Les versions intermédiaires
Plusieurs fragments de l’Épopée de Gilgamesh sont connus pour la période médio-babylonienne (v. 1500-1200 av. J.-C.). Un fragment isolé datant du tout début de cette période, provenant sans doute du Pays de la Mer a été redécouvert récemment ; il relate la domestication d'Enkidu. Parmi les fragments de cette période plus anciennement connus, deux proviennent de sites du sud mésopotamien (Nippur et Ur) et sont d'époque kassite (v. 1300-1200 av. J.-C.), mais les autres proviennent de sites extérieurs à l'espace mésopotamien : Emar et Ugarit en Syrie, Megiddo en Palestine, et Hattusa (Boğazköy) en Anatolie, la capitale du royaume des Hittites. Cela renvoie au contexte culturel de cette période, durant laquelle l'akkadien est lingua franca dans les relations internationales sur un espace allant de l’Égypte et l'Anatolie jusqu'à l'Iran actuel, et est donc enseigné dans des écoles scribales de ces régions, enseignement qui s'accompagne de la diffusion de textes littéraires mésopotamiens. Le contexte hittite est particulier en cela que l’Épopée de Gilgamesh y est adapté en deux langues parlées en Anatolie à cette période, à savoir le hittite et le hourrite (le texte y est connu sous le titre de « Chant de Gilgamesh », suivant une terminologie reprise des mythes hourrites). Par ailleurs, un texte retrouvé en Assyrie datant du ixe siècle av. J.-C. dévie de la version standard, et constitue donc un autre témoignage de l'existence de versions intermédiaires entre celles d'époque paléo-babylonienne et la version standard. Sur la forme, les fragments les plus anciens de ce corpus hétéroclite sont plutôt proches de la première, notamment ceux de Boğazköy, tandis que les plus récents, ceux d'Emar, sont déjà proches de la seconde. Les passages qu'ils documentent sont la « domestication » d'Enkidu, l'expédition dans la forêt de cèdres, le trépas d'Enkidu déjà attestés à l'époque antérieure, et le combat contre le Taureau céleste et le rêve funeste d'Enkidu, dont il s'agit des plus anciennes attestations dans l’Épopée, sans qu'il soit possible de savoir s'il s'agit d'ajouts de cette période ou simplement qu'ils existaient auparavant mais n'ont pas (encore) été découverts dans des tablettes paléo-babyloniennes.
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