Sources - Mégalithe
♦Livre♦
Chercheur : Simon Delvaux
L’enseignement de la documentation iconographique de l’Ancien et du Moyen Empire quant à l’utilisation du traîneau (2018)
Les cordages utilisés pour le halage devaient être assez résistants pour supporter la masse du traîneau et de la charge. Plusieurs scènes nous montrent un homme en train de tester la solidité de la corde en tirant dessus. Les cordes étaient confectionnées à partir de fibres végétales provenant par exemple du palmier-doum, de l’alfa, des papyrus ou du lin6 et nécessitaient du coup d’être utilisées avec soin. Ainsi, dans plusieurs scènes, l’homme chargé de verser l’eau devant le traîneau écarte la corde pour ne pas la mouiller. Les cordes de halage peuvent être attachées aux traîneaux de différentes manières.
Les différents types d’attaches sont donc :
A : Les cordes sont nouées à l’avant des patins.
B : Les cordes passent dans des trous pratiqués à l’avant des patins.
C : Les cordes sont attachées à un ou plusieurs anneaux.
D : Les cordes sont attachées à l’une des traverses
À ces quatre différentes formes d’attaches s’ajoute une cinquième, que l’on pourrait qualifier de
‘mixte’, la corde de halage servant également à maintenir la cargaison en place.
Fixation de la cargaison
S’il existe des objets possédant un traîneau intégré, comme par exemple certains coffres setchat,7 la plupart des cargaisons devaient être fixées aux traîneaux lors du transport. Des différentes scènes
connues, trois grandes techniques de fixation ont été observées. Dans la première technique de fixation, des anneaux, fixés au traîneau, servent à l’accrochage de cordes. Ce système est visible dans une version assez simple chez Akhethotep (scènes 1 et 2) où la chapelle portative transportée possède elle aussi des anneaux auxquels des cordelettes sont reliées.
Chez Djéhoutyhotep (scène 51), s’ajoute aux anneaux de fixation un système de cordage complexe, mis sous tension grâce à la technique dite ‘du tourniquet espagnol’. Cette méthode, qui permet de tendre fortement une corde, requiert l’utilisation de grandes pièces de bois qui, en plus de faciliter l’enroulage de la corde, permettent une meilleure fixation. Des pièces de cuir ou de fibres végétales tressées protègent la corde de l’usure.8 A. Joosse, qui a reproduit la sculpture à une échelle moindre pour étudier le système de cordage, a constaté plusieurs incohérences dans la représentation,
notamment la corde verticale qui, si on la place au même endroit, glisse lorsqu’elle est mise sous tension.9
La seconde technique consiste à faire passer les cordages non plus dans des anneaux, mais directement dans des trous pratiqués à même les patins. Cette technique est visible dans la scène de halage d’un hippopotame provenant du temple funéraire de Pépy II (scène 49 et fig. 3), où les sangles maintenant les antérieurs et le corps de l’animal passent dans des trous pratiqués dans les
patins. Remarquons toutefois que les liens qui maintiennent la gueule de l’animal sont accrochés aux patins grâce à des anneaux.
Enfin, Enfin, il existe une troisième technique de fixation que l’on pourrait qualifier de ‘mixte’, les cordes servant au halage du traîneau étant les mêmes que celles servant à la fixation de la charge.
Cette technique s’entrevoit dans plusieurs scènes de halage de jarres figurées dans les mastabas de Nebkaouhor (scène 9), de Gemnikai (scènes 37 et 38), de Mérérouka (scène 39), de Mérytéti (scènes 40 à 45) et enfin dans celui de Nikaouisési (scènes 46 à 48). En combinant les différentes informations présentes dans ces scènes il est possible de modéliser en trois dimensions ce système d’attache.
Si de nombreuses autres possibilités de restitutions existent (avec plus ou moins d’anneaux, un cadre en bois différent, etc.), cette modélisation permet de résumer la technique employée : deux
cordes (en rouge et en jaune) partent de l’arrière du traîneau puis font le tour d’un cadre en bois avant de se rejoindre à l’avant du traîneau où elles serviront au halage. En procédant ainsi, les
cordes se tendent lors du transport et protègent de manière efficace les jarres en les maintenant en place. Un système similaire, cette fois-ci employé pour le transport des statues, a été étudié par Mark Lehner et Peter Lacovara.10