By Anarkia333 |
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Les églises rupestres de Lalibela sont onze églises monolithiques taillées dans la roche. Elles se trouvent dans la ville de Lalibela en Éthiopie.

La tradition dit qu'elles furent taillées au début du xiiie siècle sur l'ordre du roi Gebre Mesqel Lalibela qui voulait permettre aux chrétiens orthodoxes éthiopiens d'avoir sur leur terre leur propre Jérusalem, les pèlerinages vers la ville sainte étant de plus en plus difficiles à cause de l'expansion de l'islam. L’aménagement du site a été conçu pour que sa topographie corresponde à une représentation symbolique de la Terre sainte, d'où son appellation de « Jérusalem Éthiopienne ».

Cependant, des études du site montrent qu'il a été sans doute aménagé sur une période plus longue, plusieurs siècles, même si la chronologie reste à préciser.

Déroulement des travaux
Aucun document historique ne donne d'informations sur les architectes, les ouvriers ou la date de fondation précise des églises. Il est toutefois évident que d'énormes moyens ont dû être mis en œuvre pour réaliser ces travaux. En ce qui concerne l'église Bet Giyorgis 3 400 m3 de rocher furent enlevés dans la cour et environ 450 m3 à l'intérieur de l'église. Quant à l'église Bete Medhane Alem, 15 000 m3 furent enlevés de la cour et 10 000 m3 à l'intérieur. Après la chute de la dynastie des Zagwés, une chronique raconte qu'un architecte appelé Sidi-Masqal dirige les travaux en utilisant des ouvriers coptes ayant fui l'Égypte.

Diverses hypothèses sont émises sur le déroulement des travaux. La première phase aurait été, selon Walter Raunig, la phase d'excavation ou de dégrossissage qui permettait de dégager progressivement les différentes parties du bâtiment selon les dénivellations du terrain. Cette phase aurait été suivie par la phase des travaux précis : les pierres mais également les œuvres sont sculptées. Les ouvriers auraient peut-être débuté par les galeries à l'intérieur du bloc de l'église pour ensuite creuser en commençant par l'entrée pour parachever les surfaces.

Il est toutefois possible que l'on ait d'abord ébauché l'extérieur avant d'élaborer les détails sur les façades, enfin on aurait vidé l'intérieur à partir de l'entrée. Cette méthode étant plus complexe que la précédente, il est peu probable qu'elle ait été utilisée.

Cependant, un tailleur de pierre professionnel, Antoine Garric, démontre, en 2012, que les ouvriers de l'époque ne taillaient pas de gros blocs correspondant au volume de l'église qu'ils évidaient et taillaient ensuite. Au contraire, il façonnaient chaque détail au fur et à mesure de la descente. La décoration des piliers et des fenêtres a été réalisée avec des outils simples tels que des piques et des marteaux. Puisque la plupart des églises ont été taillées dans la roche, le niveau du sol du site et des environs correspond au sommet des églises qui a été construit en premier et constitue donc la partie la plus ancienne. La partie basse des églises a été construite plus récemment.

Certaines églises ont été remaniées après le règne du roi Lalibela. Comme le dit Peter Eeckhout : « Par la simple chute d'une goutte et de ses projections, certains piliers ont été totalement érodés à leur base. Les ouvriers ont donc abaissé le niveau de sol une première fois pour atteindre la roche saine qui n'a pas été altérée par l'eau. Mais l'érosion a à nouveau fait son œuvre. Après un effondrement, ils ont creusé une deuxième fois, puis une troisième fois, jusqu'à atteindre le niveau de sol actuel." évoqué dans l'émission "Enquêtes Archéologiques : Ethiopie, la légende de Lalibela ».

Répartition
Les églises, dont le nom est précédé du mot Biet (Bet, Bete ou Beta) qui signifie "maison", autrement dit "église de", sont divisées en trois groupes :

  1. les six églises du groupe nord-ouest : Bete Debre Sina, Bete Mikael, Bete Gologota-Selassié, Bete Maryam, Bete Meskel et Bete Medhane Alem.
  2. les quatre églises du groupe sud-est : Bete Gebriel-Rufael, Bete Merqorewos, Bete Abba Libanos et Bete Amanuel. Ce second groupe est situé à environ 300 m du premier.
  3. Bet Giyorgis est située seule au sud-ouest du premier groupe et à l'ouest par rapport au deuxième. Elle est reliée par un réseau de tunnels et de gorges taillés dans la roche sur près de 400 m aux églises du groupe sud-est.

Chacun des deux groupes constitue un ensemble organique enclos dans une sorte d'enceinte, à l'intérieur de laquelle on circule par un réseau de passages et de tunnels creusés dans le tuf.

Le site comprend également d'autres édifices moins importants ou difficiles à identifier ; des chapelles comme Bete Danaghel (ou Denaguel ou « Les Martyrs » ou "La maison des Vierges") une chapelle hypogée, Aouariat (Les Apôtres), Betlehem (ou Biet Lalibela) à l'emplacement incertain, ainsi que des constructions à caractères défensifs, tours, fossés, etc.

Le torrent qui sépare les deux groupes principaux s'appelle le Jourdain et une croix de pierre y marque l'endroit où Jean-Baptiste baptisa le Christ. Ainsi, ces lieux divers, rassemblés en un endroit unique, désignent bien Lalibela comme une « réplique » de la Ville sainte, Jérusalem, prise par Saladin en 1187.

Typologie
Cet extraordinaire ensemble d'édifices est taillé dans le tuf volcanique rougeâtre de trois collines. Les « églises » sont de deux types différents : monolithes ou hypogées :

  • Monolithes ou monolithiques : elles sont entièrement sculptées dans le roc et présentent toutes leurs façades à l'air libre (exemple : Bet Giyorgis). L'intérieur comporte nefs, travées, piliers, arcs, absides… tous taillés dans le roc.
  • Hypogées : elles sont creusées dans l'épaisseur de falaises et laissent apparaître seulement certains éléments comme l'entrée ou la façade (exemple : Bete Gologota-Selassié).

Elles sont toutes dressées au centre de puits de 7 m à 12 m de profondeur.

Un troisième type dit « église de caverne » existe aux environs de Lalibela, en particulier à Na'akuto La'ab. Dans ce genre d'édifice, la roche constitue le toit ou parfois seulement l'un des murs.

(Source: Wikipédia ; sous Licence CC BY-SA 3.0)