By Anarkia333 |
2016
4:00:00
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Moderne, érudit, passionné, plein d’humour, volontiers déjanté, iconoclaste et de mauvaise foi, le célèbre critique d'art britannique Waldemar Januszczak décrypte en quatre émissions l’art de la Renaissance,  des peintres flamands aux grands maîtres italiens.

Quatre films de la BBC de 60 minutes. Diffusés en septembre 2017 sur la chaîne française Histoire.

Détails - Vidéo

E01_Dieux, mythes et peintures à l’huile
E02_Des pénitents, du macabre et des madones
E03_Soie, sexe et scandales
E04_Enfer, serpents et géants

 

---E01_Dieux, mythes et peintures à l’huile
Aux yeux des amateurs éclairés, la Renaissance se décline souvent en une sainte trinité : Botticelli, Léonard de Vinci, Michel-Ange. Quand bien même associerait-on à l'aréopage les noms d'Uccello, de Mantegna, de Donatello et de Raphaël, l'énumération ne saurait satisfaire le plus iconoclaste des critiques contemporains. Lancé dans un éloge des représentants septentrionaux du courant, Waldemar Januszczak réhabilite quelques artistes nordiques, par trop méprisés à son goût. Battant en brèche l'allégation selon laquelle ce mouvement rénovateur des arts et des lettres, né au XVe siècle en Italie, doit toute sa renommée aux talents florentins du Quattrocento, le Britannique met le cap vers les brumes flamandes.

Déambulant de Bruges à Gand, et poussant jusqu'à Vienne et Stockholm, le chroniqueur du Sunday Times glorifie l'acuité du regard de Jan Van Eyck, de Quentin Metsys et de Hans Memling. Chez l'Anversois Metsys, il loue la délicate gravité des modèles, et chez les Brugeois Van Eyck et Memling, la profusion de détails. Expertisant les nus de Cranach et les somptueuses aquarelles animalières de Dürer, l'esthète de la BBC nous engage à réviser nos préjugés quant au maniérisme et à la modestie présumés de ces œuvres. Assénée avec une pointe de mauvaise foi et un zeste d'humour narquois, la leçon instruit. Et l'on goûte toujours avec plaisir les anachronismes audacieux de l'histrion, seul capable de comparer le profil rébarbatif d'un personnage peint par Van Eyck — le chancelier Rolin en l'occurrence — à celui de Vladimir Poutine ! — Hélène Rochette (Télérama)

---E02_Des pénitents, du macabre et des madones
Les ors de la Renaissance scintillent dans la pâleur éthérée des vierges de Fra Angelico et dans la dévotion exubérante des fresques de Michel-Ange. Du début du XVe siècle aux premières décennies du XVIe siècle, les églises de Toscane et d'Ombrie, les murs des couvents d'Emilie-Romagne et de Vénétie s'ornent de visages contemplatifs de madones, de pietà et de saints rédempteurs. Attaché à dévoiler le versant le plus ténébreux de l'art de la Renaissance, Waldemar Januszczak dénombre les multiples résistances de la foi, immortalisées par les peintres sous la forme de prophéties et d'allégories bibliques.
Soupesant la piété candide de Fra Angelico, la religiosité intériorisée de Piero della Francesca et la ferveur mystique de Michel-Ange, le critique anglais débusque chez ces grands zélateurs de l'adoration et du péché bien plus qu'un naturalisme hérité de l'Antiquité. De Florence à Sienne, d'Arezzo à Rome, ses flâneries s'accompagnent d'une solide appréhension du contexte spirituel. Ravivant les sermons virulents du dominicain Savonarole, excommunié puis brûlé en 1498, le présentateur de la BBC relie les craintes des artistes à l'atmosphère de superstition et de terreur qui asphyxie alors la péninsule. Il montre que, loin des marbres immaculés de Carrare, pinceaux et burins italiens ont façonné une imagerie crépusculaire, tumultueuse et exaltée. Perles méconnues au cœur de ce concert de tourments, les peintures sombres de Cosmè Tura et les terres cuites saisissantes de Niccolò dell'Arca font frissonner d'effroi. — Hélène Rochette (Télérama)

---E03_Soie, sexe et scandales
Tout de volupté et de moirures, l'art vénitien méritait un chapitre dans cette anthologie des chefs-d'œuvre de la Renaissance. Dans ce troisième opus, Waldemar Januszczak expertise la clarté opaline fichée sur les murs de la Sérénissime. Le critique anglais décèle dans l'étincelante robe vermillon d'une Vierge de Titien la marque d'un savoir-faire local. Nœud commercial où se croisent marchands ottomans, grecs et grossistes toscans, Venise a importé du monde entier minéraux et pigments. Nul doute que sans le cinabre de Chine ou le lapis-lazuli afghan, les taffetas de Véronèse et les voiles ceignant les nudités de Giorgione ne darderaient pas de tels feux.
Prompt à associer cette délicatesse à la conscience vénitienne de sa vulnérabilité, l'esthète insatiable encense les transparences surgies des pinceaux de Carpaccio, de Gentile Bellini ou du Tintoret. A l'instar des verreries translucides de Murano, ces œuvres expriment la fugacité, dans une contrée disséminée entre mer, lagune et ciel. Mais c'est dans la figure de Vénus assoupie, inventée par Giorgione et popularisée par Titien, que le journaliste entrevoit le plus séduisant emblème de Venise. Dans cette cité ondoyante, où tradition byzantine, splendeurs orientales et Occident se télescopent, des coloristes hardis représentent, à l'aube du xvie siècle, une beauté languissante et offerte. Libérées des carcans des vestales antiques, ces nouvelles Eve aux yeux mi-clos imposent un érotisme serein que viendront ranimer les pinceaux de Courbet, Manet et Modigliani. — Hélène Rochette (Télérama)

---E04_Enfer, serpents et géants
Ere de progrès et de redécouverte des canons antiques, la Renaissance a escamoté sous son raffinement ses angoisses et ses tourments. Pour son ultime évocation de l'art renaissant, Waldemar Januszczak suggère d'oublier que ce courant a souvent été considéré comme une exaltation de la raison et du savoir. Décelant dans les dessins des « Déluges » de Léonard de Vinci un pessimisme sourd, ourlé d'un « exquis désespoir », le critique anglais s'amuse des parentés reliant le génie florentin aux fantasmagories de Jérôme Bosch.
Déambulant dans les allées du musée du Prado, où il biche devant Le Jardin des délices et son catalogue exubérant de polissonneries et de châtiments, l'esthète perçoit dans cette atmosphère de culpabilité moite une mélancolie dubitative. Son œil avisé décortique aussi les protubérances légumières ou végétales d'Arcimboldo et les torsions sinueuses des personnages hâves du Greco : autant de bizarreries, savourées comme de suprêmes joyaux de la Renaissance tardive. Bardé de son érudition enjouée, Januszczak vulgarise les œuvres d'une époque qui a engendré à la fois les Vénus botticelliennes, les créatures licencieuses de Bosch, les sylphides équivoques de Cranach et les outrances chamarrées de Pontormo. — Hélène Rochette (Télérama)