Sources - Mégalithe
♦Livre♦
Chercheur : Simon Delvaux
Études sur le traîneau en Égypte à l'Ancien Empire. Volume I et II. (2009)
Un autre travailleur intervenant régulièrement est le verseur d’eau. Si, avec quarante-deux exemples connus, il très fréquemment représenté, il n’est clairement identifié qu’à neuf reprises. De façon générale il est un "contrôleur", mais s’ajoutent toujours à ce titre des précisions. Il peut ainsi être "contrôleur d’équipe" (scènes 21, 23, 26, 27, 28), "contrôleur d’équipes" (scène 33) et enfin, "contrôleur d’équipe du domaine funéraire" (scènes 34 et 35.). À l’Ancien Empire, son geste, en plus d’être totalement utilitaire, est un véritable geste technique. Si plusieurs scènes témoignent de cette précision, les plus intéressantes proviennent du mastaba de Ty (scènes 33 à 35) où, dans des représentations voisines les unes des autres, la variété de postures du contrôleur démontre que l’on a bien ici affaire à des gestes techniques que le ou les dessinateurs ont souhaité retranscrire de façon précise.12
S’il est difficile aujourd’hui de savoir pourquoi les verseurs d’eau adoptaient tel ou tel geste et en quoi ces derniers agissaient de façons adaptées sur la lubrification du sol, ils témoignent qu’apporter de l’eau pour favoriser le glissement devait répondre à des ‘blocages’ bien précis et n’être fait que de manière ponctuelle. D’ailleurs, lorsqu’il est présent, le traîneau est souvent représenté à l’arrêt, le contrôleur (scènes 4 à 6 et 20) ou un haleur (scène 24 à 29) écarte la corde – qui n’est donc pas sous tension – pour verser l’eau. Un seul contrôleur peut dès lors agir sur plusieurs traineaux d’un même convoi (scène 37, 38 et 43). Toutefois, il semble que parfois sa présence soit requise de manière continue. C’est notamment le cas chez Ptahshepsès (scène 21), où le contrôleur est figuré installé à l’avant du traîneau. Les autres scènes du mastaba (scènes 22-23) le figurant debout, il y a de fortes raisons de penser que le contrôleur de la scène 21 devait agir ainsi sur une période longue, à un moment où la route était moins praticable, voire sur la totalité du trajet. Il agit de même dans la scène de transport d’une statue colossale conservée dans la tombe de Djéhoutyhotep (scène 51). Très intéressante, cette représentation nous montre le verseur d’eau debout à l’avant du traîneau, en train de verser le contenu d’une jarre. Il est approvisionné par plusieurs hommes13 qui accomplissent leur tâche à l’aide de palanches.
Au personnel vu précédemment s’ajoutent de nombreuses personnes – danseurs, encenseurs, prêtres, etc. – dont la présence était probablement aussi importante dans l’esprit d’un ancien Égyptien que celle des haleurs. S’il y aurait beaucoup à dire sur eux, il nous a semblé préférable de nous concentrer ici sur le personnel ayant une implication ‘concrète’ dans le bon déroulement du halage.
Les modes de transport terrestre en Égypte (2015)
27. l’avant, comme dans la scène provenant de la tombe de Sobeknakht, un prêtre verse de l’eau. Cette présence rappelle le geste des hommes qui, à l’avant des traîneaux, versent de l’eau pour en faciliter le glissement. Et si le rôle du verseur d’eau a longtemps été discuté, son utilité pratique est réelle (Fall et alii, 2014), à l’inverse des scènes des tombes de Sobeknakht ou Nakhtamon où son geste n’est que rituel.
Introduction à la TRIBOLOGIE - Noël Brunetière
L’illustration de la figure 5 est encore plus âgée et présente cette fois des Égyptiens déplaçant également une statue. On remarque sur l’avant de la sculpture qu’une personne verse un liquide entre la statue et le sol. Ce liquide sert très certainement de lubrifiant permettant de réduire les frottements. Ces deux exemples montrent que bien que le mot tribologie soit relativement récent, les enjeux de cette science ont été pris en considération depuis longtemps.