstones arose, against Enki a storm of large hailstones arose. The small ones were light hammers, the large ones were like stones from catapults (?). The keel of Enki's little boat was trembling as if it were being butted by turtles, the waves at the bow of the boat rose to devour the lord like wolves and the waves at the stern of the boat were attacking Enki like a lion."

114-122. "At that time, there was a single tree, a single halub tree, a single tree (?), growing on the bank of the pure Euphrates, being watered by the Euphrates. The force of the south wind uprooted it and stripped its branches, and the Euphrates picked it up and carried it away. I, a woman, respectful of An's words, was walking along; I, a woman, respectful of Enlil'swords, was walking along, and took the tree and brought it into Unug, into Inana's luxuriant garden."

123-135. "The woman planted the tree with her feet, but not with her hands. Inana watered it using her feet but not her hands. She said: "When will this be a luxuriant chair on which I can take a seat?" She said: "When will this be a luxuriant bed on which I can lie down?" Five years, 10 years had gone by, the tree had grown massive; its bark, however, did not split. At its roots, a snake immune to incantations made itself a nest. In its branches, the Anzud bird settled its young. In its trunk, the phantom maid built herself a dwelling, the maid who laughs with a joyful heart. But {holy Inana} {(1 ms. has instead:) I, holy Inana,} cried!" In the matter which his sister had told him about, her brother, the warrior Gilgamec, stood by her.

136-150. He {strapped} {(1 ms. has instead:) ......} his ...... belt of 50 minas weight to his waist -- 50 minas were to him as 30 shekels. He took his bronze axe used for expeditions, which weighs seven talents and seven minas, in his hand. He killed the snake immune to incantations living at its roots. The Anzud bird living in its branches took up its young and went into the mountains. The phantom maid living in its trunk left (?) her dwelling and sought refuge in the wilderness. As for the tree, he uprooted it and stripped its branches, and the sons of his city, who went with him, cut up its branches and {bundled them} {(1 ms. has instead:) piled them up}. He gave it to his sister holy Inana for her chair. He gave it to her for her bed. As for himself, from its roots, he manufactured his ball (?) and, from its branches, he manufactured his mallet (?).

151-165. He played with the ball (?) in the broad square, never wanting to stop playing it, and he praised himself in the broad square, never wanting to stop praising himself. {(mss. from Urim add:) The young men of his city were playing with the ball (?).} For (?) him who made the team of the widows' children ......, they lamented: "O my neck! O my hips!" For those that had a mother, the mother brought bread for her son; for those that had a sister, the sister poured water for her brother. As the evening came, he marked the spot where the ball (?) had been placed, and he picked up his ball (?) from in front of him and took it home. But early in the morning as he ...... the place marked, the widows' accusation and the young girls' complaint caused his ball (?) and his mallet (?) to fall down to the bottom of the nether world. {(1 ms. adds:) He could not reach them by .......} He tried with his hand but could not {reach} {(1 ms. has instead:) touch} them, tried with his foot but could not {reach} {(1 ms. has instead:) touch} them.

166-175. At the gate of Ganzer, in front of the nether world, he sat down. Gilgamec wept, crying bitterly: "O my ball (?)! O my mallet (?)! O my ball (?), I am still not satiated with its charms, the game with it has not yet palled for me! If only my ball (?) waited still in the carpenter's house for me! I would treat the carpenter's wife like my own mother -- if only it waited still there for me! I would treat the carpenter's child like my little sister -- if only it waited still there for me! {My ball (?) has fallen down to the nether world -- who will retrieve it for me?} {(1 ms. has instead:) Who will retrieve my ball (?) from the nether world?} {My mallet (?) has fallen down to Ganzer -- who will retrieve it for me?} {(1 ms. has instead:) Who will retrieve my mallet (?) from Ganzer?}"

176-183. His servant Enkidu {answered} {(1 ms. has instead:) said to} {him} {(1 ms. has instead:) Gilgamec}: "My king, you weep; why does your heart worry? Today I shall retrieve your ball (?) from the nether world, I shall retrieve your mallet (?) from Ganzer." Gilgamecanswered Enkidu: " {If today} {(1 ms. has instead:) If} you are going to go down to the nether world, let me advise you! My instructions should be followed. Let me talk to you! {Pay attention to my words} {(1 ms. has instead:) My words should be followed}!"

184-198. "You should not put on your clean garments: they would recognise immediately that you are alien. You should not anoint yourself with fine oil from a bowl: they would surround you at {its} {(1 ms. has instead:) your} scent. You should not hurl throw-sticks in the nether world: those struck down by the throw-sticks would surround you. You should not not hold a cornel-wood stick in your hand: the spirits would feel insulted by you. You should not put sandals on your feet. You should not shout in the nether world. You should not kiss your beloved wife. You should not hit your wife even if you are annoyed with her. You should not kiss your beloved child. You should not hit your son even if you are annoyed with him. The outcry aroused would detain you in the nether world."

199-204. "She who lies there, she who lies there, Ninazu's mother who lies there -- her pure shoulders are not covered with a garment, and no linen is spread over her pure breast. She has fingers like a pickaxe, she plucks her hair out like leeks."

205-220. Enkidu, however, did not heed not his master's words. He put on his clean garments and they recognised that he was alien. He anointed himself with fine oil from a bowl and they surrounded him at its scent. He hurled throw-sticks in the nether world and those struck down by the throw-sticks surrounded him. He held a cornel-wood stick in his hand and the spirits felt insulted by him. He put sandals on his feet. He caused irritation in the nether world. He kissed his beloved wife and hit his wife when he was annoyed with her. He kissed his beloved child and hit his son when he was annoyed with him. He aroused an outcry and was detained in the nether world.

221-229. The warrior Gilgamec, son of Ninsumun, directed his steps on his own to E-kur, the temple of Enlil. He cried before Enlil: "Father Enlil, my ball (?) fell down into the nether world, my mallet (?) fell down into Ganzer. Enkidu went down to retrieve them but the nether world has seized him. Namtar did not seize him, the Asag did not seize him; but the nether world has seized him. The udug demon of Nergal, who spares nobody, did not seize him, but the nether world has seized him. He did not fall in battle on the field of manhood, but the nether world has seized him." Father Enlil did not stand by him in the matter, so he went to Eridug.

230-237. In Eridug he directed his steps on his own to the temple of Enki. He cried before Enki: "Father Enki, my ball (?) fell down into the nether world, my mallet (?) fell down into Ganzer. Enkidu went down to retrieve them but the nether world has seized him. Namtar did not seize him, the Asag did not seize him; but the nether world has seized him. The udugdemon of Nergal, who spares nobody, did not seize him, but the nether world has seized him. He did not fall in battle on the field of manhood, but the nether world has seized him." Father Enki stood by him in this matter.

238-242. He said to the young warrior Utu, the son born by Ningal: "Open a hole in the nether world immediately, and then bring up his servant from the nether world!" He opened a hole in the nether world and brought up his servant with his breeze (?) from the nether world.

243-253. They hugged and kissed. They wearied each other with questions: "Did you see the order of the nether world? -- If only you would tell me, my friend, if only you would tell me!" "If I tell you the order of the nether world, sit down and weep! I shall sit down and weep! ......, which your heart rejoiced to touch, is ......, worms infest it like an old garment (?); like ...... of (?) a crevice, it is full of dust." "Alas!" he said and sat down in the dust.

254-267. "Did you see him who had one son?" "I saw him." "How does he fare?" "He weeps bitterly at the wooden peg which was driven into his wall." "Did you see him who had two sons?" "I saw him." "How does he fare?" "He sits on a couple of bricks, eating bread." "Did you see him who had three sons?" "I saw him." "How does he fare?" "He drinks water from a saddle waterskin." "Did you see him who had four sons?" "I saw him." "How does he fare?" "His heart rejoices like a man who has four asses to yoke." "Did you see him who had five sons?" "I saw him." "How does he fare?" "Like a good scribe he is indefatigable, he enters the palace easily." "Did you see him who had six sons?" "I saw him." "How does he fare?" "He is a cheerful as a ploughman." "Did you see him who had seven sons?" "I saw him." "How does he fare?" "As a companion of the gods, he sits on a throne and listens to judgments."

268-285. "Did you see the palace eunuch?" "I saw him." "How does he fare?" "Like a useless alala stick he is propped in a corner." "Did you see the woman who never gave birth?" "I saw her." "How does she fare?" "Like a ...... pot, she is thrown away violently, she gives no man joy." "Did you see the young man who never undressed his wife?" "I saw him." "How does he fare?" "You finish a rope, and he weeps over the rope." "Did you see the young woman who never undressed her husband?" "I saw her." "How does she fare?" "You finish a reed mat, and she weeps over the reed mat." "Did you see him who had no heir?" "I saw him." "How does he fare?" "Like him who ...... bricks (?), he eats bread." "......?" "I saw him." "How does he fare?" 
7 lines fragmentary or missing

286-303. "Did you see ......?" "His food is set apart, his water is set apart, he eats the food offered (?) to him, he drinks the water offered (?) to him." {(1 ms. adds:) "Did you see him who was eaten by a lion?" "He cries bitterly "O my hands! O my legs!"" "Did you see him who fell down from the roof?" "They cannot ...... his bones."} "Did you see the leprous man?" "He twitches like an ox as the worms eat at him." "Did you see him who fell in battle?" "I saw him." "How does he fare?" "His father and mother are not there to hold his head, and his wife weeps." "Did you see the spirit of him who has no funerary offerings?" "I saw him." "How does he fare?" "He eats the scraps and the crumbs ...... tossed out in the street." "Did you see him hit by a ship's board {(1 ms. adds:) when diving (?)}? How does he fare?" " "Alas, my mother!" the man cries to her, as he pulls out the ship's board ......, he ...... cross beam ...... crumbs." "Did you see my little stillborn children who never knew existence?" "I saw them." "How do they fare?" "They play at a table of gold and silver, laden with honey and ghee." "Did you see him who died ......?" "I saw him." "How does he fare?" "He lies on a bed of the gods." "Did you see him who was set on fire?" "I did not see him. His spirit is not about. His smoke went up to the sky."

 

A version from Urim (UET 6 58)


1-7. "Did you see him who fell down from the roof?" "I saw him." "How does he fare?" "They cannot ...... his bones." "Did you see him who was struck in (?) a flood-storm of (?) Ickur?" "I saw him." "How does he fare?" "He twitches like an ox as the worms eat at him." "Did you see the leprous man?" "I saw him." "How does he fare?" "His food is set apart, his water is set apart, he eats the food offered (?) to him, he drinks the water offered (?) to him. He lives outside the city."

8-19. "Did you see him who had no respect for the word of his mother and father?" "I saw him." "How does he fare?" " "O my body! O my limbs!" he never ceases to cry." "Did you see him who was reached by the curse of his mother and father?" "I saw him." "How does he fare?" "He is deprived of an heir. His spirit roams about." "Did you see him who ...... the name of his god?" "I saw him." "How does he fare?" "His spirit ......." "Did you see the spirit of him who has no funerary offerings?" "I saw him." "How does he fare?" "He eats the scraps and the crumbs ...... tossed out in the street." "Did you see my little stillborn children who never knew existence?" "I saw them." "How do they fare?" "They play at a table of gold and silver, laden with honey and ghee." "Did you see him who was set on fire?" "I did not see him. His smoke went up to the sky. His spirit does not live in the underworld."

20-28. "Did you see him who lied to the gods while swearing an oath?" "I saw him." "How does he fare?" "He drinks ...... which has been drunk ...... the libation place at the entrance (?) to the nether world." "Did you see the citizen of Jirsu who refused (?) water to his father and his mother?" "I saw him." "How does he fare?" "In front of each of them are a thousand Martu, and his spirit can neither ...... nor ....... The Martu at the libation place at the entrance (?) to the nether world ......." "Did you see the citizens of Sumer and Akkad?" "I saw them." "How do they fare?" "They drink the water of the ...... place, muddy water." "Did you see where my father and my mother live?" "I saw them." "How do they fare?" "Both of them drink the water of the ...... place, muddy water."

 

Another version from Urim (UET 6 59)


Segment A

1-9. "Did you see him hit by a ship's board? How does he fare?" " "Alas, my mother!" the man cries to her, as he pulls out ......, he ...... crossbeam ...... crumbs." "Did you see him who fell down from the roof? How does he fare?" "He twitches like an ox as the worms eat at him." "Did you see him who was reached by the curse of his mother? How does he fare?" "He is deprived of an heir. His spirit roams (?) about." "Did you see him who had no respect for the word of his father and his mother? How does he fare?" 
1 line fragmentary 
unknown no. of lines missing

 

Segment B

1-11. "His food is set apart, his water is set apart, he eats the food offered (?) to him, he drinks the water offered (?) to him." "Did you see him who fell in battle? How does he fare?" "His father and mother are not there to hold his head, and his wife weeps." "Did you see him who ......? How does he fare?" "...... from his (?) hand ......." "Did you see the spirit of him who has no funerary offerings? How does he fare?" "He eats the scraps and the crumbs tossed out in the street." "Did you see my little stillborn children who never knew existence? How do they fare?" "They play with a bucket of gold and silver, full of honey and ghee." "Did you see him who was set on fire?" "I did not see him. His spirit is not there. His smoke went up to the sky."

 

A third version from Urim (UET 6 60)


1-10. They returned to Unug, they returned to their city. He entered outfitted with tools and armaments, with an axe and a spear, and deposited them in his palace happily. Looking at the statue, the young men and women of Unug and the old men (?) and women of Kulabarejoiced. As Utu came forth from his bedchamber, Gilgamec (?) raised his head and told them (?): "My father and my mother, drink clean water!" Midday had hardly passed when they touched the statue's (?) crown.

11-16. Gilgamec threw himself down at the place of mourning, he threw himself down for nine days at the place of mourning. The young men and women of Unug and the old men (?) and women of Kulaba wept. As soon as he had said that, he repulsed the citizen of Jirsu. "My father and my mother, drink clean water!"

17. Warrior Gilgamec, son of Ninsumun, sweet is your praise!

 

A version from Me-Turan


Segment A

1-9. ...... surrounded him. He carried ...... and the spirits felt insulted (?) by him. He caused (?) ....... 
1 line fragmentary He kissed his beloved wife, and hit his wife when he was angry with her. He kissed his beloved child, and hit his son when he was angry with him. He aroused an outcry and was detained in the nether world.

10-16. From that fateful day and for seven days his servant, Enkidu, did not come out from the nether world. The king was lamenting, crying bitterly: "My beloved servant, my faithful companion, my counsellor, has been seized in the nether world! Namtar did not seize him, the Asag did not seize him; but he was seized in the nether world. The udug of Nergal who ...... did not seize him, but he was seized in the nether world. He did not fall in battle on the field of ......, but he was seized in the nether world."

17-24. He directed his steps on his own to E-kur, the temple of Enlil. Before Enlil, he ......: "My ball (?) fell down into the nether world, my mallet (?) fell down into Ganzer. But Enkidu, going down to retrieve them, my beloved servant, my faithful companion, my counsellor, was seized in the nether world. Namtar did not seize him, the Asag did not seize him, but he was seized in the nether world. ...... did not seize him, but he was seized in the nether world." 
unknown no. of lines missing

 

Segment B

1-28. "Did you see him who had one son? How does he fare?" "He weeps bitterly ......." "Did you see him who had two sons? How does he fare?" "He sits on ......." "Did you see him who had three sons? How does he fare?" "He drinks water ......." "Did you see him who had four sons? How does he fare?" "His heart is happy {(1 ms. adds:) like a man who has four asses to yoke}." "Did you see him who had five sons? How does he fare?" "Like a good scribe he is indefatigable, he enters the palace easily." "Did you see him who had six sons? How does he fare?" "He is cheerful as a ploughman." "Did you see him who had seven sons? How does he fare?" "As a companion of the gods he sits on a throne and listens to judgments." "Did you see him who had no heir? How does he fare?" "Like (?) ...... he eats bread." 
approx. 3 lines missing

29-51. "Did you see him ......? How does he fare?" "He drinks water ......." "Did you see him ......? How does he fare?" "He ...... as the worms eat at him." "Did you see him who was eaten by a dog? How does he fare?" "He ...... "O my hands! O my legs! O ......!"" "Did you see him hit (?) by the mast of a boat? How does he fare?" " "Alas, my mother" the man cries to her, ...... wooden peg ......, he ...... food, cross beam (?), crumbs ......." "Did you see the woman who never gave birth? How does she fare?" "Like a ...... pot, she is thrown away violently, she ...... nobody." "Did you see the young man who never undressed his wife? How does he fare?" "You finish a reed mat and he weeps over the reed mat." "Did you see the young woman who never undressed her husband? How does she fare?" "You finish a ...... garment and she weeps over the ...... garment."

52-68. "Did you see him who ...... extolled himself? How does he fare?" "He bows down (?) like an ox as the worms eat at him." "Did you see him who fell down from the roof? How does he fare?" "His bones ...... and his spirit ......." "Did you see ......? How does he fare?" "He ......." "Did you see the leprous man? How does he fare?" "His water is set apart, his food is set apart. He ...... the spirits. He lives outside the city." "Did you see my stillborn children who never received a name? How do they fare?" "They play at a table of gold and silver ......." "Didn't you see him who was set on fire?" "Why, my friend, did not you spare this question?" "I asked it, my friend!" "His spirit is ...... from the nether world, it went up to the sky with the smoke (?)."

69-71. His heart was smitten, his insides were ravaged. The king began to search for life. Now the lord once decided to set off for the mountain where the man lives. (These three lines create a transition to 1.8.1.5 Gilgamec and Huwawa (Version A).)

 

Copyright © Black, J.A., Cunningham, G., Fluckiger-Hawker, E, Robson, E., and Zólyomi, G., The Electronic Text Corpus of Sumerian Literature (http://www-etcsl.orient.ox.ac.uk/), Oxford 1998

Texte Français : Pascal Attinger (2015)

BILGAMEš, ENKIDU ET LE MONDE INFERNAL

 

En ces jours, en ces jours lointains,
en ces nuits, en ces nuits reculées,
en ces années, en ces années d’antan,
à l’aube des temps, après que les choses primordiales ont été révélées
et qu’elles ont été cultivées selon toutes les règles de l’art,
après que l’on a goûté au pain dans les sanctuaires du pays
et que les foyers ont été préparés dans les fours du pays,
après que le ciel a été éloigné de la terre,
et la terre délimitée du ciel,
10 après que le renom de l’humanité y a été établi,
quand An eut pris pour lui le ciel,
Enlil la terre,
et que tout ce qui touche au kur eut été offert à Ereçkigala comme leur don,
(alors,) lui s’en étant allé par bateau, s’en étant allé par bateau,
15 le vénérable s’en étant allé par bateau vers le kur,
Enki s’en étant allé par bateau vers le kur,
de petits (grêlons) crépitèrent sur le roi,
de gros (grêlons) crépitèrent sur Enki.
Les petits parmi eux étaient des marteaux,
20 les gros agitaient violemment les roseaux.
Le fond, la barque, celle d’Enki,
ils le recouvrirent: ils étaient des tortues se bousculant.
23 sq. Tels des loups, les flots à la proue du bateau se jetaient à l’envi sur le roi,
25 sq. tels des lions, les flots à la poupe se précipitaient contre (le bateau) au grand dam d’Enki.

En ce temps-là, il y avait un arbre — c’était un chêne —, il y avait un arbre :
après avoir été planté au bord du pur Euphrate
et tandis qu’il s’abreuvait à ses eaux,
30 le puissant vent du sud l’arracha à la racine, lui cassa les branches ;
l’Euphrate l’inonda de ses flots.
Une femme ayant respecté les ordres d’An,
ayant respecté les ordres d’Enlil,
prit l’arbre dans ses mains et l’introduisit à Uruk.
35 On la fit alors entrer dans le jardin florissant d’Innana.
La femme ne planta pas l’arbre avec ses mains, elle le planta avec ses pieds ;
elle n' »immergea » pas l’arbre avec ses mains, c’est avec ses pieds qu’elle le fit.
« Combien de temps faudra-t-il pour que je puisse m’asseoir sur un siège resplendissant fait avec lui ? », dit-elle,
39 « Combien de temps pour que je puisse me coucher sur un lit « florissant » fait avec lui ? »
41 L’arbre devint (si) épais (que même) son écorce ne pouvait plus être fendue.
A sa base, un serpent insensible aux charmes y bâtit (son) nid,
à son faîte, l’oiseau Anzu y installa (ses) petits,
en son centre, Demoiselle-des-souffles y édifia (sa) maison.
45 La jeune femme, (sinon) toujours riante et joyeuse,
la splendide Innana, comme elle pleurait !

Comme le jour pointait et l’horizon s’éclairait,
comme les moineaux se mettaient à gazouiller à l’aurore,
Utu étant sorti de (ses) appartements,
50 sq. sa soeur, la splendide Innana, adressa la parole au preux et juvénile Utu :
« Mon frère, en ces jours lointains, quand furent fixés les destins,
quand des jours d’abondance s’écoulèrent dans le pays,
quand An eut pris pour lui le ciel,
55 Enlil la terre,
et que tout ce qui touche au kur eut été offert à Ereçkigala comme leur don,
(alors,) lui s’en étant allé par bateau, s’en étant allé par bateau,
le vénérable s’en étant allé par bateau vers le kur,
Enki s’en étant allé par bateau vers le kur,
60 de petits (grêlons) crépitèrent sur le roi,
de gros (grêlons) crépitèrent sur Enki.
Les petits parmi eux étaient des marteaux,
les gros agitaient violemment les roseaux.
Le fond, la barque, celle d’Enki,
65 ils le recouvrirent : ils étaient des tortues se bousculant.
66 sq. Tels des loups, les flots à la proue du bateau se jetaient à l’envi sur le roi,
68 sq. tels des lions, les flots à la poupe se précipitaient contre (le bateau) au grand dam d’Enki.
70 En ce temps-là, il y avait un arbre — était-ce un chêne ? était-ce un buis ? — :
après avoir été planté au bord du pur Euphrate
et tandis qu’il s’abreuvait à ses eaux,
le puissant vent du sud l’arracha à la racine, lui cassa les branches ;
l’Euphrate l’inonda de ses flots.
75 Moi, une femme ayant respecté les ordres d’An,
ayant respecté les ordres d’Enlil,
je pris l’arbre dans mes mains et l’introduisis à Uruk.
On me fit alors entrer dans le jardin florissant de la splendide Innana.
Moi, la femme, ne plantai pas l’arbre avec mes mains, je le plantai avec mes pieds ;
80 moi, la femme, n' »immergeai » pas l’arbre avec mes mains, c’est avec mes pieds que je le fis.
« Combien de temps faudra-t-il pour que je puisse m’asseoir sur un siège resplendissant fait avec lui ? », dis-je,
« Combien de temps pour que je puisse me coucher sur un lit « florissant » fait avec lui ? »
Après (à peine) cinq ans, (à peine) dix ans,
l’arbre était devenu (si) épais (que même) son écorce ne pouvait plus être fendue.
85 A sa base, un serpent insensible aux charmes y bâtit (son) nid,
à son faîte, l’oiseau Anzu y installa (ses) petits,
en son centre, Demoiselle-des-souffles y établit (son) repaire ».
La jeune femme, (sinon) toujours riante et joyeuse,
la splendide Innana, comme elle pleurait !
89a Après que sa soeur lui eut (ainsi) parlé,
90 le preux et juvénile Utu ne l’assista pas dans cette affaire.

91 Comme le jour pointait et l’horizon s’éclairait,
comme les moineaux se mettaient à gazouiller à l’aurore,
Utu étant sorti de ses appartements,
sa soeur, la splendide Innana,
95 adressa la parole au preux Bilgameš :
« Mon frère, en ces jours lointains, quand furent fixés les destins,
quand des jours d’abondance s’écoulèrent dans le pays,
quand [An] eut pris pour lui le ciel,
[Enlil] la terre,
100 et que tout ce qui touche au kur eut été offert à Ereçkigala comme leur don,
(alors,) lui s’en étant allé par bateau, s’en étant allé par bateau,
le vénérable s’en étant allé par bateau vers le kur,
Enki s’en étant allé par bateau vers le kur,
de petits (grêlons) crépitèrent sur le roi,
105 de gros (grêlons) crépitèrent sur Enki.
Les petits parmi eux étaient des marteaux,
les gros agitaient violemment les roseaux.
Le fond, la barque, celle d’Enki,
ils le recouvrirent : ils étaient des tortues se bousculant.
110 sq. Tels des loups, les flots à la proue du bateau se jetaient à l’envi sur le roi,
112 sq. tels des lions, les flots à la poupe se précipitaient contre (le bateau) au grand dam d’Enki.
En ce temps-là, il y avait un arbre — était-ce un chêne ? était-ce un buis ? — :
115 après avoir été planté au bord du pur Euphrate
et tandis qu’il s’abreuvait à ses eaux,
le puissant vent du sud l’arracha à la racine, lui cassa les branches ;
l’Euphrate l’inonda de ses flots.
Moi, une jeune femme ayant respecté les ordres d’An,
120 ayant respecté les ordres d’Enlil,
je pris l’arbre dans mes mains et l’introduisis à Uruk.
On me fit alors entrer dans le jardin florissant de [la splendide] Innana.
Moi, la femme, ne plantai pas l’arbre avec mes mains, je le plantai avec mes pieds ;
moi, la femme, n' »immergeai » pas l’arbre avec mes mains, c’est avec mes pieds que je le fis.
125  » Combien de temps faudra-t-il pour que je puisse m’asseoir sur un siège resplendissant fait avec lui ? « , dis-je,
 » Combien de temps pour que je puisse me coucher sur un lit « florissant » fait avec lui ?  »
Après (à peine) cinq ans, (à peine) dix ans,
l’arbre était devenu (si) épais (que même) son écorce ne pouvait plus être fendue.
A sa base, un serpent insensible aux charmes y bâtit (son) nid,
130 à son faîte, l’oiseau Anzu y installa (ses) petits,
en son centre, Demoiselle-des-souffles y édifia (sa) maison ».
La jeune femme, (sinon) toujours riante et joyeuse,
la splendide Innana, comme elle pleurait !
Après que sa soeur lui eut (ainsi) parlé,
135 le preux Bilgameš l’assista dans cette affaire.

Il sangla à sa taille un ceinturon de 50 mines —
50 (mines) n’étaient pour lui que 30 sicles !
138 sq. Il empoigna sa hache, celle pour les campagnes, (une arme) de sept talents et sept mines.
140 A la base (de l’arbre), il abattit le serpent insensible aux charmes,
à son faîte, l’oiseau Anzu prit ses petits et s’enfonça dans la montage,
en son centre, Demoiselle-des-souffles leva le camp :
(tous trois) s’enfuirent dans des lieux désolés.
L’arbre, il l’arracha à la racine, il en cassa les branches.
145 Les citoyens de sa ville, qui étaient venus avec lui,
coupent ses branches et en font des fagots.
Il les donne à la splendide Innana pour son siège,
il les lui donne pour son lit.
Pour lui, il se fait avec son tronc une boule,
150 il se fait avec ses branches un maillet.
Lui qui désirait depuis toujours une boule, joue à la boule dans les largesrues,
lui toujours prêt à se vanter, se vante dans les larges rues.
153 sq. Comme lui, il chevauche la troupe (des) enfants des veuves,
155 « Oh, ma nuque, oh, mes hanches », se lamentent-ils.
Celui qui a une mère : elle apporte à manger à son enfant ;
celui qui a une soeur : elle apporte à boire à son frère.

A l’approche du crépuscule,
ayant marqué l’endroit où se trouvait sa boule,
160 il la prit, la serrant contre lui, et l’apporta chez lui.
Au petit matin, comme il (recommençait à) chevaucher là où il avait fait une marque,
à la suite des accusations des veuves
et des appels à Utu des jeunes filles,
sa boule et son maillet tombèrent au fond du kur.
165 Il avança la main vers eux, mais ne les atteignit pas.
Il avança le [pied] vers eux, mais ne les atteignit pas.
Il s’assit à la porte Ganzir, en face du kur.
Les larmes montent aux yeux de Bilgameš, il sanglote :
« Oh ma boule, oh mon maillet,
170 ma boule dont je n’avais pas encore tiré tout le plaisir,
mon jeu dont je ne m’étais pas encore rassasié.
Si seulement ma boule s’était trouvée alors tout près de moi dans la maison du charpentier,
si seulement l’épouse du charpentier s’était trouvée tout près de moi comme ma propre mère,
si seulement l’enfant du charpentier s’était trouvé tout près de moi comme ma petite soeur !
175 Ma boule est tombée dans le kur, qui me la rapportera ?
Mon maillet est tombé dans le Ganzir, qui me le rapportera ? »
Son serviteur Enkidu lui répondit :
« Mon maître, comme tu pleures ! Pourquoi te tortures-tu le coeur ?
Moi, aujourd’hui, je vais te rapporter ta boule du kur,
180 je vais te rapporter ton maillet du Ganzir ! »

Bilgameš répondit à Enkidu :
« Si tu descends aujourd’hui dans le kur,
je veux te donner un conseil, puisses-tu te pénétrer de mon conseil !
Je veux te dire quelque chose, prête attention à mes paroles !
185 Ne revêts pas ton vêtement propre,
(les morts) ne doivent pas reconnaître que tu es un étranger.
Ne te oins pas de l’huile parfumée d’une fiole,
à cause de ce parfum, ils ne doivent pas faire cercle autour de toi !
Ne frappe (personne) avec un ‘bois recourbé’ dans le kur,
190 ceux qui ont été touchés par le ‘bois recourbé’ ne doivent pas faire cercle autour de toi !
Ne prends pas de bâton manu dans la main,
les esprits trembleraient devant toi.
Ne mets pas de sandales à tes pieds,
n’ébranle pas (ainsi) le kur !
195 N’embrasse pas la femme que tu aimes,
ne frappe pas la femme que tu détestes,
n’embrasse pas le fils que tu aimes,
ne frappe pas le fils que tu détestes,
car l’appel à la justice se saisirait de toi dans le kur ».
200 Elle qui est couchée, elle qui est couchée,
la mère de Ninazu qui est couchée :
aucun vêtement ne recouvre son splendide giron,
aucune étoffe de lin ne cache sa pure poitrine.
Elle a [des doigts] comme une houe,
205 elle arrache [ses cheveux] comme [des poireaux (?)].

Enkidu ne fit pas attention aux paroles de son maître.
Il revêtit son vêtement propre.
et (les morts) reconnurent qu’il était un étranger.
Il se oignit de l’huile parfumée d’une fiole,
210 et à cause de ce parfum, ils firent cercle autour de lui.
Il frappa quelqu’un avec un ‘bois recourbé’ dans le kur,
et ceux qui avaient été touchés par le ‘bois recourbé’ firent cercle autour de lui.
Il prit un bâton de bois manu dans la main,
et les esprits tremblèrent devant lui.
215 Il mit des sandales à ses pieds,
et ébranla (ainsi) le kur.
Il embrassa la femme qu’il aimait,
il frappa la femme qu’il détestait,
il embrassa le fils qu’il aimait,
220 il frappa le fils qu’il détestait,
et l’appel à la justice se saisit de lui dans le kur.

Le héros Bilgameš, le fils de Ninsumuna,
se rendit seul vers l’Ekur, vers le temple d’Enlil.
Devant Enlil, il versa des larmes :
225 « Vénérable Enlil, ma boule est tombée dans le kur, mon maillet est tombé dans le Ganzir.
J’ai envoyé Enkidu pour les remonter, mais le kur l’a saisi.
Ce n’est pas Namtar qui l’a saisi, ce n’est pas un asag qui l’a saisi, le kur l’a saisi.
Il n’est pas tombé comme un homme à la bataille, le kur l’a saisi.
Ce n’est pas le spectre de Nergal qui n’épargne personne qui l’a saisi, le kurl’a saisi ».

230 Le vénérable Enlil ne l’assistant pas dans cette affaire, il s’en alla à Eridu.Il se rendit seul à Eridu, vers le temple d’Enki.
Devant Enki, il versa des larmes:
« Vénérable Enki, ma boule est tombée dans le kur, mon maillet est tombé dans le Ganzir.
J’ai envoyé Enkidu pour les remonter, mais le kur l’a saisi.
235 Ce n’est pas Namtar qui l’a saisi, ce n’est pas un asag qui l’a saisi, le kurl’a saisi.
Il n’est pas tombé comme un homme à la bataille, le kur l’a saisi.
Ce n’est pas le spectre de Nergal qui n’épargne personne qui l’a saisi, le kurl’a saisi ».

Le vénérable Enki l’assista dans cette affaire.
Il adressa la parole au preux et juvénil Utu, enfanté par Ningal :
240 « Maintenant, après qu’on aura percé une ouverture dans le kur,
fais remonter du kur son serviteur ! »
On perça pour lui une ouverture dans le kur
afin qu’il puisse faire remonter du kur son serviteur grâce à l’esprit des songes.
Le prenant dans les bras, il l’embrassa.

245 Ils se pressent de questions.
(245a « Ne voudrais-tu pas me les dire, mon ami, ne voudrais-tu pas me les dire ? »)
246 « Tu as vu les ordonnances du kur —
Ne voudrais-tu pas me les dire, mon ami, ne voudrais-tu pas me les dire ?
— Si je dois te révéler les ordonnances du kur,
toi, assieds-toi et pleure ! — Moi, je vais m’asseoir et pleurer !
250 — Après qu’elle avait touché [(ton) pénis], ton coeur s’en était réjoui.
Elle avait dit: ‘Tu vas aller/Je vais aller vers […].
[Sa vulve (?)est devenue (maintenant) la proie de la vermine comme …
c’est la poussière qui la remplit comme une crevasse ».
Le seigneur dit « Hélas! » et s’assit dans la poussière.
(254a « Ne voudrais-tu pas me les dire, mon ami, ne voudrais-tu pas me les dire ? »)

255 « Celui qui avait un enfant, l’as-tu vu ? — Je l’ai vu. — Comment est-il traité ?
— Un clou est enfoncé dans (son) mur, ce qui le fait gémir amèrement.
— Celui qui avait deux enfants, l’as-tu vu ? — Je l’ai vu. — Comment est-il traité ?
— Il est assis sur deux briques et mange du pain.
— Celui qui avait trois enfants, l’as-tu vu ? — Je l’ai vu. — Comment est-il traité ?
260 — Il boit de l’eau à une outre (pendue) au crochet (fixé à la selle).
— Celui qui avait quatre enfants, l’as-tu vu ? — Je l’ai vu. — Comment est-il traité ?
— Comme quelqu’un attelant quatre ânes, son coeur est réjoui.
— Celui qui avait cinq enfants, l’as-tu vu ? — Je l’ai vu. — Comment est-il traité ?
— Ayant ‘ouvert les bras’ comme un bon scribe, c’est dans le palais qu’il entre d’un pas sûr.
265 — Celui qui avait six enfants, l’as-tu vu ? — Je l’ai vu. — Comment est-il traité ?
— Comme quelqu’un attelant une charrue, son coeur est réjoui.
— Celui qui avait sept enfants, l’as-tu vu ? — Je l’ai vu. — Comment est-il traité ?
— Il est assis sur un siège juste derrière les dieux et écoute les procès.
— Celui qui n’avait pas d’héritier, l’as-tu vu ? — Je l’ai vu. — Comment est-il traité ?
270 — Il mange du pain (qui est) comme une ‘brique de poutre‘.
— L’eunuque, l’as-tu vu ? — Je l’ai vu. — Comment est-il traité ?
— Comme un bâton alala qui a été incisé, il est appuyé dans le coin qui (lui) est échu.
— La femme infertile, l’as-tu vue ? — Je l’ai vue. — Comment est-elle traitée ?
— Comme un pot …, elle git sur le côté, elle ne réjouit plus personne.
275 — Le jeune homme qui n’a pas dénudé le giron de son épouse, l’as-tu vu ? — Je l’ai vu. — Comment est-il traité ?
276 N22 : — Il a achevé une corde [faite] main et verse des larmes [amères] sur celle-ci.
N49 : — Il achève [(un tissu) plié en trois], versant des larmes sur celui-ci.
Me2 : — Il tient des roseaux ‘travaillés à la main’, versant des larmes sur eux.
277 — La jeune femme qui n’a pas dénudé le giron de son époux, l’as-tu vue ? — Je l’ai vue. — Comment est-elle traitée ?
278 N22 : — Elle a achevé des roseaux [‘travaillés] à la main’ [et verse des larmes amères] sur eux.
N49 : — Elle achève des roseaux ‘travaillés à la main’ et verse des larmes amères sur eux.
M22 : — Elle tient un tissu plié en trois, versant des larmes amères sur celui-ci.
279 — Celui qui a été dévoré par un lion, l’as-tu vu ? — Je l’ai vu. — Comment est-il traité ?
280 — « Ah ! mes mains, ah ! mes pieds », dit-il amèrement.
— Celui qui est tombé du toit, l’as-tu vu ? — Je l’ai vu. — Comment est-il traité ?
— Ses os, on ne les a pas soignés.
— Celui qu’Iškur a renversé, l’as-tu vu ? — Je l’ai vu. — Comment est-il traité ?
— Il mugit comme un boeuf, il est mangé de vermine.
285 — L’homme (malade de) la saharšuba, l’as-tu vu ? — Je l’ai vu. — Comment est-il traité ?
— Il mugit comme un bœuf, il est mangé de vermine.
286a — Sa nourriture est à part, sa boisson est à part. Il mange des aliments qu’on lui tend, il boit des boissons qu’on lui tend, il réside à l’extérieur de sa ville.
— Celui qui est tombé au combat, l’as-tu vu ? — Je l’ai vu. — Comment [est-il traité] ?
288 — , sa mère ne soutient pas sa tête, son épouse verse des larmes sur lui, son cadavre repose dans la steppe.
289a Celui qui […], l’as-tu vu ? Comment est-il traité ?
289b […] …
290 — Le fantôme qui n’a personne qui lui fasse des offrandes, l’as-tu vu ? — Je l’ai vu. — Comment est-il traité ?
— Grattant (le fond des casseroles), il mange des morceaux de pain et des … jetés dans la rue.
— Celui qui enfonçait des poteaux d’amarrage, l’as-tu vu ? — Je l’ai vu. — Comment est-il traité ?
— « Oh! si on pouvait le rapporter à ma mère ! » (, dit-il). Après que quelqu’un a arraché un poteau d’amarrage, l’eau se déverse sur lui.
Il accumule les ‘têtes de bois’ : (ce sont) ses morceaux de pain.
295 — Celui qui ne respectait pas les paroles de sa mère et de son père, l’as-tu vu ? — Je l’ai vu. — Comment est-il traité ?
— L’eau (de) pluie durant une année …, il ne s’arrêtera pas crier.
— Celui que la malédiction de sa mère et de son père a frappé, l’as-tu vu ? — Je l’ai vu. — Comment est-il traité ?
— Il est privé d’héritier, son fantôme erre çà et là.
— Celui qui a discrédité le nom de son dieu, l’as-tu vu ? — Je l’ai vu. — Comment est-il traité ?
300 — Son fantôme mange une nourriture amère et boit de l’eau saumâtre.
— Celui qui est mort par la volonté de son dieu, l’as-tu vu ? — Je l’ai vu. — Comment est-il traité ?
— Il est couché dans le lieu de repos des dieux.
— Les petits morts-nés, qui ne connaissent pas leur propre nom, les as-tu vus ? — Je les ai vus. — Comment sont-ils traités?
— A une table d’or et d’argent, ils se régalent de sirop et de beurre.
305 — Celui qui a été brûlé, l’as-tu vu ? — Je ne l’ai pas vu.
Son [fantôme] n’est pas là, sa fumée est montée au ciel.

Ur4 rev. 6′ sqq.

rev. 6′ sq. Celui (qui), trompant les dieux, a prêté serment, l’as-tu vu ? — Je l’ai vu. — Comment est-il traité ?
— À l’endroit des libations funéraires, au sommet du kur, […] …, il boit sans pouvoir étancher sa soif.
rev. 9′ sq. — Le citoyen de Girsu … de/à son père et sa mère, l’as-tu vu ? — Je l’ai vu. — Comment est-il [traité] ?
— Devant chacun d’eux, il y a mille Amorrites. Son fantôme ne peut ni les repousser de la main, ni les bousculer avec la poitrine.
À l’endroit des libations funéraires, au sommet du kur, les Amorrites m’ont pris devant eux.
— Le Sumérien et l’Akkadien, les as-tu vus ? — Je les ai vus. — Comment sont-ils traités ?
— Ils boivent l’eau trouble du kilula.
rev. 15′ — Mon père et ma mère, où séjournent-ils ? L’as-tu vu ? — Je l’ai vu.
rev. 16′ Tous [deux] boivent l’eau du kilula […].

Ur6 rev.

1′ […]
Ils rapportent/font retourner […],
ils les rapportent/font retourner vers leur ville.
Il s’équipa des outils, de l’arme a(n)kara, de la hache et de la lance,
5′ il plongea son palais dans une très grande joie.
Les hommes et les femmes d’Uruk, les notables et les matrones de Kulaba
contemplaient cette statue, on était en liesse.
Lorsque Utu sortit de ses appartements, (Bilgameš) … la tête, la leva (vers lui),
et lui remit le message suivant :
10′ « Ô mon père, ô ma mère, buvez de l’eau claire ! »
Il n’était pas même midi, …, on en était encore à tisser pour elle (la statue ?) une couronne
que Bilgameš se précipita dans le kihulu.
Le neuvième jour, il se précipita dans le kihulu.
Les hommes et les femmes d’Uruk, les notables et les matrones de Kulaba versaient des larmes.
15′ A peine avait-il parlé
qu’il bouscula le(s) citoyen(s) de Girsu.
« Ô mon père, ô ma mère, buvez de l’eau claire ! »
Preux Bilgameš, fils de Ninsumuna, il est doux de te louer.

 

(Source: Traduction de Pascal hattinger, sur BLOG de Olivier F. "Autour de Gilgamesh")
(Source : 
Bilgameš, Enkidu et le monde infernal (1.3.1) - Pascal Attinger, 2008-2009 ; actualisé en 2019)

Texte Français : Tournay-Shaffer (1994)

GILGAMESH ET LE PAYS DES MORTS

1. Le dieu Enki vogue vers le pays des morts

1 En ces jours-là, ces jours lointains,
en ces nuits-là, ces nuits révolues,
en ces années, ces années lointaines,
anciennement, quand tout ce qu’il fallait faire eut été fait,
5 anciennement, quand tout ce qu’il fallait faire eut été fait avec soin,
quand le pain fut savouré dans les demeures du pays,
quand les fours du pays se furent mis au travail,
quand les cieux furent séparés de la terre,
quand la terre fut détachée des cieux,
10 quand le renom de l’humanité se fut raffermi,
quand Anu eut pris pour lui les cieux,
quand Enlil eut pris pour lui la terre,
et qu’il l’eut donnée en présent de noces à Éreshkigal, pays des morts 1 ;

quand il vogua, quand il vogua,
15 quand le Père vogua vers le pays des morts,
quand Enki vogua vers le pays des morts … ,
pour le roi, les éléments les plus petits s’élançaient,
pour Enki, les éléments les plus grands s’élançaient 2.
De petites vagues, comme des moulins à main,
20 de grosses vagues, comme des pierres de meule 3,
sur la quille du bateau d’Enki
se déversaient comme une ruée de tourterelles 4.
Pour le roi, à la proue du bateau,
les eaux écumaient comme un loup dévorant ;
25 pour Enki, à la poupe du bateau,
les eaux s’élançaient comme un lion.

Notes § 1 : 1. Allusion à un mythe perdu. 2. Trait théophanique du dieu Enki, seigneur des eaux abyssales : les flots se soulèvent à son passage. 3.Traduction incertaine. 4. Il pourrait s’agir ici de mouettes.

2. La déesse Inanna transplante l’arbre sacré à Uruk

En ce temps-là, il y avait un certain arbre, le huluppu 1,
un certain arbre planté au bord du pur Euphrate,
s’abreuvant aux eaux de l’Euphrate.
30 Le vent du sud arrachait ses racines, cassait ses branches ;
l’Euphrate le heurtait de ses eaux.
Une femme, respectant l’ordre d’Anu, se promenait ;
respectant l’ordre d’Enlil, elle se promenait.
Elle prit l’arbre dans ses mains et l’introduisit dans Uruk.
35 Là, elle l’apporta dans le jardin sacré de la déesse Inanna.
La femme ne soigna pas l’arbre avec sa main, mais le planta seulement avec son pied ;
la femme n’arrosa pas l’arbre avec sa main, mais le planta seulement avec son pied en disant :
« Combien de temps faudra-t-il pour qu’il y ait là un siège sacré pour m’y asseoir ? », demande-t-elle.
« Combien de temps faudra-t-il pour qu’il y ait là un lit sacré pour m’y étendre ? », demande-t-elle 2.

40 Cinq ans, dix ans passèrent.
L’arbre avait épaissi, mais son écorce ne s’était pas fendue.
Dans ses racines, un serpent, insensible aux charmes s’était fait un nid,
dans ses branches, l’oiseau-tempête 3 avait installé ses petits ;
au centre, la démone Lilith 4 s’était bâti une demeure.

45 La fille qui rit d’habitude avec un cœur joyeux,
la pure Inanna, comme elle se mit à pleurer !
Quand l’aurore pointa, quand l’horizon s’éclaira,
quand les oiseaux, au point du jour, se mirent à chanter,
quand Utu (le Soleil) eut quitté sa chambre à coucher,
50 sa soeur, la pure Inanna,
dit à Utu, le vaillant guerrier :

Notes § 2 : 1. Espèce orientale de chêne, importée en Mésopotamie et qui servait en particulier à fabriquer des sièges, des tables ou des chariots. Andrew George traduit par “ saule ” (“willow”). 2. La déesse Inanna est impatiente de voir pousser l’arbre ; elle le plante le plus vite possible. Le lit est sans doute celui de la hiérogamie annuelle (union sacrée à caractère sexuel). 3. L’oiseau-tempête est Anzu. Dans le mythe d’Étana, un serpent et un aigle se jurent amitié jusqu’au jour où l’aigle dévore les petits du serpent. 4. Fameuse démone d’un trio redoutable : lilu, lilitu, ardat lili, le mâle, la femelle et leur servante. Lilith est mentionnée dans Is 34,14, un manuscrit hébreu de Jb 18,15, des inscriptions araméennes, des amulettes, les Targums et le Talmud.

3. Discours d’Inanna au dieu Soleil

« Mon frère, en ces jours-là, quand furent fixées les destinées,
quand Sumer connut une abondance intarissable,
quand Anu eut pris pour lui les cieux,
55 quand Enlil eut pris pour lui la terre,
quand il l’eut donnée en présent de noces à Ereshkigal, au pays des morts ;

quand il vogua, quand il vogua,
quand le Père vogua vers le pays des morts,
quand Amanki 1 vogua vers le pays des morts,
60 pour le roi, les éléments les plus petits s’élançaient,
pour Amanki, les éléments les plus grands s’élançaient.
De petites vagues, comme des moulins à main,
de grosses vagues, comme des pierres de meule ;
sur la quille du bateau d’Amanki
65 se déversaient comme une ruée de tourterelles.
Pour le roi, à la proue du bateau,
les eaux écumaient comme un loup dévorant ;
pour Amanki, à la poupe du bateau,
les eaux s’élançaient comme un lion.

70 En ce temps-là, il y avait un certain arbre, le huluppu,
un certain arbre, planté au bord du pur Euphrate,
s’abreuvant aux eaux de l’Euphrate.
Le vent du sud arrachait ses racines, cassait ses branches ;
l’Euphrate le submergeait de ses eaux.
75 Une femme, respectant l’ordre d’Anu, se promenait ; respectant l’ordre d’Enlil, elle se promenait.
Je pris l’arbre dans mes mains et l’introduisis dans Uruk.
Là, je l’apportai dans le jardin sacré de la déesse Gashanna 1.
Moi, la femme, je ne soignai pas l’arbre avec mes mains [texte : ses],
mais je le plantai seulement avec mon pied, en disant :
80 Moi, Gashanna, je n’arrosai pas l’arbre avec ma main, mais je le plantai seulement avec mon pied en disant :
“ Combien de temps faudra-il pour qu’il y ait là un siège sacré pour m’y asseoir ? ”, demande-t-elle.
“ Combien de temps faudra-t-il pour qu’il y ait là un lit sacré pour m’y étendre ? ”, demande-elle. »

Cinq ans, dix ans passèrent.
L’arbre avait épaissi, mais son écorce ne s’était pas fendue.
85 Dans ses racines, un serpent, insensible aux charmes, s’était fait un nid;
dans ses branches, l’oiseau-tempête avait installé ses petits ;
au centre, la démone Lilith s’était bâti une demeure.
La fille qui rit d’habitude avec un cœur joyeux,
la pure lnanna, comme elle se mit à pleurer !

Notes § 3 : 1. Dans son discours, la déesse Inanna utilise le dialecte eme-sal (litt. « langue des femmes »). D’où les changements de noms : Enki/Amanki, Inanna/Gashanna.

4. Discours d’Inanna à Gilgamesh

90 Son frère Utu, le vaillant guerrier, ne fut pas d’accord avec elle.
Quand l’aurore pointa, quand l’horizon s’éclaira,
quand les oiseaux, au point du jour, se mirent à chanter,
quand Utu eut quitté sa chambre à coucher,
sa sœur, la pure Inanna,
95 dit à Gilgamesh le guerrier:
« Mon frère, en ces jours-là, quand furent fixées les destinées,
quand Sumer connut (une abondance) intarissable,
(quand Anu) eut pris (pour lui) les cieux,
(quand Enlil) eut pris (pour lui) la terre,
100 quand il l’eut donnée en présent de noces à Gashankigal, au pays des morts ;

quand il vogua, quand il vogua,
quand le Père vogua vers le pays des morts,
quand Amanki vogua vers le pays des morts… ,
pour le roi, les éléments les plus petits s’élançaient,
105 pour Amanki, les éléments les plus grands s’élançaient.
De petites vagues, comme des moulins à main,
de grosses vagues, comme des pierres de meule,
sur la quille du bateau d’Amanki
se déversaient comme une ruée de tourterelles.
110 Pour le roi, à la proue du bateau,
les eaux écumaient comme un loup dévorant ;
pour Amanki, à la poupe du bateau,
les eaux s’élançaient comme un lion.

En temps-là, il y avait un certain arbre, le huluppu,
115 un certain (arbre), planté au bord du pur Euphrate,
s’abreuvant aux eaux de l’Euphrate.
Le vent du sud arrachait ses racines, cassait ses branches ;
l’Euphrate le submergeait de ses eaux.
Une femme, respectant l’ordre d’Anu, se promenait ;
120 respectant l’ordre d’Enlil, elle se promenait.
Je pris l’arbre dans mes mains et l’introduisis dans Uruk.
Là, je l’apportai dans le jardin sacré de la déesse Gashanna.
La femme ne soigna pas l’arbre avec sa main, mais le planta seulement avec son pied en disant :
Gashanna n’arrosa pas l’arbre avec sa main, mais le planta seulement avec son pied en disant :
125 “ Combien de temps faudra-t-il pour qu’il y ait là un siège sacré pour m’y asseoir ? ”, demande-t-elle.
“ Combien de temps faudra-t-il pour qu’il y ait là un lit sacré pour m’étendre ? ”, demande-elle. »

Cinq ans, dix ans passèrent.
L’arbre avait épaissi, mais son écorce ne s’était pas fendue.
Dans ses racines, un serpent, insensible aux charmes, s’était fait un nid ;
130 dans ses branches, l’oiseau-tempête avait installé ses petits ;
au centre, la démone Lilith s’était bâti une demeure.
La fille qui rit d’habitude avec un cœur joyeux,
la pure Gashanna, comme elle se mit à pleurer !

5. Gilgamesh façonne sa boule et son maillet

Au sujet de ce que lui avait dit sa sœur,
135 Gilgamesh, son frère, la soutenait dans cette affaire.
Son ceinturon de cinquante mines, il le sangla à sa taille ;
cinquante mines n’étaient pour lui que trente sicles 1 !
Sa hache de bronze pour les expéditions,
arme de sept talents et sept mines, il la prit à la main.
140 À la racine de l’arbre, il frappa le serpent insensible aux charmes ;
dans ses branches, l’oiseau-tempête avait pris ses petits et les avait emmenés vers la montagne ;
au centre, la démone Lilith avait abandonné sa demeure et cherché refuge dans le désert 2.

Quant à l’arbre, (Gilgamesh) arracha ses racines, cassa ses branches.
145 Ses compagnons qui le suivaient
coupèrent les branches et en firent des fagots.
A sa Dame, la pure Inanna, il les lui désigna pour son siège ;
il les lui désigna pour son lit.
Pour lui, il fabriqua avec la base sa boule 3,
150 il fabriqua avec les branches son maillet.
Il façonna la boule et l’apporta sur la grande place ;
ayant façonné le (maillet), il l’apporta sur la grande place.
Les jeunes gens de la ville jouaient avec la boule ;
lui, il monte à califourchon 4 sur les jeunes enfants des veuves !
155 « Oh, ma nuque ! oh, mes hanches ! », se lamentaient-ils.
À celui qui avait une mère, celle-ci apporta du pain,
à celui qui avait une sœur, celle-ci apporta de l’eau.

Notes § 5 : 1. Sachant que 1 talent = 60 mines ; 50 mines = 24 kg ; 30 sicles = 0,5 mine, soit environ 240 g, poids d’argent dérisoire. 2. Séjour habituel des démons. 3. Boule (pukku) et maillet à long manche (mikku), voir les commentaires. 4. Lire : «il chevauchait». Voir les commentaires pour un développement de cette pratique.

6. Boule et maillet tombent au pays des morts

Une fois le soir venu,
il traça une marque 1 là où la boule avait été déposée.
160 Sa boule, il la porta devant lui et la prit dans sa maison.
Au point du jour, là où il avait dessiné la marque,
à la suite de l’accusation des veuves,
des plaintes 2 des jeunes filles,
164 sa boule et son maillet lui échappèrent en tombant dans le pays des morts.
164a … il ne put les atteindre ;
165 il se servit de sa main, mais il ne put les atteindre ;
il se servit de son pied, mais il ne put les atteindre.
À la porte appelée Ganzir 3, antichambre du pays des morts, il fallut s’arrêter.
Gilgamesh pleura, il cria amèrement :
« Oh ma boule ! oh mon maillet !
170 Ma boule dont je n’ai tiré assez de plaisir
et avec laquelle je n’ai pas assez joui ! »

Notes § 6 : 1. Gilgamesh trace un cercle magique et emporte sa boule à la maison. 2. iutu est le cri vers le dieu Utu, le Soleil, dieu de la justice. Il correspond à l’akkadien taz-zimtu3. Terme dont le sens pourrait être : « Que j’enlève ! ». Il désigne l’entrée du pays des morts.

Dans les chapitres suivant, les auteurs proposent le texte assyrien (12e tablette) complété d’après le texte sumérien (voir les commentaires). Pour faciliter la lecture, je n’ai conservé que la numérotation sumérienne.

7. Boule et maillet tombent au pays des morts

172 « Ce jour-là, si j’avais laissé la boule dans la maison du charpentier
— l’épouse du charpentier est comme ma mère —, que cela serait encore avec moi !
— la fille du charpentier est comme ma petite sœur 1 —, que cela serait encore avec moi !
175 Ma boule est tombée de moi dans le pays des morts, qui me la rapportera ?
176 Mon maillet est tombé de moi dans le pays des morts 2, qui me le rapportera ? »

Notes § 7 : 1. La « petite sœur » de Gilgamesh figure dans le récit sumérien Gilgamesh et Huwawa. Elle s’appelait Peshtur, la « petite figue ». 2. En sumérien : « Ganzir » (voir note 6.3).

8. Intervention d’Enkidu et conseils de Gilgamesh

177 Son serviteur Enkidu lui adressa la parole :
« Mon roi, comme vous pleurez ! Pourquoi faire du mal à votre coeur ? 1
Ce jour-ci, votre boule, moi, je vous la rapporterai du pays des morts ;
180 votre maillet, moi, je vous le rapporterai du pays des morts ! »
Gilgamesh répondit à Enkidu
« Si tu descends ce jour-ci au pays des morts 2,
je te conseille, prends donc mes conseils,
je vais te dire quelque chose, sois tout oreilles.
185 Ne t’habille pas avec du linge immaculé :
on reconnaîtrait sûrement en toi un étranger.
Ne te frotte pas de bonne huile parfumée :
à son odeur, on ferait cercle autour de toi.
Ne jette pas de javelot dans le pays des morts :
190 ceux qu’il aurait frappés te cerneraient.
Ne porte pas de bâton à la main :
les ombres s’agiteraient à cause de toi.
Ne chausse pas tes pieds avec des sandales,
sinon tu ferais du bruit dans le pays des morts.
195 N’embrasse pas la femme que tu aimes,
ne frappe pas la femme que tu détestes,
n’embrasse pas le fils que tu aimes,
ne frappe pas le fils que tu détestes.
Sinon, le cri vers le dieu Soleil 3 s’emparerait de toi.
200 Celle qui repose là, celle qui repose là,
la mère de Ninazu 4, qui repose là,
ses épaules pures ne sont couvertes d’aucun linge,
sa poitrine sacrée n’est pas enserrée comme une amphore 5.
Elle a avec elle son … comme un tambourin :
205 elle arrache (ses cheveux) comme des poireaux. 6 »

Notes § 8 : 1. Assyrien : « Mon maître, pourquoi ton cœur pleure-t-il ? ». 2.Enkidu doit se soumettre une série de tabous s’il veut remonter du pays des morts : plus de vie familiale, guerrière ou policée. 3. Assyrien : « Le cri plaintif du pays (des morts) ». Comme à la ligne 163, iutu est le cri vers le dieu Utu, le Soleil, dieu de la justice. Il correspond à l’akkadien taz-zimtu4. Dans le mythe de « Enlil et Ninil », celle-ci suit son époux au pays des morts et donne naissance à Ninazu, dieu d’Eshnunna, aujourd’hui Tell Asmar. 5. Assyrien corrompu : « n’est pas serrée comme un amphore ». Le texte assyrien omet les deux lignes suivantes. 6. Voir les commentaires pour la reprise de la « Descente d’Inanna aux Enfers ».

9. Enkidu est retenu au pays des morts

Enkidu ne se plia pas aux conseils de son roi.
Il s’habilla avec du linge immaculé ;
on reconnut en lui un étranger.
Il se frotta de bonne huile parfumée ;
210 à son odeur, on fit cercle autour de lui.
Il jeta un javelot dans le pays des morts ;
ceux qu’il frappa du javelot le cernèrent.
Il porta un bâton à la main
les ombres s’agitèrent à cause de lui.
215 Il chaussa ses pieds avec des sandales ;
il fit du bruit dans le pays des morts.
Il embrassa la femme qu’il aimait,
il frappa la femme qu’il détestait.
Il embrassa le fils qu’il aimait,
220 il frappa le fils qu’il détestait.
221 Le cri vers le dieu Soleil s’empara de lui.

Le texte assyrien complète ce chapitre avec les lignes suivantes, absentes du texte sumérien :

Celle qui repose là, celle qui repose là, la mère de Ninazu qui repose là,
ses épaules pures ne sont couvertes d’aucun linge,
sa poitrine sacrée n’est pas enserrée comme une amphore.

Quand Enkidu voulut remonter du pays des morts,
Namtar 1 ne l’a pas saisi, Asakku 1 ne l’a pas saisi, le pays des morts l’a saisi ;
l’implacable Nergal 1, tapi en embuscade, ne l’a pas saisi, le pays des morts l’a saisi ;
il n’est pas tombé sur un champ de bataille, le pays des morts l’a saisi.

C’est également à cet endroit précis — après la ligne 21, — qu’une tablette de Meturan publiée six ans après cette traduction de Tournay et Schaffer propose une variation intéressante (voir Les fins de GEE).

Notes § 9 : 1. Voir les commentaires pour la présentation des démons Namtar, Asakku et Nergal.

Dans ce qui suit, les lignes issues du texte assyrien seront précisée en italique pour marquer la différence avec le texte sumérien. Cela ajoute certaines redites, mais éclaire parfois le texte principal. Quand les deux versions sont textuellement identiques, les lignes assyriennes ne sont pas répétées.

10. Gilgamesh implore le dieu Enlil

222 Gilgamesh, le guerrier, fils de Nin.Sun,
Alors … le fils de Nin.Sun, pleurant sur son serviteur Enkidu,
(dirigea ses) pas vers l’Ékur 1, le temple d’Enlil.
Devant (le dieu Enlil), il pleura :
225 « Père Enlil, ma boule est tombée dans le pays des morts, (mon mailletest tombé) dans le Ganzir,
« Père Enlil, en ce jour, ma boule, malheur à moi !
est tombée dans le pays des morts,
mon maillet – malheur à moi ! – est tombé dans le pays des morts.
(Enkidu) est allé pour les rapporter, mais le pays des morts (l’a saisi).
(Namtar ne l’a pas) saisi, Asakku ne l’a pas saisi, le pays des morts l’a saisi ;
l’implacable Nergal, tapi en embuscade, ne l’a pas saisi, le pays des morts l’a saisi.
Il n’est pas tombé sur un champ de bataille, le pays des morts l’a saisi. »

230a Le Père Enlil ne le soutint pas dans cette affaire.
Le Père Enlil ne prit pas la parole.

Notes § 10 : 1. L’Ékur est le temple d’Enlil à Nippur.

11. Gilgamesh implore le dieu Sin (La Lune)

Il s’en alla (seul au temple du dieu Sin) :

Le texte assyrien ajoute les lignes de ce chapitre, absentes du texte sumérien.

« Père Sin, en ce jour, ma boule – malheur à moi ! – est tombée dans le pays des morts,
mon maillet – malheur à moi ! – est tombé (dans le pays des morts).
Enkidu est (descendu) pour les rapporter, le pays des morts l’a saisi,
Namtar ne l’a pas saisi, Asakku ne l’a pas saisi, le pays des morts l’a saisi ;
l’implacable Nergal, tapi en embuscade, ne l’a pas saisi,
le pays des morts l’a saisi. »
(Le Père Sin ne prit pas la parole).

(sum. : Le Père Sin ne le soutint pas dans cette affaire).

12. Gilgamesh implore le dieu Enki (Éa)

230b Il dirigea ses pas vers Éridu.
231 À Éridu, il dirigea ses pas vers le dieu Enki.
Devant le dieu Enlil, il pleura :
« Père Enki, ma boule m’est tombée dans le pays des morts,
mon maillet m’est tombé dans le Ganzir.
Dès qu’Enkidu est descendu pour les rapporter, le pays des morts l’a saisi ;
235 Namtar ne l’a pas saisi, Asakku ne l’a pas saisi, le pays des morts l’a saisi ;
l’implacable Nergal [sum. : le spectre Nergal] tapi en embuscade,
ne l’a pas saisi, le pays des morts l’a saisi ;
il n’est pas tombé sur un champ de bataille,
le pays des morts l’a saisi. »

238 Le dieu Enki le soutint dans cette affaire.
Le dieu Éa prit la parole.

13. Enki intercède pour évoquer Enkidu

239 Il dit au dieu Soleil, le vaillant guerrier, fils de la déesse Ningal :
« Ô So(leil), vaillant guerrier 1, (fils de la déesse Ningal),
240 si seulement, après avoir ouvert l’accès du pays des morts,
241 vous lui faisiez monter son serviteur depuis le pays des morts !
Que le spectre d’Enkidu 2 puisse sortir du pays des morts
pour qu’il puisse informer son frère, Gilgamesh, du règlement du pays des morts ! »

Notes § 13 : 1. Enlil et Sin ont refusé de faire sortir Enkidu des Enfers. C’est bien le Soleil — et non Negal, fausse lecture du texte assyrien ! — qui évoque Enkidu. On rapproche 1 S 28,7 s. (ombre de Samuel), Iliade XXIII, 68 s. (ombre de Patrocle). 2. L’esprit d’Enkidu est appelé utukku, qui est le nom d’un démon. Ailleurs, l’esprit d’un mort s’appelle etemmu.

14. Le spectre d’Enkidu retrouve Gilgamesh

Le Soleil, vaillant guerrier, fils de la déesse Ningal,
242 ouvrit l’accès du pays des morts.
Comme par un coup de vent, son serviteur remonta du pays des morts.
Le spectre d’Enkidu sortit comme un souffle 1 du pays des morts.
Ils s’étreignirent et s’embrassèrent.
Ils s’embrassèrent sans plus se lâcher 2.
245 En se parlant, ils soupiraient.
Ils s’entretenaient à en perdre le souffle :

« Dis-moi, mon ami, dis-moi, mon ami,
« As-tu vu le règlement du pays des morts ?
Dis-moi le règlement du pays des morts que tu as vu. »
– Si je te Je disais, mon ami, si je te le disais !
Je ne peux te le dire, mon ami, je ne peux te le dire.
si je te disais le règlement du pays des morts,
tu t’assiérais en pleurant, je m’assiérais en pleurant ;
tu t’assiérais en pleurant,
moi, je m’assiérais en pleurant.
250 Mon corps que tu (pensais) avoir palpé pour la joie de ton cœur,
jamais plus ne reviendra devant toi », dit-il [Enkidu].
« Comme un vieux vêtement, la vermine l’a dévoré.
« (Mon corps), la vermine l’a dévoré comme une vieux vêtement.
Mon corps est rempli de poussière comme une fente du sol.
Mon corps que tu (pensais) avoir palpé pour la joie de ton cœur,
(comme une fente du sol), est rempli de poussière.»
254 Malheur ! », cria-il [Gilgamesh],
et il s’assit 3 dans la poussière 4.

Notes § 14 : 1. zaqiku : « souffle, esprit, fantôme » ; cf. note 13.2. Ailleurs : « il sort par un trou (takkapu) du mur encerclant la cité des morts, comme une sorte d’oiseau ». 2. Il ne s’agit que d’une illusion comme la suite le montrera : Enkidu n’est plus qu’un souffle, une ombre impalpable venue de l’au-delà. 3. Texte assyrien : « il s’effondre ». 4. Rite de deuil dans l’ancien Orient (cf. Jb 1,12-13 ; Ez 27,30, etc.).

Toujours pour faciliter la lecture, je sépare ici les blocs de question-réponse et mets en gras chaque question.

15. Questions et réponses sur l’au-delà

255 « Celui qui a un seul fils, l’as-tu vu là ? – Je l’ai vu là. – Que fait-il ?
« … l’as-tu vu ? – Je l’ai vu.
– Il crie amèrement près du clou d’argile piqué dans le mur 1.
Quand on pique le clou d’argile, il pleure (amèrement de)vant lui.

257 – Celui qui a deux fils, l’as-tu vu là ? – Je l’ai vu là. – Que fait-il ?
– ( … l’as-tu vu ? – Je) l’ai vu.
– Il est assis sur deux briques et il mange du pain 2.
… il mange du pain.

259 – Celui qui a trois fils, l’as-tu vu là ? -Je l’ai vu là. – Que fait-il ?
– … l’as-tu vu ? – Je l’ai vu.
– Il boit de l’eau tirée de l’outre remplie par le Garçon 3 dans le désert.
… il boit de l’eau.

261 – Celui qui a quatre fils, l’as-tu vu là ? – Je l’ai vu là. – Que fait-il ?
– ( … l’as-tu) vu ? – Je l’ai vu.
– Comme un homme qui attelle quatre ânes, son coeur se réjouit.
( … quatre) ânes, son coeur se réjouit.

263 – Celui qui a cinq fils, l’as-tu vu là ? – Je l’ai vu là. – Que fait-il ?
– … l’as-tu vu ? – Je l’ai vu.
– Comme bon scribe, son bras se remue, il entre facilement au palais.
(Comme un) bon scribe, sa main est ouvert 4, il entre facilement au palais.

265 – Celui qui a six fils, l’as-tu vu là ? – Je l’ai vu là. – Que fait-il ?
… l’as-tu vu ? – Je l’ai vu.
– Comme un laboureur 5, son coeur se ré(jouit).
(Lacune.)

267 – Celui qui a sept fils, l’as-tu vu là ? -Je l’ai vu là. – Que fait-il ?
– Comme un assistant des dieux, il est assis sur un siège, il écoute les jugements 6.

269 – Celui qui n’a pas d’héritier, l’as-tu vu là ? – Je l’ai vu là. – Que fait-il ?
– Comme un homme battu sur le dos 7, il mange du pain.

271 – As-tu vu là un courtisan du palais ? – Je l’ai vu là. – Que fait-il ?
– Dans la maison, comme … , il est assis dans un recoin.

– Comme un bel étendard …

273 – La femme qui n’a jamais engendré, l’as-tu vue là ? – Je l’ai vue là. – Que fait-elle ?
– Comme un vase de rebut, elle est projetée à terre, elle ne réjouit aucun homme.

275 – As-tu vu là le jeune homme qui n’a pas dénudé le giron de sa femme? – Je l’ai vu là. – Que fait-il ?
– Tu lui offres une corde de secours, il pleure sur la corde 8.

277 – As-tu vu là la jeune femme qui n’a pas dénudé le giron de son mari ? – Je l’ai vue. – Que fait-elle ?
– Tu lui offres une natte de roseaux bien arrangée, elle pleure sur la natte de roseaux 9.

279 – … – Je l’ai vu là. – Que fait-il ?
(Réponse d’Enkidu détruite.)

281 – Celui qui a été dévoré par un lion, l’as-tu vu là ? – Je l’ai vu là. – Que fait-il ?
– “ (Hélas), ma main ! hélas, mon pied ! 10 ”, crie-t-il amèrement.

283 – Celui qui est tombé du toit, l’as-tu vu là ? – Je l’ai vu là. – Que fait-il ?
– Ses os ne sont pas reconnaissables …

285 – Celui qui …

287 – Celui qui est lépreux …, l’as-tu vu là ? -Je l’ai vu là. – Que fait-il ?
– Il prend sa nourriture à l’écart, il boit son eau à l’écart ; il mange de l’herbe qu’il arrache, il boit de l’eau qui suinte, il loge hors de la ville.

289 – Celui qui a été emporté par l’inondation du dieu Ishkur 11, l’as-tu vu là ? – Je l’ai vu là. – Que fait-il ?
– Il se secoue lui-même comme un boeuf dévoré par la vermine.

291 -As-tu vu là celui qui est tombé au combat [var. assyr. : qui s’est tué] ? – Je l’ai vu là. – Que fait-il ?
– Sur place, sa mère [var. assyr. : son père et sa mère] soutient sa tête et sa femme pleure.

– Celui dont le cadavre gît dans la steppe, l’as-tu vu là ? – Je l’ai vu là. – Que fait-il ?
– Son esprit est sans repos sur la terre.

293 – As-tu vu là celui dont personne ne prend soin ? 12 – Je l’ai vu là. – Que fait-il ?
– Il mange les restes [var. assyr. : des marmites] des déchets de nourriture que l’on jette à la rue.

295 – As-tu vu là celui qui a été frappé par un piquet d’amarrage ? – Je l’ai vu là. – Que fait-il ?
– “ Hélas, ma mère ! ”, crie l’homme, tandis que le piquet est arraché.
– “ Hélas ! ”, crie-t-il à (sa mère), tandis que le piquet est arraché.
297 (Ligne du texte sumérien disparue)

298 – As-tu vu là celui qui a été enlevé dans la fleur de l’âge (var. assyr. : de mort soudaine) ? – Je l’ai vu là. – Que fait-il ?
– Il repose sur le lit des dieux.
– Il repose sur la couche nocturne et il boit de l’eau pure. »

300 – As-tu vu mes petits enfants mort-nés qui n’ont pas connu la vie ? – Je les ai vus là. – Que font-ils ?
– Ils jouent auprès d’une table d’or et d ‘argent, chargée de beurre et de miel 13.

302 – As-tu vu là celui qui a été brûlé par le feu ? – Je l’ai vu là. – Que fait-il ?
– Son esprit n’existe plus (texte d’Ur : n’habite plus sur la Terre = est aux Enfers ; var. assyr. : dans le pays des morts).
Sa fumée est montée dans le ciel. »

Notes § 15 : 1. C’était une coutume sumérienne d’enfoncer un clou d’argile dans le mur d’argile d’une maison au moment du contrat de vente? À la mort du père de famille, la maison changeait de propriétaire. On pense à la coutume israélite de percer l’oreille d’un esclave contre le mur pour se l’attacher définitivement. 2. Les deux briques pourraient rappeler les deux fils, cf Atrahasis : la déesse Nintu dispose une brique pour l’accouchement. D’après Ex 1,16, deux pierres servaient aux accouchements. 3. Le « Garçon » peut être Dumuzi si l’on se réfère au mythe d’Inanna et Bilulu. 4. Texte obscur : s’agit-il de l’agilité du scribe ou de sa libéralité ? 5. « Labourer » peut avoir un sens sexuel comme à El-Amarna (lettres), dans Jg 14,18 et le Coran (sourate 2, 223). 6. Il assiste comme auditeur au tribunal des dieux chtoniens. 7. Il est humilié et battu pour ne pas avoir engendré de fils. 8. Texte obscure. S’agit-il d’une corde à nœud qu’on égrène pour passer le temps, comme le chapelet ou le masbaha des Arabes ? Ou de la ceinture que l’homme détache pour se marier ? 9. S’agit-il d’une couche (zibnou) pour dormir en oubliant le passé ? 10. Comme dans Ps 22,17c ; lire ke’ero, « comme pour déchiqueter ». Lions et chiens — mentionnés aux versets 14, 21 et 22 — viennent « pour déchiqueter mes mains et mes pieds ». 11. Ishkur est le nom sumérien du dieu des tempêtes et de l’inondation. 12. Voir les commentaires sur l’importance de prendre soin des morts et l’allusion possible à Sargon II. 13. On pense à l’expression biblique : la terre ou coule le lait et le miel.



Le chapitre suivant est en sumérien, repris d’une tablette d’Ur (UET 6/58-59, U 16878) et suit sa propre numérotation.

 

Version (UET 6/58-59, U 16878)

16. Destin dans l’au-delà

Sur l’obvers, les lignes 1-7 et 12-15 correspondent à des lignes du texte précédent (texte de Nippur). Les lignes 8-11 sont ajoutées :

8 « As-tu vu là celui qui est sans respect pour la parole de son père et de sa mère ? – Je l’ai vu là. – Que fait-il ?
– Il boit de l’eau …, de l’eau sur mesure, mais il n’en a pas assez.

10 As-tu vu là celui qui a été (mau)dit par son père et sa mère ? – Je l’ai vu là. – Que fait-il ?
– Il est privé d’héritier ; son esprit vagabonde ça et là. »

Sur le revers, les lignes 1-4 correspondent aux lignes 300-303 du texte de Nippur. Les lignes 5-13 sont ajoutées :

5 « As-tu vu là celui qui a fraudé le dieu Sumuqan 1 et a fait un faux serment 2 ? – Je l’ai vu là. – Que fait-il ?
– Pour le rite funéraire, au sommet de la montagne, on a donné de l’eau terreuse, et comme boisson, c’est ce qu’il boit.

Quant au citoyen du Girsu 3 (le Girsuite), au lieu des soupirs 4, son père et sa mère, les as-tu vus là ? – Je les ai vus là. – Que font-ils ?
– Devant chaque Girsuite, seul, il y a mille Amorites 5 ; son esprit ne les repousse pas, ne les bouscule pas par devant.
Au sommet de la montagne, lieu du rite funéraire, c’est là qu’il épie, l’Amorite.

10 As-tu vu là le Sumérien, l’Akkadien ? – Je les ai vus. – Que font-ils ?
– Ils boivent de l’eau de ce lieu de carnage 6, de l’eau trouble.

12 As-tu vu là mon père et ma mère, autant qu’ils y demeurent ? – Je les ai vus là. – Que font-ils ?
– Les deux parents sont dans ce lieu de mort ; ils boivent de l’eau de ce lieu de carnage, de l’eau trouble. »

Notes § 16 : 1. Sumukan (ou Shakkan), dieu des troupeaux, vivait dans les steppes au milieu des bêtes (cf. « [Enkidu] est revêtu de vêtements comme le dieu des troupeaux », T. I §8, l.55). 2. C’est par l’âne que l’on prêtait serment à l’époque des lettres de Mari, comme le montre l’expression harum qatalum « tuer l’ânon ». Ce sacrifice accompagnait le serment d’alliance. On lui compare Gn 15, rite d’alliance entre Dieu et Abram au moyen d’animaux partagés. 3. Girsu, l’une des villes légendaires de Sumer, était au centre de la région de Larsa, aujourd’hui Tello. 4. Ce lieu des soupirs est l’endroit où les parents venaient pleurer leurs enfants. 5. Voir les commentaires pour des précisions sur l’invasion amorite. 6. A.KI.LUL.A, « eau du lieu de carnage » (asar saggasti). Les vaincus sont tombé, le visage contre terre, dans des flaques d’eau. Ce cliché littéraire apparaît dans l’inscription du roi Utu-hegal.



Vient ensuite le texte sumérien d’une Tablette d’Ur (UET 6/60, U 17900). On aurait ici la fin du récit sumérien. Aux lignes 12-13 de la tablette précédente, Gilgamesh interrogeait Enkidu au sujet du sort de son père et sa mère. Il semble ici offrir à Uruk, en présence des habitants, un kispu en l’honneur de ses parents.

 

Version (UET 6/60, U 17900)

17. Retour de Gilgamesh et rituel funéraire

L’obvers est presque effacé. Les deux premières lignes sembles correspondre aux lignes 291-292 du premier texte sumérien :

1 « Celui qui est tombé au combat l’as-tu vu ? »
2 sag-du

Le revers est bien conservé, mais de graphie malhabile :

1 …
2 Il retourne à (Uruk),
il retourne à sa ville.
La hache, la cotte de mailles, le sceptre, il les retire ; il les dépose à côté de lui.
5 Dans son palais, on organise des réjouissances ;
les garçons et les filles d’Uruk, les notables et les vieillards de Kullab 1
contemplent sa statue 2, leur coeur se réjouit 3.
Vers le dieu Soleil, quand il sort de son alcôve 4, il [Gilgamesh] s’avance, la tête haute ;
il accomplit l’acte (rituel) :
10 « Mon père et ma mère, que je vous verse de l’eau à boire ! »
Le jour n’est pas encore à sa moitié, il s’en faut de peu, il [Gilgamesh] ceint sa tiare 5 ;
Gilgamesh arrive au lieu du rite funèbre ;
c’est le septième 6 jour qu’il arrive au lieu du rite funèbre.
Les garçons et les filles d’Uruk, les notables et les vieillards de Kullab versent des larmes 3.
15 C’est alors comme il l’a prescrit :
les gens de Girsu repoussent la terre (en disant) :
« Mon père et ma mère, que je vous verse de l’eau à boire !
18 – Vaillant Gilgamesh, fils de Nin.Sun, il est bon de faire ton éloge ! »

Notes § 17 : 1. Kullab est le quartier des tombes à Uruk. 2. Représentation rupestre ou stèle avec inscription (naru) ? 3. Les gens se réjouissent (lignes 5 et 7) avant de pleurer (l. 14). 4. Imagerie stéréotypée en suméro-akkadien et dans la Bible (Ps 19,6). 5. Ou bien « il dépose sa tiare ». 6. Au lieu de « neuvième » (lapsus calami).

 

(Source : L'Épopée de Gilgamesh)
(Source : BLOG de Olivier F. "Autour de Gilgamesh")

Texte Français : Fin Version "Meturan (Tell Haddad)" de Cavigneaux et Al-Rawi

(M1 = H 154)

 

Face M1

1 … l’entourèrent
Il leva … , les fantômes vinrent avec lui.
Il posa …
Il(s) posai(en)t (?) …
5 Il embrassa l’épouse qu’il aimait,
il frappa l’épouse qu’il détestait.
Il embrassa le fils qu’il aimait,
il frappa le fils qu’il détestait.

Le cri de protestation (« Aïe, Soleil ! ») aux Enfers le retint.
10 Depuis ce jour fatal, et pour sept jours,
son associé (šubur) Enkidu ne revint pas des Enfers.
Le roi (lugal) se lamentait, versant d’horribles larmes :
« Mon associé (šubur) bien-aimé, mon fidèle compagnon, mon conseiller, l’Enfer l’a pris !
Ce n’est ni le Namtar ni l’Asag qui l’ont pris, c’est l’Enfer qui l’a pris !
15 Ce n’est pas l’intraitable Udug de Nergal qui l’a pris, c’est l’Enfer qui l’a pris !
Il n’est pas tombé comme un homme à la bataille, l’Enfer l’a pris ! »
Il alla d’un bon pas vers l’Ekur, pour trouver Enlil …

Devant Enlil … il se tint.
« Mon maillet est tombé dans le Pays Infernal,
20 ma boule est tombée aux Enfers.
Enkidu, qui voulait descendre me les ramener,
mon associé (šubur) bien-aimé, mon fidèle compagnon, mon conseiller, l’Enfer l’a pris !
Ce n’est ni le Namtar ni l’Asag qui l’ont pris, c’est l’Enfer qui l’a pris !
24 (Ce n’est pas l’intraitable Udug de Nergal (?)] qui l’ont pris, c’est l’Enfer qui l’a pris ! » …

 

Revers M1

Les lignes 1-21 du revers de M1 correspondent aux lignes 4-24 de la face de M2 qui suit :

 

(M2 = H 157)

 

Face M2

1-2 – [Celui qui eut un fils, l’as]-tu vu? ( … ) Comment va-t-il ?
[Un clou est enfoncé dans son mur et] il pleure amèrement.

4-5 – Celui qui eut deux fils, l’as-tu-vu? ( … ) Comment va-t-il ?
Il est assis [sur deux briques (?)].

7-8 – Celui qui eut trois fils, l’as-tu-vu ? ( … ) Comment va-t-il ?
[De l’outre pendue à la selle] il boit de l’eau.

10-11 – Celui qui eut quatre fils, l’as-tu-vu ? ( … ) Comment va-t-il ?
Il est réjoui comme le cocher d’un quadrige.

13-14 – Celui qui eut cinq fils, l’as-tu-vu ? ( … ) Comment va-t-il ?
Comme le scribe opulent il n’a qu’à ouvrir le bras pour entrer droit au palais.

16-17 – Celui qui eut six fils, l’as-tu-vu ? ( … ) Comment va-t-il ?
Il est heureux comme le laboureur derrière sa charrue.

19-20 – Celui qui eut sept fils, l’as-tu-vu ? ( … ) Comment va-t-il ?
Il a un siège juste derrière les dieux et il écoute les procès.

22-23 – Celui qui n’eut pas d’héritier, l’as-tu-vu ? ( … ) Comment va-t-il ?
[Comme si c’était un bloc de … ] il mange du pain.

– Lacune de trois lignes: un fantôme

28-29 – [Celui qui … ] l’as-tu vu ? ( … ) Comment va-t-il ?
[ … ] il boit de l’eau.

31-32 – [Celui qui … ] l’as-tu vu ? ( … ) Comment va-t-il ?
[ … ] et il mange du fourrage.

34-35 – Celui qui fut dévoré par un chien, l’as-tu vu ? ( … ) Comment va-t-il ?
« Ah ma main ! Ah mon pied ! » [dit-il amèrement.]

37-38 – L’homme au pieu, l’as-tu vu ? ( … ) Comment va-t-il ?
Oh, si quelqu’un pouvait le dire à ma mère ; celui qui enfonce les pieux (?) [ … ]
40 celui qui mange, le (piquet) « de tête » qui met le pain en miettes, il (?) pourrait le détruire (?).

 

Revers M2

1-2 – La femme sans enfant, l’as-tu vue ? ( … ) Comment va-t-elle ?
Comme un pot de … elle est tombée sur le côté et nul ne se baisse pour elle.

4-5 – Le jeune homme qui n’a pas défait le vêtement d’une épouse, l’as-tu vu ? ( … )
Comment va-t-il ?
Il tient des roseaux tressés (?) et sur les roseaux tressés (?) il pleure amèrement.

7-8 – La jeune fille qui n’a pas défait sa broche dans les bras d’un époux, l’as-tu vue ?
( … ) Comment va-t-elle ?
Elle tient un tissu plié en trois et sur ce tissu elle pleure amèrement.

10-11 – L’homme qu’Iškur a gonflé (?), l’as-tu vu ? ( … ) Comment va-t-il ?
Il est courbé comme un boeuf en mangeant du fourrage.

13-14 – L’homme tombé du toit, l’as-tu vu ? ( … ) Comment va-t-il ?
Ses os, … – Celui dont le fantôme a fait un procès (?), l’as-tu [vu ? ( … )]
Comment [va-t-il ? (?) … ]

17-18 – Le lépreux (?), l’as-tu vu ?  ( … )Comment va-t-il ?
Le fantôme … fait un procès, il habite à part.

20-21 – Le bébé qui n’a pas reçu son nom, l’as-tu vu ? ( … ) Comment va-t-il ?
A une table d’or et d’argent il joue avec le miel et le beurre.

23 – L’homme qui fut [brûlé] par le feu, ne l’as-tu pas vu ?
Pourquoi, mon ami, ne m’as-tu pas épargné cette question ?
– Pourtant je te l’ai posée, mon ami !
Son ombre [est absente] des Enfers, avec la fumée elle est montée au ciel.

27 Son cœur fut frappé, son poumon mortifié,
le roi (lugal) chercha la vie.
29 Le seigneur (en), un beau jour, porta son attention vers le pays du vivant.

 

(Source : BLOG de Olivier F. "Autour de Gilgamesh")

Texte Sumérien

Gilgamec, Enkidu and the nether world

 

Version A, from Nibru, Urim, and elsewhere

 

1.    ud re-a ud su3-ra2 re-a (Cited in OB catalogue from Nibru, at Philadelphia, 0.2.01, line 7, line 20, line 21; OB catalogue in the Louvre, 0.2.02, line 7, line 14, line 15; OB catalogue from Urim (U2), 0.2.04, line 29; OB catalogue from Nibru (N3), 0.2.06, line 6)
2.    ji6 re-a ji6 ba9-ra2 re-a
3.    mu re-a mu su3-ra2 re-a
4.    ud ul nij2-du7-e pa e3-a-ba
5.    ud ul nij2-du7-e mi2 zid dug4-ga-a-ba
6.    ec3 kalam-ma-ka ninda cu2-a-ba
7.    imcu-rin-na kalam-ma-ka nij2-tab ak-a-ba
8.    an ki-ta ba-da-ba9-ra2-a-ba
9.    ki an-ta ba-da-sur-ra-a-ba
10.    mu nam-lu2-u18-lu ba-an-jar-ra-a-ba
11.    ud an-ne2 an ba-an-de6-a-ba
12.    den-lil2-le ki ba-an-de6-a-ba
13.    derec-ki-gal-la-ra kur-ra saj rig7-bi-ce3 im-ma-ab-rig7-a-ba
14.    ba-u5-a-ba ba-u5-a-ba
15.    a-a kur-ce3 ba-u5-a-ba
16.    den-ki kur-ce3 ba-u5-a-ba
17.    lugal-ra tur-tur ba-an-da-ri
18.    den-ki-ra gal-gal ba-an-da-ri
19.    tur-tur-bi na4 cu-kam
20.    gal-gal-bi na4 gi gu4-ud-da-kam
21.    ur2 jicma2 tur-re den-ki-ka3-ke4
22.    nij2-bun2-na du7-am3 mi-cu2-cu2
23.    lugal-ra a jicma2-saj-ja2-ke4
24.    ur-bar-ra-gin7 tec2 mu-na-gu7-e
25.    den-ki-ra a jicma2-ejer-ra-ke4
26.    ur-mah-gin7 saj jic im-ra-ra
27.    ud-bi-a jic 1-am3 jicha-lu-ub2 1-am3 jic 1-am3
28.    gu2 id2buranun-na kug-ga-ka du3-a-bi
29.    id2buranun-na a na8-na8-da-bi
30.    a2 u18-lu ur2-ba mu-ni-in-bur12 pa-ba mu-ni-in-suh
31.    id2buranun-na a im-ma-ni-ib-ra
32.    munus-e inim an-na-ta ni2 te-a du
33.    inim den-lil2-la2-ta ni2 te-a du
34.    jic cu-na mu-un-dab5 unugki-ce3 ba-ni-in-kur9-re
35.    jickiri6 gi-rin dinana-ce3 im-ma-ni-in-ku4-ku4-re
36.    munus-e jic cu-na li-bi2-in-du jiri3-ni-ta bi2-in-du
37.    munus-e jic cu-na a li-bi2-in-dug4 jiri3-ni-ta bi2-in-dug4
38.    me-na-am3 jicgu-za gi-rin ba-ni-tuc-de3-en bi2-in-dug4
39.    me-na-am3 jic-nu2 gi-rin ba-ni-nu2-de3-en bi2-in-dug4
40.    mu 5-am3 /mu\ [10-am3 ba-e-zal-la re]
41.    jic ba-gur4 kuc-bi nu-mu-un-da-dar
42.    ur2-bi-a muc tu6 nu-zu-e gud3 im-ma-ni-ib-us2
43.    pa-bi-a mucen anzudmucen-de3 amar im-ma-ni-ib-jar
44.    cab-bi-a ki-sikil lil2-la2-ke4 e2 im-ma-ni-ib-du3
45.    ki-sikil zu2 li9-li9 cag4 hul2-hul2
46.    kug dinana-ke4 er2 e-ne ba-ce8-ce8
47.    ud zal-le-da an-ur2 zalag-ge-da
48.    buru5 ud zal-le ceg10 gi4-gi4-da
49.    dutu agrun-ta e3-a-ni
50.    {[nin9]-a-ni kug dinana-ke4} {(1 ms. has instead:) nin9-a-ni ur-saj cul dutu-ur2}
51.    {[ur-saj cul] dutu-ra} {(1 ms. has instead:) kug dinana-ke4} gu3 mu-na-de2-e
52.    cec-ju10 ud re-a na-aj2 ba-tar-ra-a-ba
53.    ud he2-ma-al-la ka-na-aj2-ja2 ba-e-zal-la re
54.    ud an-ne2 an ba-an-ir-ra-a-ba
55.    dmu-ul-lil2-le ki ba-an-ir-ra-a-ba
56.    dga-ca-an-ki-gal-la-ra kur-ra saj rig7-ga-ce3 im-ma-ab-rig7-ga-a-ba
57.    ba-u5-a-ba ba-u5-a-ba
58.    a-a kur-ce3 ba-u5-a-ba
59.    dam-an-ki kur-ce3 ba-u5-a-ba
60.    u3-mu-un-ra tur-tur ba-an-da-ri
61.    dam-an-ki-ra gal-gal ba-an-da-ri
62.    tur-tur-bi na4 cu-a-kam
63.    gal-gal-bi na4 gi gu4-ud-[da-kam]
64.    ur2 jicma2 tur-re dam-an-ki-[ka3-ke4]
65.    ce-en-bun2-na du7-am3 i3-[cu2-cu2]
66.    u3-mu-un-ra a jicma2-saj-/ja2\-[ke4]
67.    ur-bar-ra-gin7 tec2 mu-un-na-gu7-[e]
68.    dam-an-ki-ra a jicma2-ejer-/ra\-[ke4]
69.    ur-mah-gin7 saj jic im-ra-ra
70.    ud-bi-a mu di-ta-am3 jicha-lu-ub2 di-ta JIC TUG2 di-ta-am3
71.    gu2 id2buranun-na kug-ga-ka du3-a-ba
72.    id2buranun-na a na8-na8-da-bi
73.    a2 tum9u18-lu ur2-ba mu-ni-in-bur12 pa-ba mu-ni-in-suh
74.    id2buranun-na a im-ma-ni-ib-ra
75.    nu-nus e-ne-ej3 an-na-ta ni2 te-a du
76.    e-ne-ej3 dmu-ul-lil2-la2-ta ni2 te-a du
77.    mu cu-ja2 mu-un-dab5 unugki-ce3 ba-ni-in-kur9
78.    jickiri6 gi-rin kug ga-ca-an-na-ce3 im-ma-ni-in-ku4-ku4
79.    nu-nus-jen mu cu-ja2(source: na) li-bi2-in-du me-ri-ju10-ta bi2-in-du
80.    { dga-[ca-an]-na-jen } {(1 ms. has instead:) nu-nus-jen } mu cu-ja2 a li-bi2-in-de2 me-ri-ju10-ta a bi2-du
81.    me-na-am3 jicgu-za gi-rin ba-ni-tuc-u3-de3-en bi2-in-dug4
82.    me-na-am3 jic-nu2 gi-rin ba-ni-nu2-de3-en bi2-in-dug4
83.    mu 5-am3 mu 10-am3 ba-e-zal-la re
84.    mu ba-gur4 [kuc]-/bi\ nu-mu-un-da-dar
85.    ur2-bi-[a muc tu6] nu-zu-e gud3 im-ma-ni-ib-us2
86.    pa-bi-a mucen anzudmucen amar im-ma-ni-ib-jar
87.    cab-ba-/bi\-a [ki]-sikil lil2-la2-ke4 e2 im-ma-ni-in-us2
88.    ki-sikil /zu2\ [li9]-li9 cag4 hul2-hul2
89.    kug dinana-ke4 er2 e-ne ba-ce8-ce8
90.    /cec\-a-ni ur-saj cul dutu inim-bi nu-mu-de3-gub
91.    ud /zal-le\-da an-ur2 zalag-ge-de3
92.    mucen buru5mucen ud zal-le ceg10 gi4-gi4-da
93.    dutu /agrun\-ta e3-a-ni
94.    nin9-a-ni kug dinana-ke4
95.    ur-saj dgilgamec2 gu3 mu-na-[de2-e]
96.    cec-ju10 ud re-a na-aj2 ba-tar-ra-a-[ba]
97.    ud [he2-ma-al-la] ka-na-aj2 ba-e-zal-la re
98.    [ud an-ne2 an] [ba-an]-ir-ra-a-ba
99.    [dmu-ul-lil2-le ki] [ba]-an-ir-ra-a-ba
100.    [dga-ca-an-ki-gal-la-ra] kur-ra saj rig7-ga-ce3 im-ma-ab-rig7-ga-a-ba
101.    ba-u5-a-ba ba-u5-a-ba
102.    a-a kur-ce3 ba-u5-a-ba
103.    dam-an-ki kur-ce3 ba-u5-a-ba
104.    u3-mu-un-ra tur-tur ba-an-da-ri
105.    dam-an-ki-ra gal-gal ba-an-da-ri
106.    tur-tur-bi na4 cu-kam
107.    gal-gal-bi na4 gi gu4-ud-da-kam
108.    ur2 jicma2 tur-re dam-an-ki-ka3-ke4
109.    ce-en-bun2-na du7-am3 i3-cu2-cu2
110.    u3-mu-un-ra a jicma2-saj-ja2-ke4
111.    ur-bar-ra-gin7 tec2 mu-un-na-gu7-e
112.    dam-an-ki-ra a jicma2-ejer-ra-ke4
113.    ur-mah-gin7 saj jic im-ra-ra
114.    ud-bi-a mu di-ta-am3 jicha-lu-ub2 di-ta-am3 JIC TUG2 di-ta-am3
115.    gu2 id2buranun-na kug-ga-ka du3-[a]-ba
116.    id2buranun-na a na8-na8-da-bi
117.    a2 tum9u18-lu ur2-ba mu-ni-in-bur12 pa-ba mu-un-ni-in-suh
118.    id2buranun-na a im-ma-ni-ib-ra
119.    nu-nus-e e-ne-ej3 an-na-ta ni2 te-a du
120.    e-ne-ej3 dmu-ul-lil2-la2-ta ni2 te-a du
121.    mu cu-ja2 mu-un-dab5 unugki-ce3 ba-an-ni-kur9
122.    jickiri6 gi-rin ga-ca-an-an-na-ce3 im-ma-ni-in-ku4-<ku4>-re
123.    nu-nus-e mu cu-na li-bi2-du11 jiri3-ni-ta bi2-in-du
124.    d[ga]-ca-an-na-ke4 mu cu-na a li-bi2-de2 jiri3-ni-ta bi2-[in]-du
125.    me-na-am3 jicgu-za gi-rin ba-ni-tuc-u3-de3-en bi2-in-dug4
126.    me-na-am3 jic-nu2 gi-rin ba-ni-nu2-de3-en bi2-in-dug4
127.    mu 5-am3 mu 10-am3 ba-e-zal-la re
128.    mu ba-gur4 kuc-bi nu-mu-un-da-dar
129.    ur2-bi-a muc tu6 nu-zu-e gud3 im-ma-ni-ib-us2
130.    pa-bi-a mucen anzudmucen-de3 amar-bi im-ma-ni-ib-jar
131.    cab-ba-bi-a ki-sikil lil2-la2-ke4 e2 im-ma-ni-in-du3
132.    ki-sikil zu2 li9-li9 cag4 hul2-hul2
133.    kug {dinana-ke4} {(1 ms. has instead:) dga-ca-an-na-jen } er2 e-ne ba-ce8-ce8
134.    nin9-a-ni inim in-na-an-dug4-ga
135.    cec-a-ni ur-saj dgilgamec2 inim-bi ba-de3-gub
136.    tug2ib2-ba-ru cag4-ba 50 ma-na-am3 ib2-ba-na {ba-an-du3} {(1 ms. has instead:) ba-an-kar}
137.    50-am3 30 gij4 ba-ci-in-ak
138.    urudha-zi-in-na-ni har-ra-an-na-ka-ni
139.    7 gun2 7 ma-na-ka-ni cu-ni-a ba-an-dab5
140.    ur2-bi-a muc tu6 nu-zu-e saj jic ba-an-ra
141.    pa-bi-a mucen anzudmucen-de3 amar-bi cu ba-an-ti hur-saj-ce3 ba-an-kur9
142.    cab-ba-bi-a ki-sikil lil2-la2-ke4 e2 im-ma-an-ni-in-zal
143.    e2-ri-e2-ri-ce3 ba-an-kar-kar-re-«ec»
144.    jic ur2-ba mu-ni-in-bur12 pa-ba {mu-ni-in-suh} {(1 ms. has instead:) cu bi2-in-kud}
145.    dumu iri-na mu-un-de3-re7-ec-am3
146.    pa-bi i3-ku5-ru-ne {zu2 ba-kece2-re-ne} {(1 ms. has instead:) gu2 bi-jar-jar-re-ec}
147.    nin9-a-ni kug dinana-ra jicgu-za-ni-ce3 mu-na-ab-cum2-mu
148.    jic-nu2-da-ni-ce3 mu-na-ab-cum2-mu
149.    e-ne ur2-bi jicellag-a-ni-ce3 ba-da-ab-dim2-e
150.    pa-bi jice-ke4-ma-ni-ce3 ba-ab-dim2-e
151.    jicellag al dug4-dug4-ge sila ur3-ra jicellag na-mu-un-e
152.    ni2 silim dug4-dug4-ge sila ur3-ra ni2 silim na-mu-un-e

{

(mss. from Urim add 1 line:)
152A.    juruc iri-na-ka jicellag al dug4-dug4-ga-ne

}
153.    e-ne erin2 dumu nu-mu-un-su-a-ke4-ne TUM-ba u5-a
154.    a gu2-ju10 a ib2-ba-ju10 a-nir im-ja2-ja2-ne
155.    ama tuku dumu-ni-ir ninda mu-na-ab-de6
156.    nin9 tuku cec-a-ni-ir a mu-na-de2-e
157.    u2-sa11-an-e um-ma-te-a-ra
158.    ki jicellag jar-ra-ka-ni jic-hur in-hur-re
159.    jicellag-a-ni igi-ni-a mu-ni-in-il2 e2-a-ni-ce3 mu-un-de6
160.    a2-gu2-zig3-ga-ta ki jic-hur in-hur-ra TUM-ba u5-a
161.    cu du3-du3-a nu-mu-un-su-a-ta
162.    i-dutu ki-sikil tur-ra-ta
163.    jicellag-a-ni u3 jice-ke4-ma-ni dur2 kur-ra-ce3 ba-da-an-cub

{

(1 ms. adds 1 line:)
163A.    [...]-da-ta sa2 nu-mu-da-ab-dug4

}
164.    {cu-ni mu-ni-in-dug4 sa2 nu-mu-un-da-dug4} {(1 ms. has instead the line:) cu-ni mu-re-en6-du cu nu-mu-un-de3-en6-tag}
165.    {jiri3-ni mu-ni-in-dug4 sa2 nu-mu-un-da-dug4} {(1 ms. has instead the line:) jiri3 mu-re-en6-du jiri3 nu-mu-de3-en6-tag}
166.    abula ganzer igi kur-ra-ka dur2 im-ma-ni-in-jar
167.    dgilgamec2 er2 im-ma-an-pad3 cex(SIG7)-cex(SIG7) i3-ja2-ja2
168.    a jicellag-ju10 a jice-ke4-ma-ju10
169.    jicellag la-la-bi nu-mu-un-gi4-a-ju10
170.    ecemen(source: DI.E.NE.DI) di nu-mu-un-sug4-ga-ju10
171.    ud-ba jicellag-ju10 e2 nagar-ra-ka nu-uc-ma-da-jal2-am3
172.    dam nagar-ra ama ugu-ju10-gin7 nu-uc-ma-da-jal2-la-am3
173.    dumu nagar-ra nin9 ban3-da-ju10-gin7 nu-uc-ma-da-jal2-la-am3
174.    {jicellag-ju10 kur-ce3 mu-da-cub a-ba-a ma-ra-ab-ed3-de3} {(1 ms. has instead the line:) jicellag-ju10 kur-ta a-ba-a im-ta-ed3-de3}
175.    {jice-ke4-ma-ju10 ganzer-ce3 mu-da-cub a-ba-a ma-ra-ab-ed3-de3} {(1 ms. has instead the line:) jice-AG-ma-ju10 ganzer3-ta a-ba-a im-ta-ed3-de3}
176.    arad-da-ni en-ki-du10-e {(1 ms. adds:) [d]gilgamec2} {inim mu-un-ni-ib-gi4-gi4} {(1 ms. has instead:) gu3 mu-un-na-de2-e}
177.    lugal-ju10 er2 e-ne ba-ce8-ce8 {cag4 hul a-na-ac mu-e-dim2} {(1 ms. has instead:) cag4-zu a-na-ac hul ba-gig}
178.    ud-da jicellag-zu kur-ta je26-e ga-mu-ra-ab-ed3-de3
179.    jice-ke4-ma-zu ganzer-ta je26-e ga-mu-ra-ab-ed3-de3
180.    dgilgamec2-e en-ki-du10-ra inim mu-[un-na-ni-ib-gi4]
181.    {tukum-bi ud-da} {(1 ms. has instead:) ud-da} kur-ce3 mu-ni-in-ed3-[de3]
182.    na ga-de5 na de5-ju10 he2-dab5
183.    inim ga-ra-ab-dug4 {inim-ju10-ce3 jectug2-zu} {(1 ms. has instead:) inim-ju10 he2-dab2}
184.    tug2 dan2-dan2-na-zu na-an-mu4-mu4-un
185.    gir5-gin7 jickim na-an-ni-/ib\-e3-ec
186.    i3 dug3-ga bur-ra na-an-ce22-ce22-en
187.    {ir-si-im-bi-ce3} {(1 ms. has instead:) ir-sim-zu-ce3} nam-mu-e-nijin2-nijin2-ne-ec
188.    jicilar kur-ra nam-mu-e-sag3-ge
189.    lu2 jicilar ra-a nam-mu-[e]-nijin2-nijin2-ne-ec
190.    jicma-nu cu-za nam-ba-e-ja2-ja2-an
191.    gidim ba-e-de3-ur4-re-ec
192.    kuce-sir2 jiri3-za nam-mu-e-sig9-ge
193.    kur-ra gu3 nam-mu-un-ja2-ja2-an
194.    dam ki aj2-ja2-zu ne na-an-su-ub-be2-en
195.    dam hul gig-ga-zu nij2 nam-mu-ra-ra-an
196.    dumu ki aj2-zu ne na-an-su-ub-be2-[en ]
197.    dumu hul gig-ga-zu nij2 nam-mu-ra-ra-an
198.    i-dutu kur-ra ba-e-dab5-be2
199.    i3-nu2-a-ra i3-nu2-a-ra
200.    ama dnin-a-zu i3-nu2-a-ra
201.    mur kug-ga-na tug2 nu-um-dul
202.    gaba kug-ga-na gada nu-um-bur2
203.    [cu-si-ni] /urud !\lub-gin7 an-da-/jal2\
204.    [siki-ni ga-rac]/sar\-gin7 i3-guru5-guru5
205.    /en\-[ki-du10] /inim\ lugal-la-na-ac cu nu-um-ma-gid2-[i]
206.    tug2 dan2-dan2-na-ni im-ma-an-mur10
207.    gir5-gin7 jickim im-ma-an-ne-ec
208.    i3 dug3-ga na4bur-ra im-ma-an-cec4
209.    ir-si-im-bi-ce3 {im-ma-an-nijin2-nijin2-ne-ec} {(1 ms. has instead:) gu2 im-ma-jar-re-ec}
210.    jicilar kur-ra im-ma-an-sag3-ge
211.    lu2 jicilar ra-a im-ma-an-nijin2-nijin2-ne-ec
212.    jicma-nu cu-na im-ma-ni-in-jar
213.    gidim ba-an-da-ur4-re-ec
214.    kuce-sir2 jiri3-na im-ma-ni-in-sig9
215.    kur-ra tuku4-tuku4 im-ma-ni-in-jar
216.    dam ki aj2-ja2-ni ne im-ma-an-su-ub
217.    dam hul gig-ga-ni nij2 im-ma-ni-in-ra
218.    dumu ki aj2-ja2-ni ne im-ma-an-[su]-ub
219.    dumu hul gig-ga-ni nij2 im-ma-ni-in-ra
220.    i-dutu kur-ra im-ma-an-dab5
221.    ur-saj dgilgamec2 dumu dnin-[sumun2-na-ke4]
222.    [e2]-kur-re e2 den-lil2-la2-ce3 jiri3-[ni dili mu-un-gub]
223.    [igi] [den-lil2]-la2-ce3 /er2\ [im-ma-ce8-ce8]
224.    [a-a] [d]/en\-lil2 jicellag-ju10 kur-[ce3 mu-da-an-cub jic]/e-ke4-ma\-[ju10] ganzer-[ce3] [mu-da-an-cub]
225.    [en-ki-du10] /ed3\-de3 i3-/gi4\ kur-[re im-ma-an-dab5]
226.    [nam-tar nu-un]-/dab5\ a2-sag3 nu-un-dab5 kur-[re im]-ma-an-dab5
227.    dudug dnergal saj cu nu-[du7] /nu\-mu-un-dab5 kur-re im-ma-an-dab5
228.    ki nam-nitah-a-ke4 me3-a nu-un-cub kur-re im-ma-an-dab5
229.    a-a den-lil2 inim-bi nu-mu-de3-gub eridugki-ce3 ba-jen
230.    eridugki e2 den-ki-ka3-ce3 jiri3-ni dili mu-un-gub
231.    igi den-ki-ka3-ce3 er2 im-ma-ce8-ce8
232.    a-a den-ki jicellag-ju10 kur-ce3 mu-da-an-cub jice-ke4-ma-ju10 ganzer-ce3 mu-da-an-cub
233.    en-ki-du10 ed3-de3 i3-gi4-en kur-re im-ma-an-dab5
234.    nam-tar nu-un-dab5 a2-sag3 nu-un-dab5 kur-re im-ma-an-dab5
235.    dudug dnergal saj cu nu-du7 nu-mu-un-dab5 kur-re im-ma-an-dab5
236.    ki nam-nitah-a-ke4 me3-[a] nu-un-cub kur-re im-ma-an-dab5
237.    a-a den-ki inim-bi ba-e-de3-gub
238.    ur-saj cul dutu-ra dumu dnin-gal-e tud-da gu3 mu-na-de2-e
239.    i3-ne-ec2 ab-lal3 kur-ra jal2 u3-bi2-in-taka4
240.    cubur-a-ni kur-ta ed3-de3-mu-na-ab
241.    ab-lal3 kur-ra jal2 im-ma-an-taka4
242.    si-si-ig-ni-ta cubur-a-ni kur-ta mu-/da\-ra-ab-ed3-de3
243.    gu2-ni gu2-da mu-ni-in-la2 ne mu-un-su-ub-be2
244.    en3 tar-re im-mi-in-kuc2-u3-ne
245.    a2 aj2-ja2 kur-ra igi bi2-du8
246.    nu-uc-ma-ab-be2-en gu5-li-ju10 nu-uc-/ma-be2\-en
247.    tukum-bi a2 aj2-ja2 kur-ra mu-ra-ab-[be2-en]
248.    [za]-e tuc-a er2 je26-e ga-tuc ga-/er2\
249.    [X] cu bi2-in-tag-/ga\ cag4-zu ba-e-hul2
250.    [...]-/ci?\-du-un bi2-in-dug4
251.    [... tug2 sumun]-/a\-gin7 uh bi2-in-/tag\
252.    [... ki]-in-dar-ra-gin7 sahar-ra a-ab-si
253.    en-e u8 bi2-in-dug4 sahar-ra ba-da-an-tuc
254.    lu2 dumu-ni 1-am3 igi bi2-du8-am3 igi bi2-du8-am3 a-na-gin7 an-ak
255.    jicgag e2-jar8-a-na ab-du3-a gig-ga i-i
256.    lu2 dumu-ni 2-am3 igi bi2-du8-am3 igi bi2-du8-am3 a-na-gin7 an-ak
257.    ceg12 2-a al-tuc ninda al-gu7-e
258.    lu2 dumu-ni 3-am3 igi bi2-du8-am3 igi bi2-du8-am3 a-na-gin7 an-ak
259.    kucummud dag-si-ke4 a al-na8-na8
260.    lu2 dumu-ni 4-am3 igi bi2-du8-am3 igi bi2-du8-am3 a-na-gin7 an-ak
261.    lu2 ance 4 la2-gin7 cag4-ga-ni al-hul2
262.    lu2 dumu-ni 5-am3 igi bi2-du8-am3 igi bi2-du8-am3 a-na-gin7 an-ak
263.    dub-sar sag9-ga-gin7 a2-ni jal2 bi2-in-taka4 e2-gal si sa2-bi ba-an-ku4-ku4
264.    lu2 dumu-ni 6-am3 igi bi2-du8-am3 igi bi2-du8-am3 a-na-gin7 an-ak
265.    lu2 jicapin-la2-gin7 cag4-ga-ni al-/hul2\
266.    lu2 dumu-ni 7-am3 igi bi2-du8-am3 igi bi2-du8-am3 a-na-gin7 /an\-[ak]
267.    dub-us2 dijir-re-e-ne-ke4 jicgu-za ib2-tuc di-da jic ba-tuku
268.    tiru-e igi bi2-du8-am3 igi bi2-du8-/am3\ a-na-gin7 an-[ak]
269.    pa a-la-la hur-ra-gin7 ub-dug4-ga-a ab-us2
270.    munus nu-u3-tud igi bi2-du8-am3 igi bi2-/du8\-[am3] a-na-gin7 an-/ak\
271.    dugzal-lil2-da-gin7 TI-na i3-gurud lu2 nu-mu-un-hul2-e
272.    juruc tur ur2 dam-na-ka tug2 /nu-ub\-sig9-ge igi bi2-du8-am3 igi bi2-du8-am3 a-na-gin7 an-ak
273.    ec2-cu-/ak\ cu im-mi-du7-un ec2-cu-/ak\-ba [er2 im-mi]-/in\-ce8-ce8
274.    ki-sikil /ur2\ dam-na-ka tug2 nu-ub-sig9-ge igi bi2-du8-am3 [igi bi2]-/du8\-am3 a-na-gin7 an-/ak\
275.    gi-cu-ak cu im-/mi\-du7-un gi-cu-ak er2 mi-in-ce8-ce8
276.    lu2 ibila nu-tuku igi bi2-du8-am3 [igi bi2]-/du8\-am3 a-na-gin7 an-/ak\
277.    ceg12 jicKID-ra-gin7 ninda al-gu7-e
278.    X [... igi] /bi2-du8\-am3 a-na-gin7 an-ak
279.    [...] UM X [(X)]

6 lines missing
286.    lu2 [...] /BA?\ [... igi bi2-du8-am3]
287.    u2-ni /al\-[bar a-ni al-bar u2 gid2 al-gu7-e] a /gid2 al-na8\-na8

{

(1 ms. adds 4 lines:)
287A.    /lu2\ ur-mah-e gu7-a [igi] /bi2\-du8-am3
287B.    [a] cu-ju10 a jiri3-ju10 /gig\-[ga]-/bi\ im-me
287C.    lu2 ur3 cub-ba /igi\ [bi2]-du8-am3
287D.    [jiri3]-pax(PAD)-ra2-ni /cu\ [NE nu]-ub-be2-ec

}
288.    lu2-sahar-cub-ba igi /bi2-du8\-am3
289.    gud-gin7 al-dub2 uh im-da-gu7-e
290.    lu2 me3-[a] cub-ba igi bi2-in-[du8-am3 igi bi2-du8-am3] a-na-gin7 /an\-[ak]
291.    ad(source: KI) ama-ni saj-[du nu]-/mu\-un-dab5 dam-a-ni er2 i3-ce8-/ce8\
292.    gidim lu2 ninda sig10-ge5 nu-tuku igi bi2-du8-/am3\ [igi bi2]-/du8-am3\ [a-na-gin7] an-ak
293.    cu su-ub-be2 ninda pad-pax(PAD)-ra2 PA-a sila cub-ba i3-gu7-e

{

(1 ms. adds 2 lines:)
293A.    [...] X A igi /bi2\-[du8-am3]
293B.    [...] X [...] X [...]

}
294.    lu2 jicma2-du3 ra {(1 ms. adds:) u3-ni-in-cu2-cu2} igi bi2-du8-am3 [a]-/na\-gin7 an-ak
295.    a2-ce ama-ju10 lu2 he2-en-na-ab-[be2]
296.    jicma2-du3 bur12-ra-ni a he2-em-mi-dib-/be2?-ec\
297.    jicsaj-du ninda pad-pax(PAD)-ra2-ni nij2 mu-ni-gu-ul-e
298.    nijin3-jar tur-tur-ju10 ni2-ba nu-zu igi bi2-du8-am3 igi bi2-du8-am3 a-/na\-gin7 an-ak
299.    jicbancur kug-sig17 kug-babbar lal3 i3-nun-ta e-ne im-di-e-ne
300.    lu2 ug7-/am3?\ (X) X-na i3-uc2 /igi\ bi2-du8-am3 /igi\ [bi2-du8-am3] a-na-gin7 an-ak
301.    ki jic-nu2 dijir-re-e-na al-nu2
302.    lu2 izi la2 igi bi2-du8-am3 igi nu-/mu\-ni-du8-am3
303.    gidim-a-ni nu-jal2 i-bi2-ni an-na [ba]-e-ed3

 

A version from Urim (UET 6 58)

 

1.    (= c1814.1.287C) lu2 ur3-ta cub-ba igi /bi2\-[du8-am3] igi i-ni-/in\-du8-/am3\ [a-na-gin7 an-ak]
2.    (= c1814.1.287D) jiri3-pax(PAD)-ra2-ni cu NE nu-/ub-be2\-[ec]
3.    lu2 dickur-ra /jiri3-bal\ mu-ni-in-[ra]-ra igi bi2-du8-am3 igi i-ni-du8-am3 a-na-[gin7 an-ak]
4.    (= c1814.1.289) gud-gin7 al-dub2 uh im-da-gu7-[e]
5.    (= c1814.1.288) lu2-sahar-cub-ba igi bi2-du8-am3 igi i-ni-/du8-am3\ a-na-gin7 an-/ak\
6.    (= c1814.1.287) u2-[ni al]-/bar\ a-ni al-bar u2 gid2 al-gu7-e a gid2 al-na8-na8
7.    iri bar-ra-a al-tuc
8.    lu2 /inim\ ama a-a-na-ke4 ni2 nu-tej3-je26-dam igi bi2-du8-am3 /igi i\-ni-du8-am3 a-na-gin7 an-ak
9.    a ni2-ju10 a jic-/ge-en\-na ceg10 gi4 nu-ub!-gul-e
10.    lu2 ac2 ama a-a-na-ke4 sa2 bi2-/dug4-ga\ igi bi2-du8-am3 igi i-ni-du8-am3 /a-na\-[gin7] /an\-ak
11.    ibila ba-da-kar gidim-ma-ni cu al-[dag]-/dag\-ge
12.    lu2 mu dijir-/ra\-[ni] saj bi2-in-[X]-la igi bi2-/du8\-[am3 igi] /i\-ni-du8-/am3\ [a]-/na\-gin7 <an>-ak
13.    gidim-ma-ni X [...] X [...]
14.    (= c1814.1.292) gidim lu2 ninda sig10-ge5 [nu]-tuku [igi bi2]-/du8\-am3 igi i-ni-du8-am3 [a]-/na\-gin7 an-/ak\
15.    (= c1814.1.293) /cu\ su-ub-be2 utul2-a ninda /pad\-[pax(PAD)]-ra2 PA sila cub-ba i3-gu7-e
16.    (= c1814.1.298) [nijin3-jar tur-tur]-ju10 ni2-ba nu-zu igi bi2-du8-am3 /igi\ i-ni-du8-am3 a-na-gin7 an-ak
17.    (= c1814.1.299) /jicbancur kug-sig17 kug\-babbar lal3 i3-nun-na e-ne im-da-e-ne
18.    (= c1814.1.302) lu2 izi la2 igi bi2-du8-am3 igi nu-mu-/na-du8-am3\
19.    (= c1814.1.303) i-bi2-ni an-na ba-a-ed3-am3 gidim-a-ni ki-a nu-ub-tuc
20.    lu2 dijir lul-lul sig10-/ge5\ nam-erim2 ba-an-kud igi bi2-du8-am3 igi i-[ni]-/du8\-am3 a-na-gin7 an-ak
21.    ki-a-naj saj kur-/ra\-[ke4 ...] X-ra-ah? naj-a /i3-naj\-e
22.    dumu jir2-suki a /il2?-il2?\ a-a-na u3 ama-na igi bi2-du8-am3 [igi] /i\-ni-du8-am3 a-na-gin7 [an-ak]
23.    igi lu2 1-ta-am3 li-im dumu mar-tu-me-/ec\ gidim-a-ni cu la-ba-an-ta-ra-ra gaba nu-ci-dub-/bu\
24.    dumu mar-tuki-a ki-a-naj saj kur-ra-ke4 igi-ba bi2-ib2-dab5-be2-en
25.    dumu ki-en-gi ki-uri-ke4 igi bi2-du8-am3 igi i-ni-du8-am3 a-na-gin7 an-/ak\
26.    a ki-lul-la a lu3-a bi2-ib2-naj-me-ec
27.    a-a-ju10 u3 ama-ju10 me-a se12-[me]-/ec\ igi bi2-du8-am3 igi i-ni-du8-/am3\ [a-na-gin7 an-ak]
28.    [2]-a-ne-ne-ne a ki-/lul\-[la a lu3-a] bi2-/ib2-naj\-[me-ec]

 

Another version from Urim (UET 6 59)

 

Segment A

1.    (= c1814.1.294) [lu2] jicma2-du3 ra igi bi2-[du8] a-na-gin7 i3-/jal2\
2.    (= c1814.1.295) /a2\-ce3 ama-ju10 lu2 he2-en-na-ab-/be2\ TI bur12-ra-ni a
3.    (= c1814.1.297) /jic\saj-du ninda pad-pax(PAD)-ra2-/ni\ a bi2-ib-gul-la-[(X)]-a
4.    (= c1814.1.287A) /lu2\ ur3-ta cub-ba igi bi2-du8 a-na-gin7 i3-jal2
5.    (= c1814.1.289) [gud]-gin7 al-cub uh im-da-ab-/gu7\
6.    [lu2] /ac2!\ ama-na-ke4 sa2 bi2-in-dug4-ga [igi] /bi2\-du8 a-na-gin7 i3-/jal2\
7.    /ibila\ ba-an-da-kar [gidim-a]-/ni cu al\-ja2-ja2X-X-ke4
8.    [lu2 inim] a-a-na u3 ama!-na [ni2] /nu-tej3-je26-dam\ igi bi2-du8 [a-na-gin7] i3-jal2
9.    [...] X X X [X]

unknown no. of lines missing

 

Segment B

1.    (= c1814.1.287) [u2-ni al-bar a]-ni [al-bar u2 gid2] al-[gu7-e] a [gid2 al-na8-na8]
2.    (= c1814.1.290) [lu2 me3-a] cub-ba igi bi2-[du8] a-na-gin7 [i3-jal2]
3.    (= c1814.1.291) [ad ama-ni] saj-du nu-dab-/dab\-[be2]-/ne\ dam-a-ni er2 ba-ni-ce8?-ce8?
4.    [...] X NA X NA [...]-ma igi bi2-du8 a-na-gin7 i3-jal2
5.    [...] X-ta cu-ta IM X KI
6.    (= c1814.1.292) [gidim lu2 ninda] ki-sig10-ga nu-tuku [igi] /bi2\-du8 [a-na-gin7] i3-jal2
7.    (= c1814.1.293) [cu su-ub-be2] ninda pad(source: JAR)-pax(PAD)-ra2-a-ni [sila] /cub\-ba i3-gu7-/e\
8.    (= c1814.1.298) [nijin3]-jar-ra tur-/tur\-[ju10] /ni2\-bi nu-zu [igi bi2-du8] a-na-/gin7\ [i3-jal2]
9.    (= c1814.1.299) /jic\bunij(SUG) /kug\-[sig17 kug-babbar lal3 i3-nun-na e-ne im-di-e-ne ]
10.    (= c1814.1.302) /lu2\ izi X [igi bi2-du8] igi <nu-mu-ni-du8>
11.    (= c1814.1.303) <gidim-ma-ni nu-jal2 i>-bi2-/ni an\-[na ba-e-ed3]

 

A third version from Urim (UET 6 60)

 

1.    [unugki] /im-mi-gi4-gi4\-[ne]
2.    /iri\-bi im-mi-gi4-gi4-/ne\
3.    /jic !\cu-kar2 a2-kar2-ra-ke4 pa-a-cu a2-gid2-[da] da-da-ra-ce3 mi-ni-in-/kur9\
4.    e2-gal-la-na hul2-/hul2\-la mi-ni-in-jar
5.    juruc ki-sikil unug-gaki saj-tuku /bur-cum2\-ma /kul\-[abaki]
6.    alan-bi igi mu-un-bar-bar-re-ne im-ma-hul2-hul2-la
7.    dutu agrun-na-ta e3-a-na? saj «mu-un-na» mi-ni-in-il2!
8.    a2-bi mu-un-da-an-aj2
9.    a-a-ju10 u3 ama-ju10 a /si-ig-ga naj-ze2-en\
10.    ud nu-mu-un-da-sa9 am3-da-dirig aga3-bi in-ci-in-tag-ne
11.    dgilgamec2-e ki hul-a ba-an-cub
12.    ud 9-kam ki hul-a ba-an-cub
13.    /juruc\ ki-sikil unugki-ga saj!-tuku /bur\-cu-ma /kul\-abaki er2 ba-ce8-ce8
14.    bi2-in-dug4-ga-gin7-nam
15.    dumu jir2-suki-a zag bi2-in-tag
16.    a-a-ju10 u3 ama-ju10 a si-ig-ga naj-ze2-en
17.    ur-saj dgilgamec2 dumu dnin-sumun2-ka za3-mi2-zu dug3-ga-am3

 

A version from Me-Turan


Segment A

1.    [...] /im-ma-nijin2\-ne-ec
2.    [...] ma-an-il2 gidim mu-un-da-e-re
3.    [...] im-ma-ni-/in\-jar
4.    [...] X-bi im-/ma\-ja2-ja2
5.    [dam ki aj2-ja2-a-ni] / ne?\ im-ma-ni-su-/ub \
6.    [dam] /hul\ [gig]-/ga-a-ni\ im-ma-ni-ib-ra
7.    [dumu] ki aj2-[ja2-a-ni ne] /im\-ma-/ni-su\-ub
8.    /dumu\ hul /gig\-ga-a-ni [im-ma]-/ni\-ib-/ra\
9.    i-dutu-bi kur-ra ba-e-dab-/be2\
10.    ud hul-jal2-da en-na /ud\ 7-/na\-ce3
11.    cubur-ra-a-ni den-ki-du10-ra kur-ta nu-mu-un-ed2-de3
12.    lugal-e i-lu mu-un-na-ab-be2 /er2 gig\ cex(A.IGI)-cex(A.IGI)
13.    cubur cag4-ga-a-ju10 tab-ba gen6-/na\-[a-ju10] /ad\ [gi4]-/gi4\-a-/ju10\ kur-ra /im?\-[ma-an-dab]
14.    nam-tar nu-dab a2-sag3 nu-/dab kur-ra im\-ma-/an\-[dab]
15.    dudug dnergal saj [X] X /nu-dab\ kur-ra /im-ma\-[an]-/dab\
16.    /ki nam\-X me3 nu-un-cub kur-ra /im-ma-ab\-dab
17.    e2-kur-ra e2 [den]-/lil2-la2\-[a]-/ce3\ jiri3-ni dili mu-un-gub
18.    igi dmu-ul-lil2-la2-ce3 KA /DI?\ X X MA? X /ba?\-gub
19.    jicellag-a-ju10 /kur-ta\ [mu]-/un\-[da]-cub
20.    jice-AG-a-ju10 ganzerx(KUR.ZA.KUR.ZI)-da mu-/un-da-cub\
21.    den-ki-du10 ed2-de3 /ed3?-de3?\
22.    [cubur] /cag4\-ga-a-ju10 tab-ba gen6-na-a-ju10 /ad gi4\-gi4-a-/ju10\ [kur-ra im]-/ma-an-dab?\
23.    [nam-tar nu-dab] /a2\-sag3 nu-dab kur-/ra\ [im-ma-an-dab]
24.    [...] X X X nu-/dab kur\-[ra im-ma-an-dab]

unknown no. of lines missing

 

Segment B

1.    [lu2 dumu 1-am3 igi] /bi2\-du8-a
2.    [a-na-gin7] /i3\-jal2
3.    [...] gig-ga (X) i
4.    [lu2] /dumu\-ne 2-/am3 igi\ bi2-du8-a
5.    [a-na-gin7] i3-jal2
6.    [...] X a-ab-tuc [(...)]
7.    [lu2 dumu]-/ne?\ 3-am3 igi bi2-du8-a
8.    [a-na-gin7] i3-jal2
9.    [...] a mu-na8-na8
10.    [lu2 dumu-ne 4-am3] igi bi2-du8-a
11.    /a\-na-/gin7\ i3-jal2

{

(1 ms. adds 1 line:)
11A.    lu2 /ance\ [4 la2-gin7]

}
12.    /cag4-ga-ni\ al-dug3(source: KAM)
13.    [lu2 dumu-ne 5]-/am3\ igi bi2-du8-a
14.    /a\-[na-gin7] i3-[jal2]
15.    dub-sar sag9-/ga\-gin7 a2-ni jal2 bi2-in-/taka4\
16.    e2-gal / si\ [sa2-bi ba-an-ku4-ku4]
17.    [lu2] dumu-ne 6-/am3\ igi [bi2-du8-a]
18.    [a-na]-/gin7\ i3-jal2
19.    [lu2 jic]apin il2-la-gin7 cag4-/ga\-ni al-dug3
20.    [lu2 dumu]-/ne\ 7-am3 igi [bi2-du8-a]
21.    [a-na-gin7] i3-jal2
22.    [dub-us2 dijir]-re-/e\-ne jicgu-za ib2-tuc /di-da\ jic ba-an-/tuku\
23.    [lu2 ibila nu]-/tuku\ igi [bi2-du8-a]
24.    [a-na-gin7] i3-jal2
25.    [...] ninda i3-gu7-e

approx. 3 lines missing
29.    [...] X [...] /igi\ [bi2-du8-a]
30.    [a-na-gin7] i3-[jal2]
31.    [...] X a na8-na8
32.    [...]-am3 igi bi2-du8-a
33.    [a-na]-/gin7\ i3-jal2
34.    [...] X HAR im-da-ab-gu7-e
35.    lu2 /ur?\-e gu7-a igi bi2-du8-a
36.    a-na-gin7 i3-jal2
37.    a2 /cu-ju10\ a2 jiri3-ju10 a2 [...]
38.    lu2 dimgul <ra> igi [bi2-du8-a]
39.    a-na-gin7 i3-[jal2]
40.    a2-ce3 ama-ju10 lu2 mu-na-be2
41.    jicgag-e du3-/du3?\ [...]
42.    nij2-gu7-e /saj-du\ ninda bad-bad-de3 nij2 gul-gul [...]
43.    munus nu-u3-/tud\ [(...)] igi /bi2\-[du8-a]
44.    a-na-gin7 i3-/jal2\
45.    dug/sahar?\ X-/ga?\ til3-la in-cub lu2 /na\-[me nu-mu]-ci-la2-e
46.    juruc tur /ur2 dam\-na-ke4 tug2 nu-sig9-ga igi [bi2]-du8-a
47.    a-na-gin7 i3-jal2
48.    gi-cu-ak-a cu mi-ni-du8 /ugu\ gi-cu-ak-a gig I [...]
49.    ki-sikil tur ur2 dam-na-ke4 jicdala2 nu-du10 igi bi2-du8-a
50.    a-na-gin7 i3-jal2
51.    tug2ec5-tab-ba cu im-mi-du8 ugu ec5!-tab-ba-a gig-ga i
52.    lu2 AN ni2 buluj5-ja2 igi bi2-du8-a
53.    a-na-gin7 i3-jal2
54.    gud-gin7 im-gam HAR im-da-gu7-e
55.    lu2 ur3 cub-ba igi bi2-du8-a
56.    a-na-gin7 i3-jal2
57.    jiri3-pad-a-ni X X /gidim?\-a-ni di in-du8-a igi /bi2\-[du8-a]
58.    a-na-gin7 [i3-jal2 ...]
59.    lu2-sahar-cub-ba igi bi2-du8-a a-/na-gin7 i3\-[jal2]
60.    a al-bar-ra u2 al-bar-ra
61.    udug di in-du8 bar-bi-a im-tuc
62.    nijin3-ju10 nu-/sa4\-am3 igi bi2-du8-a
63.    a-na-gin7 i3-jal2
64.    jic/bancur kug\-[sig17 kug-babbar ...] X-e-ne [im-di-e-ne]
65.    lu2 izi X /la2\ igi nu-/bi2\-du8-[a]
66.    a-na-ac-am3 /gu5-li\-a-ju10 nu-bi2-in-tar [(...)]
67.    en3-bi in-tar gu5-li-a-ju10
68.    /gidim\-a-ni kur-ta [X] X X /e?-bi?\-da an-e ba-e
69.    /cag4\ ba-sag3 /mu-ra\-a-/ni\ ba-uc2
70.    lugal-[e (...)] nam-til3-la i3-/kij2\-[kij2]
71.    en-e kur /lu2 til3\-la-ce3 /jic-tug2jectug-ga\-[ni] /na\-an-gub

 

Print sources
Alster 1983: commentary, translation (ll. 201, 203)
Attinger 1993, p. 37: commentary (adds to the list of mss. in Shaffer 1963)
Cavigneaux and Al-Rawi 2000a: score transliteration, translation, photograph, handcopy, commentary
George 1999, p. 175-195: translation
Koefoed 1983: commentary
Pettinato 1992, p. 329-342, 409-412: translation
Römer 1986, p. 36-45: translation, commentary (ll. 231-303)
Römer 1989a, p. 713-715: translation, commentary (ll. 16-35)
Shaffer 1963: commentary, translation, composite text, handcopy
Tournay and Shaffer 1994, p. 249-274: translation

Electronic sources
Civil 1989f: composite text
George 1998: score transliteration
Krecher 1996a: composite text, translation

Cuneiform sources
BM 54325 + BM 54900 + BM 99876 (CT 58 54)
CBS 9869 (SEM 22)
CBS 10400 (Shaffer pl. 10)
CBS 10450
CBS 13116 (HAV 11)
CBS 13121 (HAV 12) + N 3137 ***
CBS 14068 (SEM 21; photo Kramer SM pl. 8; FTS fg. 38)
CBS 15150 + CBS 19950 (both photo FTS fg. 69) + UM 29-13-438 + N 3280 + N 3474 + N 3634 (all except N 3280 pl. 5f.)
HS 1445 (TMH NF 3 13)
HS 1482 (TMH NF 3 14) + HS 2502 + HS 2612 + HS w/n (WK 21)
N 1452 (Shaffer pl. 1) + N 1752 + N 1772
N 1470 (Shaffer pl. 11)
N 1867
N 2696 + N 3162 + UM 29-16-463 (last two Shaffer pl. 10)
N 3311
N 4209
Ni 2270 (BE 31 55)
Ni 2378 (BE 31 55)
Ni 2513 (SRT 39)
Ni 4249 (SLTN 5; Kramer SM pl. 8)
Ni 4354 (ISET 2 54; pl. 4)
Ni 4507 (ISET 2 52; pl. 4)
Ni 4585 (ISET 1 91)
Ni 9626 (ISET 2 51)
Ni 9744 (ISET 2 53; pl. 4)
Ni 9847 (ISET 1 103)
UET 6 55
UET 6 56 = U 9634 (RA 30 128f.)
UET 6 57 = U 16874
UET 6 58 = U 16878
UET 6 59
UET 6 60
UET 6 *18 + UET 6 *192 + UET 6 *301
UET 6 *19
UET 6 *134 + UET 6 *298
UET 6 *284 = U 5635
UM 29-13-536 (pl. 11)
UM 29-15-847
UM 29-15-993 (Shaffer pl. 9)
UM 29-16-58 (Kramer FTS fg. 70)
UM 29-16-740
3N-T124 = IM 58343 (Shaffer pl. 7)
3N-T381 = IM 58453 (Shaffer pl. 2) + 3N-T909y = A 33276
3N-T496 = A 30251
3N-T557 = IM 58550 (Shaffer pl. 3)
3N-T902, 66
3N-T902, 95
3N-T903, 124
3N-T903, 132
3N-T905, 190 (Shaffer pl. 10) + 3N-T907, 262
3N-T905, 198 (Shaffer pl. 2)
3N-T906, 228
3N-T908, 292
3N-T908, 302
3N-T918, 443
3N-T923, 498
3N-T923, 500
3N-T927, 527 (Shaffer pl. 11)
UET 6 *30

 

Copyright © Black, J.A., Cunningham, G., Fluckiger-Hawker, E, Robson, E., and Zólyomi, G., The Electronic Text Corpus of Sumerian Literature (http://www-etcsl.orient.ox.ac.uk/), Oxford 1998