Le traité intitulé Marsanès est un discours de révélation donnant le compte rendu d'un voyage dans l'au-delà d'un prophète et didascale dénommé Marsanès et affilié à une aile non chrétienne du mouvement gnostique séthien. Composé originellement en grec vers la fin du IIIe ou le début du IVe siècle, probablement à Alexandrie, ce traité reflète des traditions mythologiques qui sont exposées de façon plus ample et plus précise dans les textes appartenant au groupe des textes séthiens platonisants, notamment Allogène et Zostrien. La manière dont Marsanès reprend ces traditions mythologiques permet de le situer au terme de l'évolution littéraire attestée par ces textes.
Marsanès constitue à lui seul le Codex X de Nag Hammadi et il est l'un des plus mal préservés des cinquante-quatre traités qu'on y trouve. L'intention du traité est d'établir l'autorité de Marsanès comme prophète, voyant et chef spirituel de sa communauté, et de présenter un enseignement détaillé sur les principes premiers de la théologie séthienne, notamment sur la nature et la destinée de l'âme. Ce dévoilement des différents niveaux de la réalité repose sur la mise en oeuvre d'un procédé typique de l'apocalyptique, à savoir l'ascension du voyant jusqu'à la source ultime de l'être. Ce qui est particulier à Marsanès, c'est son souci de révéler les "appellations" correctes des anges et des dieux, ainsi que des puissances planétaires et cosmiques qui contrôlent la destinée de l'âme, d'où un intérêt très grand pour les catégories grammaticales et astrologiques. D'autre part, le traité est parsemé d'exhortations qui montrent bien la relation établie par l'auteur entre la connaissance qu'il communique à ses auditeurs et leur accès au salut. Dans ce sens, nous nous trouvons en présence d'un discours religieux et non seulement philosophique, caractéristique que les traités gnostiques partagent avec d'autres textes contemporains, notamment les Hermetica. Le traité Marsanès présente une dette très grande envers la tradition grecque, qu'il s'agisse des théories grammaticales, des spéculations astrologiques et arithmologiques ou de la philosophie. Sur ce dernier plan, Marsanès se révèle étonnamment proche de philosophes néoplatoniciens comme Jamblique et Théodore d'Asinée.
L'introduction en anglais est rédigée par J.D. Turner, le texte copte est édité par W.-P. Funk et traduit en français par P.-H. Poirier qui signe également le commentaire en français.
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