By Anarkia333 |
1960
627

Le Matin des magiciens, introduction au réalisme fantastique est un livre de Louis Pauwels et Jacques Bergier publié en octobre 1960 et se présentant comme une « introduction au réalisme fantastique ».

Présentation
Cet ouvrage de plus de 500 pages dans son édition originale se présente comme un récit, « parfois légende et parfois exact », consacré à « des domaines de la connaissance à peine explorés » « aux frontières de la science et de la tradition ». Son contenu aborde des thèmes aussi divers que l'alchimie, les sociétés secrètes, les civilisations disparues, les récurrences insolites, les religions et les sciences occultes ou l'ésotérisme. Il repose sur des témoignages anciens (comme les manuscrits de la mer Morte), des recherches et des livres d'auteurs reconnus ou méconnus, des articles de revues spécialisées et des ouvrages de science-fiction ou de littérature fantastique. Ce livre, véritable phénomène éditorial, vendu à un million d’exemplaires, a remis au goût du jour le réalisme fantastique, inspiré la revue Planète, et la collection L’Aventure mystérieuse, où Jacques Bergier publiera plusieurs ouvrages.

Principaux thèmes et organisation du livre
Le thème central de ce livre repose sur l'idée qu'une quantité de connaissances scientifiques et techniques, dont certaines proviennent de civilisations extraterrestres, ont été tenues secrètes pendant les grandes périodes de l'histoire, et que l'homme est appelé à devenir un surhomme. Pour les auteurs, le fantastique n'est pas « l’apparition de l’impossible » mais « une manifestation des lois naturelles » quand elles ne sont pas « filtrées par le voile du sommeil intellectuel, par les habitudes, les préjugés, les conformismes ».

Le Matin des magiciens se compose de trois parties :

  • « Le futur antérieur », qui critique le « scientisme » du xixe siècle et évoque l'idée d'une « société internationale et secrète, groupant des hommes intellectuellement très avancés », société qui se formerait d'elle-même, et aborde le thème des civilisations disparues et de l'alchimie.
  • « Quelques années dans l’ailleurs absolu », qui s'attache à démontrer les origines occultes du nazisme et la contribution de l'ésotérisme à des théories scientifiques, dans le but de donner un exemple d'application des méthodes du réalisme fantastique. Il évoque longuement les théories de la Terre creuse.
  • « L’homme, cet infini », consacrée aux capacités mentales de l'homme, à la parapsychologie, à la télépathie, à « l’esprit magique » et aux « mutants ».
  • Le livre contient une version raccourcie d'Un cantique pour Leibowitz de Walter M. Miller, un récit post-apocalyptique nucléaire.

Autour du livre
Ce projet vient de la rencontre entre le journaliste et écrivain Louis Pauwels, et l'ingénieur chimiste Jacques Bergier, passionné par toutes sortes de mystères. La mise en forme du livre nécessite cinq années, sur la base d'une volumineuse documentation. L'objectif des auteurs est alors d'éveiller la curiosité du public : « Il y aura sans doute beaucoup de bêtises dans notre livre, répétons-le, mais il importe assez peu, si ce livre suscite quelques vocations et, dans une certaine mesure, prépare des voies plus larges à la recherche ».

Soutenus par certains, dont le sociologue Edgar Morin qui publie des articles favorables dans Le Monde, vitupérés par l’Union rationaliste qui les attaque dans l'ouvrage collectif Le Crépuscule des magiciens, les auteurs du Matin des magiciens poursuivent leur mouvement, qu'ils qualifient de « réalisme fantastique », avec, comme principal organe, la revue Planète.

Le Matin des magiciens, phénomène sociologique non négligeable, a remis à la mode l'imaginaire, l'irrationnel et l'étrange, qui avaient été, à partir des années 1920, en partie revalorisés par les premiers surréalistes, mais dans une optique sensiblement différente.

Ce mouvement a été largement exploité par le journaliste suisse Erich von Däniken qui en 1968, développe la théorie des anciens astronautes.

Cette même année, Jacques Bergier apparaît sous le crayon d'Hergé dans Vol 714 pour Sydney, album où Tintin se trouve confronté à des traces d'une civilisation très ancienne apparemment d'origine extra-terrestre.

Le groupe Martin Circus s'en inspire, en 1969, dans sa chanson Le Matin des magiciens.