By Anarkia333 |
2015
0:54:00

La spoliation organisée et systématique des biens juifs par les nazis trouve, aujourd'hui, avec l'affaire Gurlitt, un écho retentissant dans la sphère médiatique. Et pour cause : ce marchand d'art Allemand a récupéré de son père qui travaillait pour les nazis, toute une collection de toiles de maître faisant parti des oeuvres pillées par les nazis.... On le voit, cette sombre affaire réveille un passé en eaux troubles, et met au jour un marché de l'art gangrené par des pratiques opaques, dénués de tout scrupule.... 

En France, sous l'occupation, c'est au Musée du Jeu de Paume que finissaient tous les objets volés aux juifs par les nazis. On y trouvait de tout : vêtements, mobilier ancien, vaisselle, sculptures, tableaux entreposés et répertoriés. On a évalué à plus de 600000 les objets d'art volés... Pour ce qui est des tableaux, une partie était destinée au Musée de Linz, voulu et rêvé par Hitler. Mais certains hauts dignitaires nazis ne se privaient pas pour se servir et enrichir leur collection personnelle. Hermann Göring exhibait un appétit gargantuesque.... D'un autre côté, les tableaux spoliés étaient vendus dans les galeries parisiennes et rachetés par des collectionneurs, voir des musées. D'où les énormes difficultés, une fois la guerre finie, rencontrées par les propriétaires des tableaux volés pour retrouver et récupérer leur bien. Ils butent généralement contre l'intransigeance des conservateurs de musées qui ne veulent rien lâcher.  Quoi qu'il en soit, certains tableaux attendent toujours leur propriétaire... 

Bonus : 

- La spoliation des oeuvres d'art et leur récupération après 1945 :  (France Inter  - Flac - 28mn)
- Les musées français tardent à restituer les biens juifs. (France Inter - Flac - 17 mn)
- L'art dégénéré. L'art vu par les nazis. (France Culture - Flac  - 4 x 55 mn environ)
- À la recherche de l'art perdu, extrait du Nouvel Obs : un dossier sur le  pillage des oeuvres d'art entrepris et organisé par les nazis et sur l'épineux problème des restitutions. (pdf - 14p) 
- Une histoire en photos
- Affaire Gurlitt

Kermite.

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Sur les cent mille oeuvres pillées en France par les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale, plusieurs milliers n'ont toujours pas été restituées à leur propriétaire. Pour aborder, de manière concrète, le dossier de la spoliation, les auteurs s'attachent au parcours de trois tableaux volés : un Matisse, Profil bleu devant la cheminée, que détenait Paul Rosenberg ; un Schiele, Soleil d'automne, propriété de Karl Grünwald ; et un Braque, L'Homme à la guitare, dérobé à Alphonse Kann. Ces oeuvres majeures ont littéralement disparu de la circulation, pour finalement resurgir des décennies après. Acheté par le Centre Pompidou en 1981, L'Homme à la guitare a fait l'objet d'un bras de fer juridique avec la famille Kann. Soleil d'automne, lui, est réapparu en 2005 dans un appartement de l'est de la France...Extrêmement vivant, très dense, le film s'appuie sur des témoignages (Anne Sinclair, petite-fille de Paul Rosenberg, des spécialistes européens de la période...), fait parler les archives à la manière dont on reconstitue un puzzle. A travers cette recherche de provenance, c'est toute une époque qu'exhument Olivier Lemaire et Rachel Kahn, décrivant l'organisation du système de spoliation nazi, le monde des collectionneurs parisiens sous l'Occupation...Le film illustre, surtout, les difficultés et chausse-trapes du processus de restitution : la réticence des musées à renvoyer les oeuvres dans la sphère privée, la fièvre mercantile des intermédiaires, les blocages institutionnels et politiques. Pédagogique et passionnant.
Source : Télérama — Hélène Marzolf