Le premier des cinq traités que contient le codex VII de Nag Hammadi s'intitule la Paraphrase de Sem. L'écrit est constitué principalement d'une apocalypse dont le cadre narratif décrit l'enlèvement du visionnaire, Sem, le fils de Noé (1, 5b-l6a), puis sa transformation en un être céleste au terme de son expérience extatique (41, 21b-42, 11a). La révélation, transmise par Derdekeas, le Fils de la Grandeur, s'ouvre par un long récit cosmogonique et anthropogonique (1, 16b-24, 29a) auquel fait suite une interprétation de l'histoire du salut centrée sur le déluge (24, 29b-28, 8a), la destruction de Sodome (28, 8b-30, 4a), le baptême du Sauveur (30, 4b-38, 28a) et sa remontée dans les sphères célestes par le moyen de sa crucifixion (38, 28b-40, 31a). Une adresse à Sem en vue de sa mission sur la terre clôt cet enseignement (40, 31b-41, 21a).
À cette apocalypse ont été greffés un premier discours eschatologique prononcé par Derdekeas (42, 11b-45, 31a), une description de la montée de Sem dans les sphères (45, 31b-47, 32a), un second discours eschatologique de Derdekeas (47, 32b-48, 30a) et, en guise de conclusion à l'ensemble du traité, une ultime adresse à Sem (48, 30b-49, 9). Le présent volume constitue la première interprétation d'ensemble de ce texte réputé pour sa complexité et son apparente incohérence. L'introduction, très élaborée, analyse le manuscrit, la langue de l'écrit, son genre littéraire, les procédés narratifs utilisés par l'auteur et propose un plan détaillé. L'étude poussée du système montre que le traité met en oeuvre une vision du monde cohérente dont les données sont puisées dans la Bible, le stoïcisme et le moyen platonisme, avant tout celui de Numénius d'Apamée et des Oracles chaldaïques. Il emprunte aussi beaucoup d'éléments aux autres systèmes gnostiques connus, notamment au valentinisme, mais la synthèse finale reste tout à fait originale et anticipe sous plusieurs aspects le manichéisme.
Nous ne possédons aucun renseignement direct concernant la provenance de l'oeuvre et de son auteur. Cependant plusieurs indices fournis par le texte lui-même, notamment ses liens avec Bardesane d'Édesse et Mani, nous orientent en direction de la Syrie orientale. Sa rédaction se situe à une époque où les grands systèmes gnostiques étaient déjà bien établis et alors que la polémique contre la Grande Église était à son apogée, c'est-à-dire dans la première moitié du IIIe siècle. On a rapproché la Paraphrase de Sem du traité intitulé la Paraphrase de Seth auquel renvoie Hippolyte dans sa notice sur les séthiens (Elenchos, V, 19-23). Cependant, une comparaison minutieuse des deux systèmes révèle que les quelques rapports que peuvent entretenir les deux systèmes au plan de la terminologie et des images s'expliquent par un même milieu culturel. Aucun des deux textes n'a pu servir à l'autre de fondement et il est également inutile de recourir à une source commune ou à une même école pour expliquer leurs quelques ressemblances.
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