Le Ver du mal de dents 

1 Lorsque Anu eut créé le Ciel,
Que le Ciel eut créé la Terre,
Que la Terre eut créé les Rivieres,
Que les Rivieres eurent créé les Ruisseaux,

5 Que les Ruisseaux eurent créé la Fange
Et que la Fange eut créé le Ver,
Le Ver s’en vint pleurer devant Samash,
Et ses larmes coulaient devant Ea ;
« Que me donneras-tu à manger ?

10 Que me donneras-fu à sucer ?
- Je te donnerai la Figue mûre,
Ou le fruit de l’Abricotier ï
— Et que m’importe, à moi, la Figue mûre,
Ou le fruit de l’Abricotier ?

15 Place-moi plutôt, et m'installe
Entre la Dent et la Gencive,
Pour que je suce le sang de la Dent
Et que je ronge, peu à peu,
La Gencive!»

20 (Rubrique) : Enfoncer alors une aiguille et coincer
l’extrémité du Ver en disant :
« Puisque ainsi tu as parlé, ô Ver,
Qu’Éa te frappe
De toute sa force!»

— Pour être sûr, alors, que, le «Ver» détruit, le mal
de dents ne reviendrait pas, on confectionnait un
emplâtre, à quoi l’on conférait de l’efficacité en récitant
sur lui, par trois fois, avant de l’appliquer sur la
mâchoire malade, l’historiette ci-dessus. —

(Source: Lorsque les dieux faisaient l'homme: Mythologie mésopotamienne ; p: 485)