♦Textes Antiques♦
Corpus Hermeticum - Livre III: LA VIERGE DU MONDE
I
Les âmes allaient être emprisonnées dans les corps: les unes gémissaient et se lamentaient : ainsi, quand des animaux sauvages et libres sont enchaînés, au moment de subir la dure servitude et de quitter les chères habitudes du désert, ils combattent et se révoltent, refusent de suivre ceux qui les ont domptés, et, si l'occasion s'en présente, les mettent à mort. La plupart sifflaient comme des serpents; telle autre jetait des cris aigus et des paroles de douleur, et regardant au hasard en haut et en bas : « Grand ciel, disait-elle, principe de notre naissance, éther, air pur, mains et souffle sacré du Dieu souverain; et vous, astres éclatants, regards des Dieux, infatigable lumière du soleil et de la lune, notre première famille, quel déchirement et quelle douleur! Quitter ces grandes lumières, cette sphère sacrée, toutes les magnificences du pôle et la bienheureuse république des Dieux, pour être précipitées dans ces viles et misérables demeures! Quel crime avons-nous donc commis, ô malheureuses! Comment avons-nous mérité, pauvres pécheresses, les peines qui nous attendent? Voilà le triste avenir qui nous est réservé, pourvoir aux besoins d'un corps humide et dissoluble. Nos yeux ne distingueront plus les âmes divines. A peine, à travers ces cercles humides, apercevrons-nous en gémissant le ciel, notre ancêtre; par intervalles même nous cesserons de le voir. [C'est la lumière qui fait voir; les yeux par eux-mêmes ne voient rien, dit Orphée].[7] Par notre funeste condamnation, la vision directe nous est refusée; car nous ne pouvons voir qu'à l'aide de la lumière; ce sont des fenêtres que nous avons, et non des yeux. Ce sera aussi une peine pour nous d'entendre dans l'air le souffle fraternel des vents sans pouvoir y mêler le notre, qui aura pour demeure, au lieu de ce monde sublime, l'étroite prison de la poitrine. Mais toi, qui nous chasses et nous fais descendre si bas de si haut, mets un terme à nos peines, seigneur et père, devenu si vite indifférent à tes œuvres; fixe-nous une limite, daigne nous adresser quelques dernières paroles, pendant que nous pouvons encore voir l'ensemble du monde lumineux. »
Corpus Hermeticum - Livre IV
FRAGMENTS DES LIVRES D'HERMÈS A AMMON
IV
Le germe contenu dans l'utérus est mis au jour par les nombres et produit au dehors; l'âme s'y loge, non à cause d'une analogie de nature, mais par une loi fatale; elle ne désire pas être unie au corps : c'est donc pour obéir à la destinée qu'elle fournit à l'être qui naît le mouvement intellectuel et l'essence idéale de sa vie ; car en s'introduisant avec l'esprit, elle produit le mouvement vital.
(Stobée, Ecl. phys., XLIII, 4. — Patrizzi réunit ce fragment au précédent.)
FRAGMENTS DES LIVRES D'HERMÈS A AMMON