Le mot Autisme devrait s’écrire Hautisme, avec un H majuscule, pour le côté Hautement Humain des percées de mon frère Salvador dans notre monde.

Moi qui déambule dans ma vie, mes rancunes en bandoulière, au travers ma famille de perturbés que je vous amène découvrir, il me faut bien avouer que le système de valeurs non contaminé, que mon frère porte en blason, a de quoi me chavirer. Lorsque vous aurez fait la connaissance de Victor mon père, le général qui a abdiqué comme père, de Sarah ma mère vibrante de bonté et débordante de culpabilité, de Margot ma soeur de seize ans disjonctée sauf de la vulgarité, de mon frère Fédérico et de ses tentatives de suicide, de Mae mon autre soeur confinée dans son complexe d'Électre, vous penseriez avoir fait le tour ? Que non, se joint au troupeau, mon suave grand-père acadien dont le langage coloré mériterait qu'on le classe comme faisant partie du patrimoine linguistique.

Il m’est difficile d’envisager mon existence sans Salvador, c’est comme m’imaginer vivre dans un monde sans couleurs. Mon frère, mon Dali, peint ses toiles et enlumine mes horizons. Les facettes de son être, tels les petits fragments de miroirs d'un kaléidoscope, fractionnent mes comportements, me renvoient mes incohérences et réverbèrent les couleurs que j'étais incapable de voir, étant beaucoup trop plongé dans mes noirceurs.

Je plains tous ceux qui à cause de préjugés, se privent des joies de partager des moments privilégiés avec des autistes.
Zachary.