Après neuf ans de travail comme infirmière, je suis devenue le buvard qui s'imbibe du chagrin de mes patients, le caméléon qui adopte les couleurs de leurs émotions. Je ne parviens plus à rester campée dans l'empathie, dans cette capacité de ressentir la détresse sans y basculer. J'ai chuté dans la sympathie et fusionne avec eux et leurs familles.
De plus, surcharge, heures supplémentaires obligées, harcèlements, inondent mon travail. Suis-je apte à poursuivre dans cette profession ?
Ma vie personnelle module sur une portée de notes voyageant de l’exubérant allegro au déchirant tristamente. Saurai-je maintenir la cadence, intercaler mes hautes modulations à mes fréquentes basses fréquences pour tout simplement suivre la musique de ma vie sans devenir une fausse note par mes désaccords ?
Clémence
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