Sources - Textes Antiques
♦Textes Antiques♦
Corpus Hermeticum - Livre III: LA VIERGE DU MONDE
I
Cette prière des âmes fut exaucée, mon fils Hôros; car le monarque était présent, et, s'asseyant sur le trône de la vérité, voici ce qu'il leur-dit : « Ο âmes, vous serez gouvernées par le Désir et la Nécessité; ce seront après moi vos maîtres et vos guides. Ames soumises à mon sceptre qui ne vieillit pas, sachez que tant que vous serez sans souillure, vous habiterez les régions du ciel. S'il en est parmi vous qui méritent quelque reproche, elles habiteront le séjour qui leur est destiné dans des organes mortels. Si vos fautes sont légères, délivrées du lien des chairs, vous retournerez au ciel. Si vous vous rendez coupables de quelques crimes plus graves, si vous vous détournez de la fin pour laquelle vous avez été formées, vous n'habiterez ni le ciel, ni des corps humains, mais vous voyagerez désormais dans des animaux sans raison. »
Corpus Hermeticum - Livre I: POIMANDRES
II : DISCOURS UNIVERSEL D'HERMÈS A ASCLÈPIOS
C'est pourquoi la plus haute fonction de la vie et la plus sacrée est la génération, et le plus grand malheur et la plus grande impiété est de quitter la vie humaine sans avoir d'enfant. Ceux qui manquent à ce devoir sont punis par les démons après la mort. Voici quelle est leur punition : leur âme est condamnée à entrer dans un corps qui n'est ni homme ni femme, condition maudite sous le soleil. Ainsi, ô Asclèpios, n'envie pas le sort de celui qui n'a pas d'enfant, mais plains son malheur en songeant à l'expiation qui l'attend.
X. LA CLÉ
Que signifie partielle?
HERMÈS.
N'as-tu pas appris, dans les généralités, que de l'âme unique de l'univers sortent toutes les âmes qui se répandent et sont distribuées dans toutes les parties du monde? Ces âmes traversent de nombreux changements, soit heureux, soit contraires. Les âmes rampantes passent dans les êtres aquatiques, celles des animaux aquatiques dans ceux qui habitent la terre, celles des animaux terrestres dans les volatiles, les âmes aériennes dans les hommes; les âmes humaines parviennent & l'immortalité en devenant des démons. Ensuite elles entrent dans le chœur des Dieux immobiles; car il y a deux chœurs de Dieux, les uns errants, les autres fixes; celui-ci est le dernier degré de l'initiation glorieuse de l'âme. Mais quand l'âme, après être entrée dans un corps humain, reste mauvaise, elle ne goûte pas l'immortalité et ne participe pas au bien. Elle retourne en arrière et redescend vers les reptiles. Telle est la punition de l'âme mauvaise, et le mal de l'âme c'est l'ignorance. L'âme aveuglée, ne connaissant rien des êtres, ni leur nature, ni le bien, est enveloppée dans les passions corporelles. La malheureuse, se méconnaissant elle-même, est asservie à des corps étrangers et abjects ; elle porte le fardeau du corps; au lieu de commander, elle obéit. Voilà le mal de l'âme. Au contraire, la vertu de l'âme, c'est la Gnose; car celui qui connaît est bon, pieux et déjà divin.
Comment donc est-elle punie, mon père?
HERMÈS.
Y a-t-il un plus grand châtiment que l'impiété, mon fils? Y a-t-il une flamme plus dévorante? Quelle morsure peut déchirer le corps autant que l'impiété déchire l'âme? Ne vois-tu pas ce que souffre l'âme impie, criant et hurlant : « Je brûle, je cuis! que dire, que faire, malheureuse, au milieu des maux qui me dévorent? infortunée, je ne vois rien, je n'entends rien! » Voilà les cris de l'âme châtiée ; mais elle n'entre pas dans le corps des bêtes, comme on le croit généralement et comme tu le crois peut-être toi-même, mon fils; c'est là une grave erreur. Le châtiment de l'âme est tout autre. Quand l’intelligence est devenue démon, et que, d'après les ordres de Dieu, elle a pris un corps de feu, elle entre dans l'âme impie et la flagelle du fouet de ses péchés. L'âme impie se précipite alors dans les meurtres, les injures, les blasphèmes, les violences de toutes sortes et toutes les méchancetés humaines. Mais en entrant dans l'âme pieuse, l'intelligence la conduit à la lumière de la Gnose. Une telle âme n'est jamais rassasiée d'hymnes et de bénédictions pour tous les hommes; toutes ses actions, toutes ses paroles sont des bienfaits; elle est l'image de son père. Il faut donc rendre grâces à Dieu, mon fils, et lui demander une bonne intelligence.
Corpus Hermeticum - Livre II: ASCLÈPIOS
VI
La nature de l'homme étant complexe, cette part de lui qui se compose d'âme, de sentiment, d'esprit et de raison, est divine, et des éléments supé-sieurs semble pouvoir monter au ciel ; tandis que la partie cosmique, mondaine, formée de feu, d'eau, de terre et d'air, est mortelle et reste sur la terre, afin que ce qui est emprunté au monde lui soit restitué. C'est ainsi que l'humanité se compose d'une partie divine et d'une partie mortelle, le corps.
ASCLÈPIOS.
Ce que tu dis est juste et vrai, ô Trismégiste. Tel est le prix de la piété envers Dieu, des soins donnés à l'entretien du monde. Mais le retour au ciel est refusé à ceux qui ont vécu dans l'impiété; une peine leur est imposée à laquelle échappent les âmes saintes : la migration dans d'autres corps. La suite de ce discours nous amène, ô Trismégiste, à l'espérance d'une éternité future de l'âme, conséquence de sa vie dans le monde. Mais cet avenir est difficile à croire pour les uns, pour les autres c'est une fable, pour d'autres peut-être un sujet de moqueries. Car c'est une douce chose que de jouir de ce qu'on possède dans la vie corporelle. Voilà le mal qui, comme on dit, tourne la tête à l'âme, l'attache à sa partie mortelle, l'empêche de connaître sa partie divine et lui envie l'immortalité.