♦Textes Antiques♦
Corpus Hermeticum - Livre II: ASCLÈPIOS
FRAGMENTS DES LIVRES D’HERMES A SON FILS TAT
VIII
Quelle est la raison de ceci, ô Trismégiste?
HERMÈS.
La voici, Asclèpios : Dieu, le père, le seigneur universel, ou quel que soit le nom encore plus saint et plus religieux qu'on pourra lui donner, et qui, à cause de notre intelligence, doit être sacré entre nous; mais en considérant sa divinité, nous ne pouvons le définir par aucun de ces noms. Car cette voix est un son provenant de la percussion de l'air et déclarant toute volonté de l'homme, ou la perception que son esprit a reçu par les sens. Ce nom, composé d'un nombre déterminé de syllabes pour servir de lien entre la voix et l'oreille, et de plus la sensation, le souffle, l'air, tout ce qui y est contenu, tout ce qui s'y rattache, voilà tout ce qu'exprime le nom de Dieu, et je ne crois pas qu'un nom, quelque complexe qu'il soit, puisse désigner le principe de toute majesté, le père et le maître de toutes choses. Mais il est nécessaire de lui donner un seul nom, ou plutôt tous les noms, puisqu'il est un et tout; il faut, ou dire que toutes choses sont son nom, ou le nommer des noms de toutes choses. Lui donc qui est seul et tout, possédant la pleine et entière fécondité des deux sexes, toujours fécondé par sa propre volonté, enfante tout ce qu'il a voulu procréer. Sa volonté est la bonté universelle, la même bonté qui existe en toutes choses. La nature est née de sa divinité, afin que toutes choses soient comme elles sont, comme elles ont été, et que la nature suffise à faire naître d'elle tout ce qui naîtra dans l'avenir. Voilà, ô Asclèpios, pourquoi et comment toutes choses ont les deux sexes.
Corpus Hermeticum - Livre IV
FRAGMENTS DES LIVRES D’HERMES A SON FILS TAT
X
Comprendre Dieu est difficile, en parler impossible; car le corps ne peut exprimer l'incorporel, l'imparfait ne peut embrasser le parfait. Comment associer l'éternel à ce qui dure peu de temps? L'un demeure toujours, l'autre passe; l'un est la vérité, l'autre est une ombre imaginaire. Autant la faiblesse diffère de la force, la petitesse de la grandeur, autant le mortel diffère du divin. La distance qui les sépare obscurcit la vision du beau. Les corps sont visibles aux yeux, et ce que l'œil voit la langue peut l'exprimer ; mais ce qui n'a ni corps, ni apparence, ni forme, ni matière ne peut être saisi par nos sens. Je comprends, ô Tat, je comprends ce qui ne peut s'exprimer, voilà Dieu.
(Stobée, Florilegium, LXXVIII.)