By Anarkia333 |
2016
01:26:00

Au lendemain de la Première Guerre mondiale, dans toute l'Europe, des pédagogues s'interrogent. Comment une telle catastrophe a-t-elle pu survenir ? Pour certains d'entre eux, l'école est responsable, qui a transformé les élèves en braves petits soldats. Il est donc urgent de la changer afin de former une génération d'enfants qui, espèrent-ils, ne prendront plus jamais les armes. En France, en Italie, au Royaume-Uni ou en Belgique, des pionniers se mettent à expérimenter de nouvelles méthodes d'éducation. Le Suisse Adolphe Ferrière va les réunir au sein d'un mouvement, la Ligue internationale pour l'éducation nouvelle, calquée sur la Société des nations. Marginaux, ils seront rattrapés par la montée des régimes totalitaires.

Rendre l'enfant heureux, c'est faire de lui un adulte meilleur, estiment ceux qui se lancent dans l'aventure. Ils se nomment Rudolf Steiner, Maria Montessori, Célestin Freinet, Alexander S. Neill, Ovide Decroly, Paul Geheeb ou Janusz Korczak, chacun d'eux inventant des nouvelles méthodes d'éducation.

Admirablement construit, ce film riche et passionnant se nourrit d'images d'archives souvent surprenantes. Et révèle avec beaucoup de sensibilité une histoire méconnue, dont les héros sont ces pédagogues qui, à contre-courant des dogmes de leur époque, inventent une éducation mixte et libre où l'épanouissement de l'enfant prime la discipline. Les récits intimes de ces maîtres aux jugements parfois extrêmes (tel le Britannique Alexander Neill pour qui l'école traditionnelle n'apprend qu'à « tricher, dissimuler et mentir ») dessinent aussi l'histoire d'un tragique échec. Celui d'un rêve de progrès humain, détruit par la barbarie : en 1939, il ne reste rien, ou presque, des espoirs de ces éducateurs révolutionnaires. Il faudra attendre les réformes d'après guerre pour voir renaître certaines de leurs idées — même si les plus radicales, aujourd'hui encore, restent déconsidérées par le système scolaire. — Pierre Ancery