♦Textes Antiques♦
Corpus Hermeticum - Livre I: POIMANDRES
I. POIMANDRES
[11] La pensée créatrice, unie à la raison, enveloppant les cercles et leur imprimant une rotation rapide, ramena ses créations sur elle-même et les fit tourner de leur principe à leur fin comme entre deux limites inaccessibles, car là où tout finit, tout commence éternellement. Cette circulation, par la volonté de l'Intelligence, fit sortir des éléments inférieurs les animaux sans parole, à qui la raison n'apas été donnée. L'air porta ceux qui volent, l'eau ceux qui nagent. La terre et l'eau furent séparées l'une de l'autre selon la volonté de l'Intelligence (motrice), et la terre fit sortir de son sein les animaux qu'elle contenait, quadrupèdes, reptiles, bêtes féroces et domestiques.
II : DISCOURS UNIVERSEL D'HERMÈS A ASCLÈPIOS
HERMÈS.
Ne dis pas cela, Asclèpios. Il n'y a pas de vide dans l'univers. Le non être seul est vide et étranger à l'existence. Mais l'être ne pourrait pas être s'il n'était plein d'existence. Ce qui est ne peut jamais être vide.
V. LE DIEU INVISIBLE EST TRÈS APPARENT
Le soleil est le plus grand des Dieux du ciel, tous les Dieux célestes le reconnaissent comme leur roi et leur chef; et cet astre, plus grand que la terre et la mer, laisse rouler au-dessus de lui des astres bien plus petits que lui.
VIII. RIEN NE SE PERD ET C'EST PAR ERREUR QUE LES CHANGEMENTS SONT APPELÉS MORT ET DESTRUCTION
De toute la matière qu'il avait sous sa puissance, le père fît le corps de l'univers, lui donna une forme sphérique, en fixa les attributs et le rendit immortel et éternellement matériel.
XII. DE L'INTELLIGENCE COMMUNE
La terre même ne te paraît pas immobile, mon père?
HERMÈS.
Non, mon fils, il y a en elle beaucoup de mouvements en même temps qu'elle est stable. Ne serait-il pas absurde de la supposer immobile, elle, la nourrice universelle, qui fait tout naître et tout grandir? Il ne peut y avoir de production sans mouvement. C'est une question ridicule de demander si la quatrième partie du monde est inerte, car un corps immobile ne signifie rien autre chose que l'inertie. Sache donc, mon fils, que tout ce qui est dans le monde, sans exception, est le siège d'un mouvement, soit d'augmentation, soit de diminution. Or, tout ce qui se meut est vivant, et la vie universelle est une transformation nécessaire.
De qui les vivants reçoivent-ils la vie et les immortels l’immortalité? Qui produit les transformations? Que ce soit matière, corps ou essence, sache que ce sont là des énergies de Dieu, énergie matérielle dans la matière, énergie corporelle dans les corps, énergie essentielle dans l'essence. Tout cet ensemble est Dieu, et dans l'univers il n'est rien qui ne soit Dieu. Ainsi il n'y a ni grandeur, ni lien, ni qualité, ni forme, ni temps au-delà de Dieu, car il est tout, il pénètre tout, il enveloppe tout.
Corpus Hermeticum - Livre II: ASCLÈPIOS
VII
Quant à l'esprit, il fait mouvoir ou gouverne tous les êtres particuliers qui sont dans le monde, selon la nature que Dieu leur a assignée. La matière, Hylè, ou le monde, est le réceptacle, le mouvement, la répétition de toutes les choses que Dieu gouverne, dispensant à chacune d'elles ce qui lui est nécessaire, les remplissant d'esprit selon leurs qualités. La forme du monde est celle d'une sphère creuse, ayant en elle-même la cause de sa qualité ou de sa forme entièrement invisible ; si, choisissant un point quelconque de sa surface, on voulait en regarder le fond, on ne pourrait rien voir.