La version paléo-babylonienne
La version paléo-babylonienne (« babylonien ancien ») de l’Épopée de Gilgamesh est la plus ancienne version de l’œuvre connue, et manifestement la première. Rédigée en akkadien, elle est connue par plusieurs fragments datés de la période 1800-1600 av. J.-C., de provenances diverses, certains ayant une provenance bien identifiée (Nippur, Ishchali, Tell Harmal), d'autres non (fragments d'origine inconnue conservés notamment à Yale, Philadelphie, et dans la collection Schøyen en Norvège), et sont probablement pour la plupart issus d'un contexte scolaire. Certains se recoupent, mais aucun ne présente un contenu suffisamment long pour présenter toute l’œuvre ou ne serait-ce qu'une partie significative de celle-ci comme c'est le cas pour la version standard. Ils offrent cependant un aperçu de plusieurs passages similaires à cette dernière, ce qui a permis de les identifier assez rapidement comme des parties de la plus ancienne mouture présentant un récit « intégré » des aventures de Gilgamesh, même si les différences entre les passages similaires indiquent qu'il y a déjà plusieurs variantes en circulation. Dans ce cas, la question de savoir s'il faut y voir le travail d'un auteur unique reste sans réponse. Par ailleurs, il a été proposé qu'une version en akkadien de l'affrontement de Gilgamesh et Enkidu contre Huwawa/Humbaba pourrait avoir été rédigée entre les versions en sumérien et la première mouture de l’Épopée, mais il n'en existe pas de source directe.
Si cette œuvre relate au moins un des hauts faits du héros attesté dans des textes en sumérien, à savoir la mort de Huwawa/Humbaba, il ne s'agit pas d'une adaptation des récits en sumérien, mais bien d'une nouvelle œuvre à part entière, reposant sans doute en partie sur une tradition orale qui nous échappe complètement. Ce trait est partagé avec les autres œuvres épiques et mythologiques en akkadien couchées par écrit à cette période (Atrahasis, Adapa, Etana) qui font irruption dans la documentation sous la forme de récits cohérents sans antécédents connus.
Le contenu de la version paléo-babylonienne peut être reconstitué dans les grandes lignes à partir des fragments connus et de leur mise en relation avec la version standard, et il suit manifestement celui de cette dernière. Manquent à l'appel le combat contre le Taureau céleste, la malédiction de la courtisane par Enkidu, la vision des Enfers, et le récit du Déluge. Le début de l’œuvre, préservé dans un fragment de Philadelphie, indique que son incipit était « Celui qui surpasse les autres rois » (šutur eli šarrī), les premiers mots d'une œuvre ayant valeur de titre dans la Mésopotamie antique.
(Source: Wikipédia ; sous Licence CC BY-SA 3.0)